« J’étais tellement déçu »
Zélim Khadjiev panse ses plaies. Aux JO de Rio, le Niçois nourrissait de belles ambitions. Eliminé prématurément, le Tricolore entend rapidement effacer cette désillusion
Il rêvait d’un destin doré. Zélim Khadjiev s’est présenté aux Jeux de Rio, l’été dernier, le torse bombé et le couteau entre les dents. Pour ses premiers JO, le Niçois, né en Tchétchénie, voulait rendre son pays d’adoption fier. La France n’a finalement pas eu le bonheur de le compter parmi ses médaillés. Le lutteur de 22 ans a chuté dès son premier combat, dans un money-time électrique face au Japonais Sohsuke Takatani, vice-champion du monde en titre. Une déroute qu’il entend utiliser pour la suite et la nouvelle olympiade qui s’ouvre à lui. Mais avant de lorgner sur Tokyo, le pensionnaire du Lutte Club de Nice sera du groupe France, mardi prochain, pour affronter le Kazakhstan au cirque d’Hiver à Paris.
« Toujours un manque de concentration sur mes fins de match »
Zélim, votre élimination prématuréeàRio est-elle digérée ? Pour moi, bien sûr, cette défaite est un échec. Je l’ai mal vécue. C’est la plus grosse erreur de ma carrière. J’étais parti pour faire une médaille et j’avais toutes mes chances. Malheureusement, ma première expérience a été mauvaise. C’est un match que je dois gagner et je le perds à quatre secondes de la fin. C’est dur. Surtout que quand je suis rentréàNice, tout le monde m’a rappelé ma défaite. Je n’étais pas bien. Votredéception était d’ailleurs tellement forte, que vous n’avez pas vraiment profitéde l’ambiancedes JO… Je suis arrivé vers la fin des Jeux. J’ai d’abord été concentré sur ma compétition. Je ne suis pas alléàdroiteouàgauche. Jeme suis reposé dans ma chambre, me suis occupé de ma pertedepoids. Je n’ai donc pas trop profité. Je ne voulais pas me laisser distraire. La cérémonie de clôture ? J’étais tellement déçuaprès la compétition que je ne suis pas sorti de ma chambre. Jen’allais pas faire la fête alors que j’avais perdu. Je suis d’origine tchétchène. J’avais la France avec moi, mes proches de Tchétchénie. Çam’a fait mal de les décevoir. Enfin, je doismaintenant rebondir. L’avenir est devant moi. Mes coachs m’ont dit que j’étais encore jeune et que j’avais le potentiel pour ramener une médaillede Tokyo. Pourquoi avoir fait le choix de reprendre très vite après Rio ? Je suis déjà dans la préparation des Championnats du monde de Paris de l’année prochaine (- août à Bercy). C’est mon objectif désormais. Cet « échec » est-il seulement dû au manque d’expérience ? J’ai forcément manqué de vécu. Ensuite, j’ai toujours un manque de concentration sur mes fins de match. Je sais que c’est mon problème. Depuis que j’ai repris l’entraînement après Rio, je travaille sur ce point, même si en ce moment, je suis un peu blessé et que je ne peux pas être à bloc. Jem’entraîne avec les légers pour ne pas me fairemal. Où êtes-vous touché ? J’ai mal aux vertèbres depuis deux ans. Quand je suis revenu à Paris (à l’INSEP où il s’entraîne, ndlr), mon entraîneur m’a conseillé de me soigner. Je vais donc chez le kiné et le docteur tous les jours.
« Je suis allé aux Jeux sans un grand bagage »
Ça va passer d’après le docteur d’ici une ou deux semaines. Je ne serai pas à %, certes, mais je vais quand même essayer de gagner mon match. Ce ne sera pas le même niveau qu’aux Jeux, mais ce sera important pour moi de reprendre confiance. Le Kazakhstan, c’est le bon profil pour se relancer ? Les Kazakhs sont techniques et rapides, comme tous les lutteurs des pays de l’Est. Pour moi, un match, c’est le format parfait pour éviter de me blesser davantage et savoir où j’en suis. Dans quel domaine vous faut-il progresser en vue de Tokyo ? Dans la lutte, il y a beaucoup de choses à apprendre, sans cesse, surtout en libre. Je suis allé aux Jeux sans un grand bagage, juste avecmes qualités dans la motivation et l’agressivité, sur le talent. Maintenant, j’ai un vécu. Je sais que je dois rester concentré jusqu’à la dernière seconde.