Procès Mandel : un « guet-apens » évoqué
A la veille de l’épilogue du procès de Marc Mandel qui a tué Pierre Torregrossa en 2011 à Roquebrune, les avocats des parties civiles n’ont pas ménagé l’accusé et son ex-épouse
Il y a d’un côté les Mandel, famille aisée de nationalitémonégasque, un brin condescendante. De l’autre les Torregrossa, fratrie de six enfants, piedsnoirs modestes et attachants. Le 7 octobre 2011, Marc Mandel, expert automobile, a tué d’une décharge de chevrotine Pierre Torregrossa, électricien, qui cherchait désespérément à récupérer son fils de 7 ans, Antoine ( 1), décisions judiciaires enmain. « C’est l’aboutissement le plus absurde qu’il puisse arriver dans une séparation », constate Me Odile Monaco, conseil d’Acte Pélican, l’administrateur d’Antoine. Cette avocate rompue aux divorces, résume ainsi la situation: « Une maman ( ndlr Sophie Mandel) a une idée fixe. Son ex-conjoint est dan- gereux, c’est unmauvais père parce qu’il n’est pas de son milieu. »
« Il a choisi le tir mortel »
Pour l’avocat qui porte la voix d’un orphelin âgé de 12 ans, « Sophie Mandel a une responsabilité ». Combien d’aller-retour Marseille-Monaco pour rien? Pierre Torregrossa, au moment du drame, n’avait pu, depuis plus de cinq mois, serrer son fils dans ses bras. Dans l’entourage des Mandel, « tous sont complices de non- présentation d’enfant », insiste-Me Monaco qui necroit pas que le soir du meurtre, « Marc Mandel se soit senti menacé ». « Il avait le choix de dialoguer, de respecter la loi, de dire stop à son épouse, de prendre le Flashball plutôt que le fusil. Il a choisi le tir mortel. » Lebâtonnier Jean-Louis Keita, qui soutient à bout de bras une famille aussi désespérée qu’admirable, va beaucoup plus loin dans l’analyse de cette affaire quitte à faire sursauter la défense de Marc-Mandel. « On peut légitimement penser que quelque chose a été fomenté, qu’il y a un guetapens. [...] La famille Torregrossa pense que Sophie Mandel devrait être aujourd’hui à côté de Marc Mandel pour répondre avec lui d’un assassinat. » Sur le banc des parties civiles, les proches de la victime font bloc. Les larmes coulent sur les visages à l’évocation de Thérèse, la mère de famille si discrète, tout de noir vêtue, qui revit, sans ciller, la mort de son fils. « Une reine! », insiste Me Keita « une reine qui a élevé six enfants dans la droi- ture la plus absolue. » Et quand son mari qui n’est pas un modèle de vertu, l’a abandonnée, c’est Pierre Torregrossa qui est devenu le chef de famille: « Sa première paye, c’est pour Thérèse . La première paire de baskets pour son petit frère, c’est encore lui. » C’est peu de direque la libération, après quatre mois de détention de Marc Mandel, a été vécue comme une insulte par les Torregrossa. Place aujourd’hui au réquisitoire de l’avocat général Karcenty et aux plaidoiries de la défense de Mes Scolari, Lauze et Soussi. L’accusation soutiendraque Marc Mandel avait l’intention de tuer. Ladéfense plaidera le contraire.