LIGUE ( JOURNÉE) / NICE - BASTIA ( HEURES) Au nomdes siens
A seulement 17 ans, Malang Sarr, défenseur du Gym, est le joueur le plus utilisé par Favre. Portrait
Lascène se dérouledans les bureaux du club. Une maman, fièreet très émue, apris le soin d’accompagner son « petit » qui signe ce jour-là son premier contrat professionnel. Dans la pièce, il y a également deux de ses frères, ainsi que son conseiller. A 17 ans, Malang Sarr a enfin le droit d’avoir son nom au dos du maillot. « J’ai été touché par ce moment, pose Julien Fournier, pourtant pas du genreàverser dans le larmoyant. En face de moi, il y avait une belle famille. C’est une étape de plus dans l’histoire qui le lie à son club. C’était vraiment beau à voir. »
Un papa parti trop tôt
Gamin des Moulins, où il possède encore sa chambre dans l’appartement familial, Malang n’a porté qu’une seule tunique : celle de l’OGC Nice dont il défend les couleurs depuis l’âge de six ans. « Il ne pouvait pas rêver mieux comme début de carrière, souffle un proche. Il joue pour son club de toujours, sous les ordres d’un grand coach comme Lucien Favre et évolue au côté d’un garçon comme Dante. C’est difficile d’être mieux entouré. Il vit tout ce qui lui arrive depuis le début de saison de manière très sereine. » La sérénité, justement, l’un des principaux traits de caractère d’un gamin qui ne vous laisse pas indifférent lorsqu’il vous serre la main. Bustedroit, regardespiègle, Sarr a de l’allure. « Dans l’attitude, il me rappelle un garçon comme Mathieu Flamini que j’ai connu à Marseille, se souvient Four- e Malang Sarr grandit vite. Ce soir, il fera de nouveau équipe avec Dante au coeur de la défense du Gym contre Bastia.
nier. Ilaune vraie force de caractère, unegrandematurité. » Pas encoremajeur, mais déjà marqué par la vie, Sarr s’est construit en portant en lui une souffrance enfouie. Malang n’a que quatorze ans quand il perdson papa, celui qui l’accompagne sur les terrains et lui transmet des valeurs essentielles. « Avant Malang, j’ai également eu ses grands frères, confie Alain Cacchioni, entraîneur des U13auGym. Le papaaélevé ses enfants dans le respect. Il ne pardonnait rien, était très exigeant. Malang n’a pas changé. Il y a de l’affect entre
nous. J’ai toujours été attentif àson évolutionaprès la disparition de son papa. Il ne s’en est pas servi et n’a jamais vacillé. Il a une force supplémentaire en lui. »
L’hommage de son ancienne CPE
A l’époque, Malang squatte les bancs du collègeauParc Impérial en section sportive. Il séduit ses professeurs par son charisme naturel. Ses relevés de notes font la fierté des siens. L’été dernier, il obtient son Bac avec un an d’avance, ce qui n’étonne pas Valérie Guérin, son an-
cienne CPE au Parc. « Malang était un très bon élève, gentil et sérieux, rembobine-t-elle. C’est ce qui ressort encore aujourd’hui quand on reparle de lui avec ses anciens professeurs. Sa vie n’a pas toujours été faciledonc je suis contente pour lui. » Depuis l’été dernier, son quotidien n’est plus le même. Lors de son premier match en professionnel, il donne la victoire au Gym face à Rennes au cours d’une partie marquée par le souvenir des disparus de l’attentat de Nice. Une rencontrecomme point de départ d’une nou-
velle vie, puisqu’il est à ce jour, le joueur le plus utilisé par Lucien Favre et l’un des principaux artisans du formidable début de saison du Gym. Des performances de premier plan qui lui ont valu d’être approché par des grands d’Europe, lesquels l’ont déjà coché parmi les pépites à suivre. Convaincu par son potentiel, le Gym, qui le maintient pour l’heure à l’écartdes nombreuses sollicitationsmédiatiques, a inclus dans son contrat une clause de valorisation à 50 millions d’euros. « C’est notre mode de fonctionnement, glisse le DG niçois. Le marché est tel qu’on doit tout envisager. Ce n’est pas sa valeur actuelle, mais on prépare l’avenir. Des gros clubs sont déjà venus taper à la porte, mais il y a un temps pour tout. Les choses se déroulent naturellement et il est bien conseillé, ce qui n’est pas toujours le cas. »
Sa maman ne rate plus un match
« Il maîtrise déjà pas mal de choses, mais il aurades périodes où il sera moins bien, commetous les jeunes, pense Lucien Favre, l’homme qui l’a lancé en pro. Par moments, il doit être plus concentré, mais c’est dû à la fatigue psychique qui peut s’installer. » Avant la trêve, il fut justement moins souverain contre Salzbourg et Caen. « Il a haussé son niveau dès le match à Saint-Etienne ce qui prouve qu’il apprend de ses erreurs, souffle-t-on dans son entourage. C’est un gamin stable, qui se remet toujours en question. Il prend les critiques de manière très constructives, positives ou négatives. » Cet après-midi, sous les yeux de sa maman, qui ne manque désormais plus aucun de ses matchs, Sarr disputera son premier Nice-Bastia. Sans pression, mais avec une idée derrière la tête et qui l’anime depuis ses plus jeunesannées : jouer un jour la Liguedes championsavec « son » club. Une ambition qui a du sens. « Ce serait un beau conte de fées » , estime l’un de ses proches.