François Fillon reprenden main « Les Républicains»
Le nouveau champion de la droite a clairement imprimé sa marque en installant des hommes et des femmes de confiance à la tête du parti, tout en donnant des gages de rassemblement
Le patron, c’est Fillon ! Son échec de 2012 lors de l’élection du président de l’UMP lui est à jamais resté en travers de la gorge. Il en a donc tiré la leçon. Chat échaudé… À peine désigné candidat à la présidentielle, François Fillon a fait en sorte de poser, calmement mais fermement, la main sur le parti Les Républicains. De le « désarkozyser », mais pas trop, en prenant soin de ne laisser personne, ou presque, sur la touche. Unemainde fer dans un gant de velours, selon la formule idoine.
Accoyer en copilote
Bernard Accoyer, 71 ans, fidèle de la première heure, a été nommé hier soir secrétaire général du parti (et nonprésident, la nuance sémantique est d’importance). Le député-maire d’Annecy-le-Vieux, ancien président de l’Assembléenationalede 2007 à 2012, remplace Laurent Wauquiez, qui présidait Les Républicains par intérim depuis ladéclarationdecandidature de Nicolas Sarkozy. Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes n’a cependant pas tout perdu. Il hérite du poste de vice-président, qu’il partagera avec la très fillonistedéputée bretonne Isabelle Le Callennec. Une autre filloniste, Annie Genevard, députée du Doubs, devient secrétaire générale adjointe, au même titre que le sarkozyste maire de Tourcoing, Gérald Darmanin. Cette volonté de rassemblement – opérée davantage en direction des sarkozystes que des juppéistes, c’est notable – s’est également et surtout traduite par l’installation d’un comité politique, qui sera dirigé par le fillonophile président du Sénat, Gérard Larcher.
Lamour remplace Estrosi
Ce comité se veut représentatif de toutes les sensibilités incarnées à la primaire. Autour du filloniste Bruno Retailleau, on y trouvera donc Nathalie Kosciusko-Morizet, la juppéiste Virginie Calmels, le sarkozyste François Baroin, Jean-Frédéric Poisson, Jean-François Copé, Christian Jacob, ainsi que Thierry Solère, qui a présidé avec succès à l’organisation de la primaire, tout en étant un proche de Bruno Le Maire. L’ancienministredes Sports Jean-François Lamour remplace par ailleurs Christian Estrosi à latête de la stratégiquecommission d’investiture. Le président pro-Sarko de la région Paca ne voulait pas s’en offusquer hier soir : « J’ai moi- même proposé à François Fillon de passer la main, d’autant que le plus gros du travail pour les législatives a été accompli, avec déjà plus de 500 investitures accordées sur 577. François Fillon a fait en sorte de rassembler le parti, tout en s’entourant de gens proches de lui, c’est tout à fait normal, j’aurais fait exactement pareil. Maintenant, l’essentiel n’est pas dans cette cuisine politique qui n’intéresse pas les Français. Il faut préparer l’alternance pour mai prochain, ce pourquoi je m’investirai pleinement à ses côtés. »
Ciotti devra attendre
Le président des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, ne figure pas non plus dans le nouvel organigramme, pour l’instant. Il ne l’espérait d’ailleurs pas vraiment, ayant choisi de rejoindre Nicolas Sarkozy à laprimaire, après avoir été deux années durant l’un des lieutenants de François Fillon. Visiblement, cedernier n’est pasdisposé à passer l’éponge trop vite. L’élu azuréen, qui était secrétaire général adjoint en charge des fédérations, pourrait toutefois retrouver ce poste, ou un autre, lors d’une deuxième vague de nominations. Les sarkozystes Guillaume Peltier, Guillaume Larrivé et Brigitte Kuster restent pour leur part en fonction au porte-parolat, ainsi que les innombrables secrétaires nationaux, parmi lesquels la sénatrice niçoise Dominique Estrosi-Sassone, en charge du logement. Enfin, Patrick Stefanini, chef d’orchestre de la campagne de Fillon, devient le nouveau directeur général des Républicains, fonction discrète mais prépondérante, à la place de Frédéric Péchenard, soutien de Nicolas Sarkozy. « J’aurai besoin de tout le monde » avait assuré François Fillondimanche. Il a suhabilement figer les paroles en actes. Tout en se glissant dans le costume du chef, président virtuel mais omnipotent qui ne cédera rien d’un nouveaupouvoir que ses scores à la primaire ont rendu incontestable. « Le vrai patron du parti, c’est François Fillon » , a rappelé Jérôme Chartier. Tous l’ont parfaitement compris.