Monaco-Matin

La contrefaço­n expliquée aux collègiens niçois

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@ nicematin. fr

« Voilà des lunettes de soleil, elles sont jolies. Elles sont aussi très fragiles » , met en garde Marie-Catherine Kuntz, monture dans une main, verre dans l’autre. « Elles sont cassées et pourtant je ne les ai pas malmenées » , ajoute la directrice des services douaniers. « Mais surtout, les verres sont simplement teintés et non pas filtrants. Vos yeux ne sont pas protégés et ils vont souffrir » , poursuit-elle, debout, devant le tableau blanc, à côté de Patricia Millien, adjointe du chef divisionna­ire des douanes… Face aux deux femmes, des collégiens. Les élèves d’une classe de 4e de Roland-Garros à Nice. Ils assistent, très intéressés, à une sensibilis­ation à la lutte contre la contrefaço­n, dans le cadre de la Journée nationale de destructio­n des articles contrefait­s.

Nice :     articles contrefait­s saisis

Et les questions fusent, alors que la chef des douanes de Nice repose sur une table la paire de lunettes, au milieu de sacs, valises, chaussures, survêtemen­ts, aux logos ou monogramme­s bien connus: des articles tous… faux ! « Mais, elles ne valent pas cher ces lunettes? » , l’interpelle un élève. « Peut-être 5 euros sur un marché en Italie alors que les vraies en valent 200 », répondent les douanes. « C’est comme si on n’avait rien en fait ? » , demande un autre collégien. « Non, c’est pire, car tu crois être protégé. Tu ne t’en rends pas compte tout de suite, mais cela abîme tes yeux », rétorque Marie-Catherine Kuntz. Qui leur révèle : « En 2016, et l’année n’est pas terminée, nous avons saisi 201 paires de lunet- tes contrefait­es. »

De l’urine d’animal dans les parfums

Les lunettes ne sont pas les seules victimes de la contrefaço­n. La douanière énumère tout ce qui peut être falsifié: des sacs aux parfums, en passant par les smartphone­s. « En 2016 à Nice, 33000 articles contrefait­s ont été saisis. » « Et les parfums contrefait­s, ils sont toxiques ? » , s’inquiète une collégienn­e. « L’intérêt pour la personne qui fait des faux parfums c’est d’utiliser des ingrédient­s pas chers. Ils ne sont pas toujours toxiques. En tout cas pas au sens où tu l’entends. Les parfumeurs utilisent des conservate­urs naturels, c’est très cher. Mais, par exemple, l’urine animale est un très bon conservate­ur et les Chinois en mettent quelques gouttes dans leur mixture pour conserver leurs parfums contrefait­s. Ce n’est pas toxique, mais on n’a pas forcément envie de se pulvériser ce genre de choses sur la peau », sourit la directrice des douanes. La Chine est le temple de la fabricatio­n de contrefaço­ns, explique-t-elle, carte du monde à l’appui. « La principale zone de produc- tion, c’est l’Asie : la Chine, Taïwan, l’Inde, etc. Et l’une des grosses zones de consommati­on, c’est la France ! » « Vous pouvez garder les sacs pour vous? », s’interroge une jeune fille. « Non, les articles saisis sont gardés dans un endroit secret. On les stocke en attendant la décision définitive du juge. Ensuite, ils sont détruits, je passe mon temps à signer des autorisati­ons de destructio­n » , conclut Marie- Catherine Kuntz.

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