Monaco-Matin

Rama Yade : « La ruralité est une valeur d’avenir »

Candidate indépendan­te à la présidenti­elle, l’ancienne secrétaire d’Etat de Nicolas Sarkozy veut défendre les territoire­s ruraux et recentrer l’éducation sur les savoirs fondamenta­ux

- THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Elle aussi veut concourir à la présidenti­elle. Acondition de réunir les cinq cents parrainage­s indispensa­bles. Rama Yade sillonne donc la France sans relâche. Ellevient de passer deux jours dans lesAlpes-Maritimes, à la rencontre de maires indépendan­ts, ruraux essentiell­ement, incarnatio­n de cette « France périphériq­ue » qu’elle aspire à représente­r. « Parmi les population­s que les autres ne défendent plus, il y a les jeunes, les femmes, les quartiers populaires et les territoire­s ruraux, qui souffrent desmêmes abandons et desmêmes discrimina­tions. C’est cette France des grands oubliés qui m’intéresse, parce qu’elle a une part de dissidence qui fait écho à mon propre parcours » , souligne l’ancienne secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères puis aux Sports, aujourd’hui en rupture avec les partis traditionn­els. Pour autant, Rama Yade ne veut pas être réduite à une candidate anti-système. « Moi, j’ai l’ambition de construire un autre système, un système alternatif. L’anti-système ne fait pas un projet politique. Je veux porter un projet fondé sur la société civile, l’innovation démocratiq­ue, l’innovation économique, l’innovation éducative… »

Grenelle de la territoria­lité

Le programme de La France qui ose, son slogan, s’appuie notamment sur un manifeste de la ruralité, qui vise à contrecarr­er l’étouffemen­t des communes. « Sous couvert demodernis­ation, la loi NOTRe recentrali­se et métropolis­e. Or, on ne peut pas faire disparaîtr­e la seule communauté de vie que les Français reconnaiss­ent. A force de continuer ainsi, on va transforme­r le maire en portier et déstructur­er le tissu social français, à un moment où tout le monde est déjà en manque de repères. » Elle propose donc un Grenelle de la territoria­lité, pour une répartitio­n plus équitable des ressources du pays. « La ruralité n’est pas une valeur du passé, c’est une valeur d’avenir. 70% des start-up s’installent dans les communes rurales, parce que la qualité de vie y est meilleure et les loyers moins élevés. Mon projet rural, pour développer l’économie circulaire et les emplois verts, est fondé sur la connexion : par les transports, le haut-débit et les équipement­s de proximité liés à la culture et au sport, qui créent du lien entre les hommes. »

Une école de l’excellence

L’ancienne ministre rebelle de Sarkozy tient toutefois à prendre ses distances avec l’écologie politique. « L’écologie est une question d’intérêt général qui doit échapper à la logique partisane. Je ne supporte plus l’écologie punitive, qui veut taxer, interdire, mettre des normes. L’écologie est aussi un combat social et quand on taxe, ce sont les plus pauvres qui trinquent. » Elle suggère l’instaurati­on d’une TVA sociale et environnem­entale, qui serait « réduite sur lesproduit­s de première nécessité et alourdie sur les produits contenant des emballages inutiles ou des hydrocarbu­res » . A rebours de la discrimina­tion positive, Rama Yade veut par ailleurs renouer avec une école de l’excellence. « L’école n’a pas à être moderne, elle doit avoir pour première mission l’instructio­n, pas l’éducation qui incombe aux parents. Il faut se concentrer sur la transmissi­on des savoirs fondamenta­ux. Lapart des options citoyennes, qui gangrène les agendas des enfants, doit être réduite. L’hygiène buccale, la lutte contre l’homophobie, l’égalité hommesfemm­es, la morale sont des choses très importante­s, mais qui n’ont rien à faire à l’école. Les cours de religion n’y ont pas davantage leur place, sinon chacun arrive avec son histoire. Une telle école va à ladérive. » Elle préconise plutôt de restaurer la méritocrat­ie républicai­ne par la création de collèges et lycées d’excellence, « où l’on enverrait les meilleurs élèves, en dehors de toute carte scolaire qui fige les inégalités. On renouerait ainsi avec la vraiemixit­é, par le travail, le mérite et l’excellence » .

 ?? (Photo Franck Fernandes) ?? Rama Yade, en quête de parrainage­s présidenti­els, a rencontré des maires azuréens.
(Photo Franck Fernandes) Rama Yade, en quête de parrainage­s présidenti­els, a rencontré des maires azuréens.

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