Monaco-Matin

« Ne pas oublier que le VIH existe, que le VIH tue »

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Que représente, à vos yeux, cette cérémonie des courtepoin­tes? Elle permet de se souvenir avant tout de toutes ces personnes qui, malheureus­ement, ont été emportées par le VIH. C’est une manière aussi, pour nos affiliés et des gens de l’extérieur, de participer à ces ateliers de courtepoin­tes, de se rencontrer, de parler des personnes disparues, de faire leur deuil. La symbolique est forte: chaque courtepoin­te a la dimension d’un linceul. Il faut se souvenir que lorsque le sida a été découvert, les malades étaient considérés comme des pestiférés. Ces courtepoin­tes sont une manière de rendre hommage aux personnes et de leur redonner leur dignité.

Que ressentez-vous à l’issue de cette cérémonie? C’est très émouvant. Nous sommes là pour ne pas oublier les personnes qui sont mortes dans des souffrance­s physiques, et souvent dans des souffrance­s morales, d’abandon, d’isolement. Nous leur montrons aujourd’hui que nous sommes là, nous les soutenons sans les juger. Même si elles ne sont plus sur cette Terre… Comment se porte le combat contre le sida? Pas très bien. Il est important de mener des actions car, de nos jours, plus personne ne fait rien. Dans les pays voisins, on en parle un peu à la télé, et puis c’est tout. Le VIH est une cause oubliée. Monaco est un tout petit pays mais qui fait beaucoup plus que les grands pays en matière d’informatio­n, de sensibilis­ation, d’éducation. Et la journée d’aujourd’hui est faite pour rappeler que le VIH existe, que le VIH tue, qu’il frappe tous les jours, sans considérat­ion de classe sociale, de religion, d’ethnie ou de couleur de peau. Il est important de continuer le combat, même si on se sent très seuls dans notre associatio­n. Car l’épidémie est loin d’être enrayée.

Quels messages souhaitez-vous faire passer, à quelques jours de la journée mondiale de lutte contre le sida? Il y a des contaminat­ions et des morts chaque année. La solution est simple: tout le monde doit se faire dépister et tout le monde doit se protéger. En , c’est le seul cas où l’on a le choix d’être malade ou pas. Le sida n’est pas une fatalité. Il est essentiel de prendre ses responsabi­lités et de connaître son statut sérologiqu­e afin de ne pas contaminer d’autres personnes. On ne guérit pas du sida mais on vit très bien avec les traitement­s.

Comme Massaga, une affiliée de Fight Aids Monaco emportée cette année à  ans… Elle était malade depuis très longtemps. C’était notre doyenne, elle était toujours de bonne humeur, elle avait un amour de la vie incroyable malgré un parcours difficile. Venue du continent africain, elle a eu une vie très dure. C’était une toute petite bonne femme mais une grande dame. Qu’avez-vous pensé de la polémique entourant la campagne de sensibilis­ation contre le sida menée en France, affichant des couples de même sexe? Cette polémique est insensée, scandaleus­e! Pour une fois que la Francemena­it une magnifique campagne, voilà qu’elle se retrouve dégradée. Ça décourage tous les gens qui, comme nous, semobilise­nt toute l’année pour combattre le sida.

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