Cartel deNice-Nord : et si les suspects étaient libérés
Un avocat estime que l’enquête sur un énorme trafic de drogue organisé depuis Nice-Nord est entachée d’irrégularités. Un an d’enquête pourrait être réduit à néant
Près de 500 000 euros de fonds de roulement, une tonne de cannabis en stock, des armes en pagaille… Ledémantèlementpar la police judiciaire deNice d’un réseau de trafiquants de drogue fin septembreétait l’aboutissement de plus d’un an d’investigation. Des jours etdesnuits de surveillance qui ont abouti à l’arrestation de Christophe Dicranian, 35ans (lire ci-dessous) et de ses présumés associés. En tout onze personnes, dont la plupart sont en état de récidive légale, qui encourent jusqu’à vingt ans de prison. A moins queMe Jean-Denis Flori, conseil de Foued Chihi, l’un des proches de Christophe Dicranian, parvienne à faire exploser la procédure. Une hypothèse de plus en plus prise au sérieux dans les couloirsdupalaisdejustice de Nice. Dans ce cas, l’ensemble des mises en examen seraient annulées et les onzepersonnes libérées. Une perspective que n’osent imaginer les limiers de la police judiciaire, pas plus que le parquet qui a pris l’initiative de poursuivre les suspects pour trafic de stupéfiants, blanchiment et associationdemalfaiteurs.
Vices de procédure
Le pénaliste niçois Jean-Denis Flori, vient de déposer une requête devant la chambre de l’instruction d’Aix-en-Provence, l’organe de contrôle des enquêtes. Il estime que l’article 80ducode de procédurepénaleaété violé, « le juge d’instruction, pourtant clairement informé de faits nouveaux lors de la perquisition du 26 septembre 2016, n’a nullement transmis immédiatement au parquet les pièces ou les procès-verbaux constatant lesdits faits nouveaux. » Selon la défense, le magistrat instructeur a transmis la procédure à l’issue des gardes à vue, soit le 29 septembre. L’avocat estime égalementquele juge d’instructionn’était pas saisipar un réquisitoireduprocureur de la République d’un trafic de résine de cannabis, d’herbe de cannabis et de cocaïne mais de faits de trafic de stupéfiants (sans autre précision sur la natureduproduit). D’autresavocats doiventégalement déposer une requête similaire. Contactée hier soir, Me Audrey Vaz- zana, conseil de Christophe Dicranian, a confirmé que « le moment venu, nous ferons contrôler la régularité de la procédure par la Chambre de l’instruction. Nous réservons notre argumentaire aux magistrats. » Me Jean-DenisFlori est d’autant plus confiant qu’il a déjà obtenu par le passé la libération de douze personnes pour lesmêmes motifs. Les procédures ont été cassées et ont donné lieu à des jurisprudences. « Si la chambre de l’instruction, devant laquelle nous plaiderons d’ici à deux mois, rejette notre demande, nous déposerons un pourvoi en cassation », prévient Me Flori. Ce que n’hésitera pas à faire également la défense deDicranian.