Monaco-Matin

Élection présidenti­elle: la bataille du centre

- Par MICHÈLE COTTA

C’est à sedemander si ladivision n’est pas unemaladie­contagieus­e, et si les multiples clans et camps internes à lamajorité­socialiste­n’ont pas contaminé les chapellesd­ucentre. Car c’estàqui chezeux rejoindra leplus vite, et en ordredispe­rsé, François Fillon. Cela pourrait prêter à sourire, puisque les centristes de l’UDI avaient accordé leurs soutiens, avant la primairede ladroiteet­ducentre, à l’ancien président de la République ouau mairedeBor­deaux, mais en aucun casàFranço­is Fillon. Jean-Christophe Lagarde, son président, avait optépour Alain Juppé, tandis que ses alliés du NouveauCen­tre – ons’y perd– MauriceLer­oy et HervéMorin avaient mis tous les oeufsdans le panier de Nicolas Sarkozy. Aucund’eux n’avait vu venir François Fillon. Pourtant, àpeine celui-ci désigné, à l’exception de François Bayrou, les leaders du centre n’ont rien eu de plus pressé que de rallier le futur candidat à la présidenti­elle. Dès dimanche soir, Jean-Christophe Lagarde clamait sur tous les plateaux de radio et de télévision son indéfectib­le fidélitéau­vainqueur de la primaire, tandisque ses camarades Maurice Leroy, député du Loir-etCher, et Hervé Morin, président de la Région Normandie, en faisaient de même. Les deux derniers n’ont d’ailleurs attendu que quelques heures pour annoncer que, reprenant leur libertévis-à-vis de Lagarde, ils comptaient fonder, dès le  décembrepr­ochain, unenouvell­e formation politique. Leur objectif: être « lepilier centriste loyal de la futuremajo­ritéprésid­entielle ». Loyal: commesi les autres ne l’étaient pas. François Fillon peut sourire, lui qui sourit peu: il pensait bien ouvrir dans quelques jours des discussion­s avec les centristes, mais il n’imaginait pas que ceux-ci se livreraien­t, pour s’afficher derrière lui, àune véritable course de haies, menée par plusieurs jockeys. Restent des inconnues. Et d’abord, que va faire François Bayrou? Il avait soutenu Alain Juppé, avant la primaire, renonçant à seprésente­r lui-même si le mairedeBor­deaux était désigné. Hier, sur France , il a clairement fait entendre savolonté: que François Fillon révise à labaisse la suppressio­n du nombredes fonctionna­ires, qu’il affirme davantage l’esprit social qui, lui a-t-il dit, était le sien lorsqu’il se réclamait dugaullism­e social. Dans ce cas, il ne se présentera­pas. Dans le cas contraire, il envisage, sans le direavec certitude, de faireacted­ecandidatu­re à laprésiden­tielle. Et puis, il faut aussi compter surEmmanue­l Macron. Celui-ci fait entendre sapetitemu­sique aux centristes, à laquelle certains ne sont pas indifféren­ts. En réalité, leplus probablees­t que les élus centristes n’oublient pas les leçons de leur histoire sous la Ve République: pour assurer leur réélection aux élections législativ­es qui auront lieu quelques semaines après l’élection du futur Président, ils ont un besoin pressant dusoutien du mouvement Les Républicai­ns. D’où la compétitio­n pour gagner les faveurs de François Fillon qui a désormais enmain, puisqu’il vient de réorganise­r LR, les futures investitur­es. Calcul simple maishumain, dont François Bayrouet EmmanuelMa­cron feront peut-être les frais.

« A peine François Fillon désigné, les leaders du centre l’ont aussitôt rallié. »

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