Il fumeducannabis en prison: mois de plus
Il ne s’agit pas d’une dénonciation sournoise de codétenus! Mais d’une répression disciplinaire somme toute logique. Un jeune homme, incarcéré à la maisond’arrêt, est passé en conseil de discipline le 24 mars 2016 pour avoir fumé du cannabis au cours de la promenade réglementaire. Ce joint de « consolation » prendra une saveur d’amertume et conduira le coupable devant le tribunal correctionnel. Son absence à l’audience n’y changera rien: son retour en prison pour une durée de six mois a été prononcé. L’affaire débute dans la cour de l’établissement de détention du Rocher où ce personnage à la conduite étrange subit une peine de réclusion. C’est l’heurede labalade entrequatremurs, grilles et barbelés. Tout à coup, les gardiens flairent une odeur d’herbe. Ils ont rapidement des soupçons sur un détenu. Ils font leur enquête et découvrent que le coupable détient une cigarette de haschisch. Comment estce possible dans ces lieux où la surveillance est quasi obsessionnelle? Grâce à une « mule ».
Fourni par sa soeur
« En visionnant les captations d’images, rapporte le président Sébastien Biancheri, on cible une femme qui fournit la drogue au prisonnier quand ils se rencontrent au parloir. Il s’agit de sa soeur. Le jour de son interpellation, non seulement la jeune fille reconnaît avoir amené du cannabis à son frère, au moins à quatre reprises, mais elle en transporte également plusieurs grammes dans ses poches… » Entenduàson tour, le détenu confirme lemode opératoire pour se procurer la fameuse substance. Ilamême essayé, sans succès, de corrompre un surveillant. Son casier judiciaire français comporte une dizaine de condamnations depuis 2001 avec plusieurs peines d’emprisonnement ferme. À la date de l’audience, le prévenu avait déjà quitté la maison d’arrêt. Mais ilapréféré fuir la Principauté plutôt que d’être présent à labarre malgré la notification adressée. Avec son esprit cartésien, le procureur Cyrielle Colle se lancera dans un réquisitoire méthodique et rationnel. « L’infraction est caractérisée. Les faits sont extrêmement graves. Il s’agit d’un trafic de stupéfiants dans la maison d’arrêt avec chantage et menaces. Devant un tel profil, il faut sanctionner sévèrement: quatremois deprison ferme. » Le tribunal seraplus drastique encore en prononçant, à l’issue du délibéré, six mois. La soeur connaîtra-t-elle un sort similaire?