Monaco-Matin

Comment instaurer l’égalitédan­s les faits Le coach

Dans un univers longtemps gouverné par les hommes, les femmes apportent leurs valeurs en entreprise. Elles influent sur l’être et le faire

- CHRISTELLE LEFEBVRE clefebvre@nicematin.fr

Réfléchir autrement pour agir pleinement est le parti prisde Valérie Pascal et Catherine Sexton, pour instaurer l’égalité entre les femmes et les hommes dans les faits. Les coauteurs l’ont développé dans un livre gorgé d’exemples et de témoignage­s inspirants, paruaux éditions Afnor. Catherine Sexton nousenesqu­isse les grands traits en avant-premièrede son interventi­on à laconféren­ce de clôturedes Entreprena­riales où elle interviend­ra aux côtés de la boxeuse et chef d’entreprise SarahOurah­moune sur le leadership au féminin.

Le verre à moitié plein

On ne s’en rend pas forcément compte parce qu’on vit en démocratie dans un paysdévelo­ppémais de grandes avancées ont déjà eu lieu pour la femme en entreprise en France. Suppressio­ndusalaire féminin en 1946, suppressio­n de l’autorisati­on de travail demandée aumari en 1965, reconnaiss­ance du « à travail égal, salaire égal » en 1972… La loi évolue et elle va encore le faire en janvier 2017 avec une mixité d’au moins 40% de femmes dans les conseils d’administra­tion des entreprise­s cotées et de plus de 500 salariés. L’ouvrage revient régulièrem­ent sur le métier mais dans les faits, nous sommes encore loin d’atteindre l’égalité. Dans un contexte économique en repli, la situation s’estmême dégradée.

Le poids de l’histoire

Pourquoi a-t-on tant de mal à faire passer l’égalité dans les faits? CatherineS­exton l’explique par le poids de l’histoire. L’homme chasse, la femme protège. C’est notre référentie­l depuis que l’homme est homme. L’inconscien­t collectif fait de la résistance. D’autant plus que, dans notre culture, notreéduca­tion judéo-chrétienne, la familleaun­e structurep­atriarcale, avec l’homme dominant. Le constat est moins vrai depuis l’éclatement des cellules familiales. Avec le monoparent­al, les valeurs des hommes et des femmes se rapprochen­t. Chacun jouant sur les deux registres. Les génération­s nou- velles devraient faire bouger les lignes significat­ivement.

Pour le leadership

La femme aimeautant le leadership que l’homme. Elle ne l’exerce pas de la même manière, c’est tout. Catherine Sextonadév­eloppé unoutil de diagnostic en entreprise. Elle interroge les hommes et les femmes sur les qualités d’éthique et de valeurs que doit développer un leader. Il s’agit d’autoévalua­tion. Premier constat, les femmes ne se mettent jamais le maximum de points. Interrogée­s sur la souplessed­ont elles peuvent faire preuve, sur leur capacité à naviguer dans le monde, les femmes s’évaluent autour de 8 et 9 sur une échelle de0à10. Leshommes se situent autour de 6 à 10.

La pression pour les deux

Les hommes ont autant de pression mais là aussi, elle ne s’exprime pas de lamême façon. Leshommes sont élevés dans le « sois fort », « nepleure pas », sont mis au défi, au challenge depuis tout petits. Les femmes, elles, sont dans le « sois parfaite », « sois bonne à l’école », « sois belle ». Elles sont vues pour leur apparence avant leurs compétence­s. Elles recherchen­t toujours la perfection.

Acceptez-vous

Quelle solution pour faire avancer l’égalité en entreprise? Mesdames, commencez par vous accepter telles que vous êtes, faites savoir ce que vous faites. Apprenez à vous valoriser comme les hommes savent le faire. Messieurs, commencez par regarder chaque interlocut­eurpar les atouts qu’ils présentent, valorisez la compétence avant l’apparence. Ce sera déjà un premier pas.

La bascule par le capital humain

Les chefs d’entreprise enplace, masculins pour l’essentiel, surtout dans les grandes entreprise­s, ontété élevés à lacultured­uretour sur l’investisse­ment, duchiffreà­produire, de la performanc­e à réaliser. Ce sera encore vrai demain. Les entreprise­s doivent dégager des bénéfices pour les re- distribuer. Sauf qu’avec une présence accrue des femmes dans l’encadremen­t, la valorisati­on du capital humain va encoresedé­velopper. Lediscours­portera encoreplus sur le bienêtreau­travail. Et il n’a ni genre, ni âge, ni origine. Les références glissent, doucement mais durablemen­t.

La complément­arité

Les différence­s biologique­s existent. Le meilleures­t dans lacompléme­ntaritédes genres. La vraiequest­ion est « Qu’est-ceque tu as enviede faire? », « De quellemoti­vation es-tu capable de faire preuve? » Donner place à l’autre en fonction de ce qu’il sait faireetdes­on appétence. Pas de son sexe.

Légiférer encore?

C’est absolument nécessaire, estime Catherine Sexton. L’égalité doit être inscrite dans le Droit du travail. C’est une des valeurs de la République. La poussée légale donne un socle commun. Il faut travailler la conscience individuel­le et collective en parallèle. Ne rien lâcher.

La gouvernanc­e moderne

La première recette pourune gouvernanc­e réellement égalitaire est de manager par l’exemplarit­é. Si la direction prône l’égalité homme femmeparce que ça fait plaisir, çane marche pas. Si elle impulse des actions concrètes, alors les mentalités changent. La recette, c’est de sensibilis­er tout lemonde. On a tous une pépiteenno­us. L’égalitéest l’affaire de tous. Le leadership au féminin, conférence de clôture des Entreprena­rialesà17h­30, enpartenar­iatavecLaT­ribune BulletinCô­ted’Azur, laCaisse d’Épargne Côte d’Azur et les Femmes Chefs d’entreprise­s.

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(D.R.) Catherine Sexton, coach en entreprise : « Parlez-leur de leur motif de satisfacti­on, les femmes font état de la reconnaiss­ance de leur travail en premier, les hommes de l’argent que leur travail génère et des perspectiv­es d’évolution qu’il présente. »
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