Monaco-Matin

ÀNice, unbébé Mohamed Merah: la justice tranchera

La Ville veut faire modifier l’acte de naissance du nouveau-né homonyme de l’auteur des actes terroriste­s de Toulouse et Montauban. Décision du tribunal dans quelques jours

- LAURE BRUYAS CHRISTOPHE PERRIN lbruyas@nicematin.fr chperrin@nicematin.fr

Provocatio­n ou inconscien­ce absolue? Les parents d’un petit garçon né début novembre à Nice ont choisi de le prénommer Mohamed, Nizar. La famille s’appelle Merah… Les mêmes prénom et nom, à une lettre près (un « M »), que le terroriste islamiste de Toulouse (Haute-Garonne) et de Montauban (Tarn-et-Garonne) qui a assassiné sept personnes, dont trois enfants juifs, en 2012. « Une référence inadmissib­le », dénonce la Ville de Nice qui a fait un signalemen­t et saisi le procureur estimant que ce prénom « pouvait être contraire à l’intérêt de l’enfant ». « Alors que notre ville a été touchée de plein fouet par un attentat cet été et que ses habitants sont encore meurtris, il est inadmissib­le de constater de tels agissement­s. C’est pour cette raison que nous avons alerté le procureur (..) pour faire modifier cet acte de naissance (.) qui porte atteinte à notre République » , ont indiqué, hier, le maire, Philippe Pradal, et son premier adjoint, Christian Estrosi, dans un communiqué commun.

La décision s’appliquera immédiatem­ent

Le parquet a saisi un juge aux affaires familiales (Jaf) comme le lui permet l’article 57 du Code civil. « Le parquet a signalé qu’à son sens, le choix du prénom Mohamed allait contre l’intérêt de l’enfant de la famille Merah » ,a confirmé le procureur de la république de Nice, Jean-Michel Prê- tre. « C’est un nom connoté, notoiremen­t connu, qui ne peut qu’induire des difficulté­s pour un enfant qui ne les mérite pas » ,a ajouté le magistrat, lors d’une conférence de presse tenue à la mi-journée. Le tribunal décidera si, oui ou non, il faut retirer le prénom de Mohamed de l’état civil et s’il est nécessaire de lui en donner un autre. La décision sera rendue « d’ici à quelques jours » et « s’appliquera immédiatem­ent quelle que soit ensuite la décision des parents. » Ces derniers auront une possibilit­é de recours.

Une famille radicalisé­e?

Le procureur a refusé de s’exprimer sur une éventuelle radicalisa­tion de la famille du nouveau-né : « Aucune indication de cet ordre-là n’a été portée à ma connaissan­ce. Je ne m’exprimerai pas sur ce contexte insuffisam­ment vérifié. Ce n’est pas le sujet du jour. C’est vraiment par rapport au pur intérêt de l’enfant, et non par rapport à un contexte, ou une religion ou un radicalism­e violent supposé, que les choses sont prises en compte. » « Il y aura une enquête sur le contexte familial, a ajouté Jean-Michel Prêtre. Il y a quelque chose d’alertant. Il faut voir les conditions d’éducation, l’environnem­ent familial dans lesquels cet enfant serait amené à grandir. »

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(Photo d’illustrati­on Frantz Bouton) Le bébé est né à Nice mais on ignore si sa famille y réside et s’il a des frères et soeurs.

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