Monaco-Matin

L’homme qui a fait gagner Fillon a été candidat à Nice

Patrick Stefanini, chef d’orchestre de la campagne de François Fillon, a la réputation d’avoir gagné toutes les campagnes qu’il a dirigées. À l’exception de celles où il s’est présenté

- AURORE MALVAL amalval@nicematin.fr

Il a conduit Jacques Chirac à la présidence de la République en 1995, Valérie Pécresse à la tête de la région Ile-de-France en 2015. Aujourd’hui, Patrick Stefanini roule pour François Fillon à la primaire de la droite et du centre. L’ancien directeur adjoint de cabinet d’Alain Juppé à Matignon est un haut fonctionna­ire méticuleux. Un faiseur de roi qui préfère l’ombre à la lumière. Inconnu du grand public, il est pourtant déjà monté en première ligne - ou presque. C’était à Nice, il y a 20 ans. « À Paris, à Paris, à Paris » , scande la foule à l’entrée du conseil municipal lorsqu’il pénètre dans la salle. Le 25mai 1995, Jacques Peyrat vient de prendre la mairie; il avait promis à Patrick Stefanini un bouquet demimosa pour qu’il « retourne à Paris les offrir à sa femme » . L’énarque alors âgé de 41 ans était sur le ticket adverse, numéro 2 de la liste du maire sortant RPR Jean- Patrick Stefanini avait été numéro  sur la liste d’union de la droite aux municipale­s à Nice, en  (ici avec François Fillon cet été dans la Sarthe).

Paul Baréty, qu’on surnomme « l’homo ça pionce » à cause de sa propension à clore des paupières trop lourdes. C’est un personnage clé de l’appareil chiraquien, envoyé par les instances nationales pour reprendre en main la fédération

RPR après l’ère Médecin. En 1994, il a déjà poussé Baréty à la députation, et ce dernier l’a emporté d’une courte tête face à Jacques Peyrat sous l’étiquette FN. Cette fois, sa mission est d’éviter que la droite « républicai­ne » ne perde la cinquième ville de France, même si Peyrat a quitté le parti d’extrême droite.

« Nous gagnerons immeuble par immeuble »

L’argument phare? Patrick Stefanini sera « l’interprète des Niçois à Paris » , déclame Charles Pasqua un soir de meeting. Pas un discours sans que ne soit évoquée la proximité du candidat avec le gouverneme­nt, censée garantir aux Niçois que leurs doléances seront entendues. Sauf que la campagne ne prend pas. La technique est pourtant la même que celle qu’il déclinera avec succès par la suite : un dispositif de terrain rigoureux. « Nous gagnerons immeuble par immeuble, escalier par escalier » , déroule-t-il dans Nice-Matin entre les deux tours. Mais ce qui devait être un atout pour Baréty devient unhandicap. Patrick Stefanini ne galvanise pas les foules. « Il y a des hommes qui sont faits pour être organisate­urs, d’autres pour être candidats » , dit Rudy Salles, alors député UDF, qui avait refusé de rejoindre la liste d’union de la droite. Avec son crâne - déjà - dégarni et ses lunettes, Stefanini est affublé par les Niçois du sobriquet d’«ET». Surtout parce que, pour eux, il vient d’une autre planète : Paris. Il a beau évoquer ses étés heureux sur la Promenade des Anglais, un grand-père de 105 ans « doyen des Niçois » , « le parachutag­e, ça ne marche pas à Nice » , commente encore Rudy Salles. « C’est un bourreau de travail », se souvient Jean-Paul Baréty, qui ignorait que son ancien colistier avait choisi de soutenir François Fillon - après avoir sondé Alain Juppé. En 1996, lorsque le RPR finit par ouvrir grand la porte à Jacques Peyrat, Patrick Stefanini démissionn­e et quitte Nice. Il n’y reviendra pas.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco