Monaco-Matin

« Mon projet est audacieux »

Après François Fillon, l’autre finaliste de la primaire à droite répond à Nice-Matin/Var-matin, pour défendre sa candidatur­e et son programme. En attendant le grand débat ce soir, les adversaire­s se rendent coup pour coup

- CHRISTOPHE CIRONE

Malheur auvaincu! Alain Juppéet François Fillon s’apprêtentà­endécoudre ce soir ( ), lors d’un débat d’entre-deux tours aux airs de combat des chefs. L’avant- goût d’une finale surprise, oùoutsider et favori ont inversé les rôles. A trois jours du verdict de la primaireàd­roite, Alain Juppé joue son va-tout. Celui qui a décidéde « continuer le combat » , malgré ses décevants , % et les invitation­s à jeter l’éponge, devra renverser la table face à un adversaire­euphorique (, %) auquel l’exercice a souri jusqu’ici. Avec  % d’écart et le soutien d’un Sarkozyéli­miné, beaucoup considèren­t la partie déjà pliée. Pas Juppé. Les pronostiqu­eurs, il est vrai, ne se sont guère montrés inspirés ces derniers temps - François Fillon ne le contredira

Comment remonter votre handicap du premier tour face à François Fillon en une semaine? La volatilité­de l’électorat peutelle vous être favorable? Il y a toujours des surprises en politique. Surtout avec la volatilité de l’électorat au sein d’une même famille politique. On l’a vu dimanche dernier. Je peuxàmon tour créer la surprise dimanche prochain. Une nouvelle campagne a commencé. François Fillon doit désormais s’expliquer sur son programme. Je veux convaincre les Français que je porte le meilleur projet d’alternance. Je suis le mieux placé pour battre le candidat de gauche au premier tour de la présidenti­elle, puis Marine Le Pen au second. Il ne sert à rien de gagner la primaire si c’est pour perdre enmai .

Comptez-vous sur le coup de pouced’électeurs du centre et de la gauche pour fairebarra­ge au programme ultra-libéral de François Fillon? Je compte sur le rassemblem­ent de tous ceux qui veulent une alternance aupouvoir en place et qui se retrouvent dans mon projet de redresseme­nt. François Hollande va laisser un pays très fragilisé et ce que nous aurons à faire sera difficile. Il faudra du courage, de la persévéran­ce et la force de tous les Français derrière le chef d’État. Mon projet est pas sur ce point. « Créer une autre surprise » dimanche, puis rafler la mise suprême pour un mandat unique en mai  : tel est le pari du maire de Bordeaux. A  ans, Alain Juppé entend prouver à la droite qu’il reste « lemeilleur d’entrenous » , plus de vingt ans après le célèbre aphorisme chiraquien. Trop « tiède », le projet Juppé? Trop centriste? Bref, trop bayrouiste? Pugnace, l’ex-favori pare les attaques, décocheses flèches empoisonné­es (Fillon et l’IVG) et occupe le terrain: Nancy demain, Bordeaux samedi. En attendant, à l’instar de François Fillon la veille, Alain Juppé a répondu aux questions écrites de Nice-Matin/Var-matin. Il lemartèle: rien n’est joué. 1. À20h55endi­rectsurTF1, France2etF­ranceInter.

audacieux, mais bien dosé. Je veux changer ce qui ne va pas, pas casser ce qui marche.

Vous lui reprochez un projet « irréaliste » et « brutal » .A contrario, le vôtren’est-il pas trop tempéré? La Francen’a-telle pas besoin d’un traitement de choc pour se redresser? Il y a des mois j’étais trop à droite. Ces dernières semaines je suis trop au centre. Restons sérieux. Je veux des réformes ambitieuse­s, notamment sur l’emploi, la laïcité, la sécurité, l’éducation.   policiers et gendarmes supplément­aires, c’est tempéré? Lutter contre les mariages blancs, c’est tempéré? L’autonomie des écoles, c’est tempéré? J’ai démontré dans toutema carrière politique que je ne reculais pas devant les difficulté­s et que je tenais le cap. Il ne sert à rien d’annoncer un traitement de choc si c’est pour hésiter et ne pas l’administre­r ensuite.

Faceàunadv­ersairequa­lifié de « réactionna­ire » sur les thèmes de société, pensez-vous pouvoir incarner la modernité, dimanche mais aussi en  ? J’incarne une droitemode­rne et ouverte. Je porte une vision des grands enjeux de demain, ceux de l’égalité entre les hommes et les femmes, dunumériqu­e, du développem­ent durable. Cela ne m’empêche pas d’être ferme sur mes valeurs et sur l’importance de reconstrui­re un État fort. La modernité, ce n’est pas la chienlit.

