Ça tangue entre Valls et Hollande
Le Premier ministre a écarté, hier, une démission de Matignon et exclu l’hypothèse d’une confrontation avec le Président à la primaire
Après un mano à mano avec François Hollande tout au long du week-end, Manuel Valls est rentré dans le rang hier, excluant visiblement de démissionner aunom de son « sens de l’Etat » et d’affronter leprésident lors de la primaire organisée par le PS. Alors qu’il était dans l’avion qui l’emmenait en Tunisie pour une visite officielle [lire ci-dessous], le chef du gouvernement a laissé filtrer par son entourage la teneur d’un déjeuner décisif à l’Elysée avec le chef de l’Etat. Manuel Valls, selon l’un de ses proches, a ainsi assuré à François Hollande « qu’il ne pouvait y avoir et qu’il n’y aurait jamais de crise institutionnelle » au sommet de l’Etat. Une façon de signifier qu’il écarte toute démission de Matignon, surtout au « moment précis où la France fait face à la menace terroriste » . Impossible aussi d’envisager dans ces circonstances une « confrontation politique » dans le couple exécutif à l’occasion de la primaire organisée par le PS.
Bombe désamorcée
Manuel Valls a ainsi désamorcé, au moins provisoirement, la bombe qu’il avait lui-même lâchée au cours du week-end, n’excluant pas de se présenter contre le chef de l’Etat dans la primaire des 22 et 29 janvier, dans une interview au Journal du dimanche. L’ambiance du déjeuner a été « tout à fait cordiale et studieuse », a assuré pour sa part l’entourage de M. Hollande, assurant que, « bien entendu » , l’action de l’exécutif allait pouvoir se poursuivre sereinement. Dans lamatinée, le chef de l’Etat avait encore intensifié son bras de fer avec son Premier ministre par la voix de ses soutiens. « Il n’y aura pas de primaire entre le président de la République et le Premier ministre » , a ainsi affirmé sur Europe 1 le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, fidèle lieutenant de François Hollande.
« Pulsions suicidaires »
Dans ce climat délétère, François Hollande ou Manuel Valls sont de toutes façons au plus bas dans les sondages, avec chacun 9 % seulement d’intentions de vote au premier tour de l’élection présidentielle, selon une enquête Harris Inter active publiée dimanche soir. De quoi alimenter l’inquiétude au sein du PS, à cinq mois de l’échéance. « Peut-être y a-t-il des pulsions suicidaires parfois chez certains de nos dirigeants », s’est désolé Olivier Faure, député PS de Seine- et- Marne, sur LCP. « Ce qui se passe en ce moment dans l’exécutif n’est bon pour personne », ade son côté estimé sur RTL Laurent Wauquiez, président par intérim des Républicains. « Je leur dis: “Ressaisissez-vous !” Il reste cinq mois, ça ne peut pas aller jusqu’au bout. »