Monaco-Matin

La PME de la drogue arrosait l’ouest des A.-M

Depuis lundi, 22 personnes sont jugées par le tribunal correction­nel de Grasse pour un vaste trafic de stupéfiant­s qui touchait notamment Valbonne, Vallauris, Biot et Antibes

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Un « litron » signifiait en langage codé un kilo de résine de cannabis. La cocaïne était surnommée le « carrelage ». La « faïence » désignait la méthanphét­amine. Sous « salade » ou « verte » se cachait l’herbe de cannabis. « Les papiers » s’appliquaie­nt à l’argent, la « boucave » à une balance. Voilà le vocabulair­e fleuri qui revient depuis lundi dans le procès de 22 personnes, au tribunal correction­nel de Grasse présidé par Marc Joando. Tout ce petit monde avait été interpellé en mars 2015. 250 gendarmes, un hélicoptèr­e, des chiens spécialisé­s dans les « stups » avaient permis de placer sous les verrous un réseau structuré de trafic de stupéfiant­s. Il rayonnait à partir de Valbonne et notamment du quartier de Garbejaïre. Il alimentait Biot et Antibes. L’affaire avait été menée par la brigade de recherches de Cannes.

Peur à l’audience

Plane dans ce dossier un climat de peur. Elle transpire, depuis lundi à l’audience, des pores d’une majorité de prévenus. La  gendarmes avaient pris part aux interpella­tions en mars  dans le quartier de Garbejaïre à Valbonne.

faute aux armes? Des pistolets automatiqu­es ont été retrouvés dans les perquisiti­ons. Hier, témoignait d’ailleurs à la barre un prévenu, bras plâtré. Dans une troublante coïncidenc­e, ce trentenair­e, inconnu de la justice jusque-là, a été « rafalé » le 5 novembre dans un bar de Valbonne avec une arme de gros calibre. Une balle lui a explosé le bras à quelques jours du procès dans lequel il est mis en examen. Pris de nombreux trous de mémoire à la barre, il affirme ne pas avoir été la cible, et n’être pour rien dans le trafic de stups.

De son côté, Sahbi Saafi, patron présumé de cette PME de la drogue, alias « Nartu », a été interpellé dans une Twingo. Sur lui, 13900 euros en liquide, une cartouche de calibre 6,35 et une kyrielle de téléphones portables dits « jetables », encore emballés. Le business de la came semblait juteux. Saafi a estimé son bénéfice à 104650 euros pour un chiffre d’affaires de 587650 euros, un investisse­ment de 483000 euros et 161 kg de cannabis écoulés. On se croirait au greffe du tribunal de commerce. S’il reconnaît vendre de l’herbe, il conteste être à la

tête d’un réseau de distributi­on. Dans l’affaire, les gendarmes saisiront une vingtaine de kilos de stupéfiant­s. Avec parfois des surprises lors des interpella­tions. Notamment en interpella­nt le demi-frère de Saafi, Anis Bensikali dit « tête de lézard » ou « perroquet du Gabon ». Alors que les forces de l’ordre investisse­nt son immeuble, un gendarme du Psig voit tomber une clé à ses pieds, balancée depuis une fenêtre. Elle se révélera être celle d’une Peugeot 508 à bord de laquelle les enquêteurs retrouvero­nt 2,8 kg d’herbe de cannabis, 82 grammes d’héroïne et un livre comptable digne d’un épicier des stups. Bensikali niera s’être débarrassé de la clé.

« C’est mort Garbe, mon frère »

On croise également l’ancien chef de terrain présumé, Giuseppe Castaldo, dit « Gaby ». Il a admis avoir été le dealer du quartier de Garbejaïre à Valbonne. Mais, il était incarcéré aux Baumettes pour une autre cause et conteste avoir continué à diriger le réseau depuis sa cellule. Hélas pour lui, les gendarmes avaient placé le parloir sous écoute. La justice affirme qu’il se tenait au jus de l’ambiance du quartier. « Ah putain, c’est mort Garbe, mon frère », lui avait balancé un visiteur, évoquant la présencede gendarmes dans le quartier et d’une caméra de vidéo surveillan­ce. « Gaby » affirme qu’ils parlaient de l’ambiance de Garbejaïre... Aujourd’hui, place aux réquisitio­ns du procureur de la République, Annabelle Salauze, et aux premières plaidoirie­s des avocats. Jugement d’ici la fin de semaine.

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(Photo PC et DR)
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