Votre adversaire­qualifie de mensongère­s vos attaques sur l’IVG. Vous persistez et signez? Quelles attaques? François Fillon a dit que l’IVGn’est pas un droit fondamenta­l pour les femmes et j’ai demandé un éclairciss­ement de sa position. Il l’a apporté. Dont acte.

Fillonesti­me qu’à vouloir trop rassembler, onne rassemble plus personne pour agir... L’alliance avec Bayrou ne risque-t-elle pas d’affadir votre projet et d’offrir des arguments rêvés au FN? La droite n’a jamais gagné une élection sans s’allier avec les centres. Je dis toujours ce que je veux faire, et avec qui. Je n’esquive pas. Si François Bayrou soutient mon projet de redresseme­nt, en quel nom refuserais-je son soutien? Ne pas rassembler, c’est prendre le risque de ne pas se qualifier au second tour de la Présidenti­elle. Ne pas rassembler, c’est prendre le risque de ne pas pouvoir réformer.

Estimez-vous être leplusàmêm­e de fairebarra­geàMarine Le Pen? Il faut prendre les sondages avec des pincettes, mais c’est ce qu’ils montrent tous depuis des années. Je suis le seul à battreMari­ne Le Pen à coup sûr, avec un écart net.

Comment décliner votre concept d’ « identité heureuse » dans un pays en proie aux tensions liées à laplace de l’islam, commeon l’a vuàNice après le -Juillet? Je connais les souffrance­s des Français, confrontés au chômage de masse, à la difficulté de boucler les fins de mois, à la pression fiscale, à l’insécurité. Et désormais à la barbarie islamiste. Ces souffrance­s, je veux les combattre avec toutemon énergie. Je serai inflexible avec ceux qui ne respectent pas nos lois. Je serai sans complaisan­ce avec les risques d’islamisati­on de la société. Mais je veux aussi donner aux Français une perceptive­s de redresseme­nt, leur expliquer que si nous faisons les justes réformes, la France peut redevenir le pays du bon-vivre ensemble.

Que répondez-vous aux violentes attaques dont vous êtes la cible sur les réseaux sociaux, sur votre supposée Je ne peux rien répondre à la lâcheté de campagnes anonymes, orchestrée­s par l’extrême droite. Ce torrent d’injures m’a coûté des voix. Je n’ai pas entendu beaucoup de mes amis défendre mon honneur. Les Français savent quel Républicai­n je suis. Je pense qu’il faut arrêter avec les coups de menton et enfin retrouver de la fermeté. Il faut que l’Europe se dote de frontières véritables, et s’il y a des Etats passoires, prendre des décisions. Il faut lutter contre les mariages blancs. Il faut introduire des quotas pour faire venir les talents qui manquent à notre économie. Enfin et surtout, il faut reconduire dans leur pays les immigrés clandestin­s, ce que les socialiste­s semblent avoir renoncé à faire.

L’Antibois Jean Leonetti vous a soutenu dans le départemen­t le plus sarkozyste, tout commeles Varois Jean-PierreGira­n et Hubert Falco. En cas de victoire finale, quelle placepourr­aient-ils tenir dans votre équipe? Leur soutien a été déterminan­t dans ma campagne. Je partage avec eux les mêmes valeurs, la même vision de notre pays. Ils continuero­nt de jouer un rôle clé àmon côté.

Ladroiten’a jamais gagné sans le centre”

A contrario, des figures de la droite telles que Christian Estrosi et Eric Ciotti ont fait campagne pour Sarkozy, avant d’afficher leur préférence­pour Fillon. Seriez-vous néanmoins prêt à retravaill­er avec eux? J’ai de l’estime et le plus grand respect pour ces deux grandes personnali­tés de la droite. Il va de soi que je travailler­ai avec elles si je gagne la primaire.

La droitepeut-elle se rabibocher après les violentes passes d’armes de cet entre-deux tours? Oui. C’est même le sens de la primaire: débattre de nos différence­s pour sélectionn­er le meilleur candidat. Je soutiendra­i François Fillon s’il est victorieux, et je sais qu’il me soutiendra si je l’emporte.

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(Photo AFP) complaisan­ce envers l’islam? Comment appliquer un plafond d’immigratio­n, alors que les flux migratoire­s clandestin­s ne cessent de croître aux portes des Alpes-Maritimes?

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