ÀNice, unbébé Mohamed Merah: la justice tranchera
La Ville veut faire modifier l’acte de naissance du nouveau-né homonyme de l’auteur des actes terroristes de Toulouse et Montauban. Décision du tribunal dans quelques jours
Provocation ou inconscience absolue? Les parents d’un petit garçon né début novembre à Nice ont choisi de le prénommer Mohamed, Nizar. La famille s’appelle Merah… Les mêmes prénom et nom, à une lettre près (un « M »), que le terroriste islamiste de Toulouse (Haute-Garonne) et de Montauban (Tarn-et-Garonne) qui a assassiné sept personnes, dont trois enfants juifs, en 2012. « Une référence inadmissible », dénonce la Ville de Nice qui a fait un signalement et saisi le procureur estimant que ce prénom « pouvait être contraire à l’intérêt de l’enfant ». « Alors que notre ville a été touchée de plein fouet par un attentat cet été et que ses habitants sont encore meurtris, il est inadmissible de constater de tels agissements. C’est pour cette raison que nous avons alerté le procureur (..) pour faire modifier cet acte de naissance (.) qui porte atteinte à notre République » , ont indiqué, hier, le maire, Philippe Pradal, et son premier adjoint, Christian Estrosi, dans un communiqué commun.
La décision s’appliquera immédiatement
Le parquet a saisi un juge aux affaires familiales (Jaf) comme le lui permet l’article 57 du Code civil. « Le parquet a signalé qu’à son sens, le choix du prénom Mohamed allait contre l’intérêt de l’enfant de la famille Merah » ,a confirmé le procureur de la république de Nice, Jean-Michel Prê- tre. « C’est un nom connoté, notoirement connu, qui ne peut qu’induire des difficultés pour un enfant qui ne les mérite pas » ,a ajouté le magistrat, lors d’une conférence de presse tenue à la mi-journée. Le tribunal décidera si, oui ou non, il faut retirer le prénom de Mohamed de l’état civil et s’il est nécessaire de lui en donner un autre. La décision sera rendue « d’ici à quelques jours » et « s’appliquera immédiatement quelle que soit ensuite la décision des parents. » Ces derniers auront une possibilité de recours.
Une famille radicalisée?
Le procureur a refusé de s’exprimer sur une éventuelle radicalisation de la famille du nouveau-né : « Aucune indication de cet ordre-là n’a été portée à ma connaissance. Je ne m’exprimerai pas sur ce contexte insuffisamment vérifié. Ce n’est pas le sujet du jour. C’est vraiment par rapport au pur intérêt de l’enfant, et non par rapport à un contexte, ou une religion ou un radicalisme violent supposé, que les choses sont prises en compte. » « Il y aura une enquête sur le contexte familial, a ajouté Jean-Michel Prêtre. Il y a quelque chose d’alertant. Il faut voir les conditions d’éducation, l’environnement familial dans lesquels cet enfant serait amené à grandir. »