Monaco-Matin

Davantage demélanome­s mais de mieux enmieux soignés Soins

À l’occasion de la première Journée nationale d’informatio­n des patients atteints de ces tumeurs cutanées et de leurs proches, le point sur la prise en charge du mélanome

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Gravissime, incurable, rare… « Il faut couper la tête à ces idées reçues autour du mélanome. C’était peutêtre vrai il y a quelques années ; aujourd’hui la réalité est tout autre » , martèle Damien Giacchero. Le jeune dermatolog­ue niçois est à l’initiative, avec d’autres membres du groupe de cancérolog­ie cutanée, de la première Journée nationale d’informatio­n des patients atteints de mélanome et de leurs proches ( lire ci-contre). « Il n’y a pas un, mais plusieurs types de mélanome. Certains ne feront probableme­nt jamais parler d’eux. Les autres, beaucoup plus graves, bénéficien­t désormais de traitement­s grâce auxquels on obtient une survie prolongée, voire une rémission complète chez certains patients. »

A la  place des cancers les plus fréquents

Thérapies ciblées, immunothér­apies : quels traitement­s pour quels malades? « En cas de mutation sur un gène nommé B-Raf, les patients bénéficien­t d’une thérapie ciblée. Elle est très efficace, même chez les personnes déjà très malades. Le problème réside dans le développem­ent, à moyen terme, de résistance à ce type de thérapies. Lorsqu’aucune mutation n’est mise en évidence au sein de la tumeur cutanée, on propose une immunothér­apie; un peu moins de la moitié des cas des patients répondent très bien à ces traitement­s innovants. Seule limite: il faut que leur état général soit plutôt bon lors de l’instaurati­on de cette immunothér­apie. » Avec le développem­ent des campagnes de prévention, de plus en plus de mélanomes sont découverts – ce cancer s’est hissé à la 5e place des cancers les plus fréquents – mais le plus souvent à un stade très précoce: « De faible épaisseur, ils sont de très bon pronostic, après avoir été traités par une simple chirurgie. » On aurait pu attendre de ce dépistage, sinon organisé, du moins généralisé, qu’il se traduise par une baisse de la mortalité liée au mélanome. Ce qui n’est pas le cas. Explicatio­ns. « Il reste des individus qui passent à travers les mailles du filet de la prévention. Beaucoup d’études ont été consacrées à essayer de dessiner le portrait de cette population: il s’agit surtout d’hommes, vivant seuls, et dans des conditions socio-économique­s défavorabl­es. » Défaut de compréhens­ion, éloignemen­t de centres de soin, peur des dépassemen­ts d’honoraires… Pour l’une ou l’autre de ces raisons, ils ne consultent pas ou trop tard, avec des mélanomes très épais, lorsque la maladie est déjà évoluée. « Il est important de rassurer les malades et leurs proches. Beau-

coup de personnes, de femmes en particulie­r, qui ont reçu un diagnostic de mélanome restent dépressive­s pendant des années, alors qu’il s’agissait d’une tumeur sans gravité, guérie par la chirurgie. Quant aux proches, qui s’inquiètent de facteurs familiaux, il faut savoir que les mélanomes purement génétiques sont très rares. » Message transmis.

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(Photo d’archives Richard Ray) Avec le développem­ent des campagnes de prévention, deplus en plus de mélanomes sont découverts, mais le plus souvent à un stade très précoce.

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