Echecs et maths
J’avais tiré la sonnette d’alarme tout de suite après la Libération. En faisant savoir à mes professeurs – par copie blanche interposée – que les maths étaient à la fois incompréhensibles, migrainophobes et dépourvus de toute utilité puisque nous disposions d’une langue maternelle aux mots infiniment plus subtiles que des chiffres, souvent grossiers. Les décennies ont passé. Les ministres de l’Education nationale qui ont remplacé les ministres de l’Instruction publique n’ont cessé de creuser le fossé entre les idées et les nombres. L’attribution automatique du diplôme de fin d’études secondair es a pu cacher ces dernières années la triste réalité: les Français sont tellement ignares en maths qu’ils sont tout juste plus doués que les Turcs qui sont si forts en tout par ailleurs. Classée sur , la France éternelle n’a même plus l’excuse des otites chroniques ou de l’eczéma rebelle que je faisais valoir pour demeurer hors compositions. Ne nous affolons pas. Sans doute s’agit-il moins d’une lacune intellectuelle que de la prise de conscience de ce que nous n’avons plus besoin de faire nous- même depuis la mise au point des machines à calculer. Parallèlement, si les écoliers, déjà allergiques à l’arithmétique, refusent très tôt d’aligner les chiffres, c’est parce que ceuxci n’ont plus pour vocation que de les renseigner sur l’augmentation des colères populaires et sur la diminution des soutiens à Hollande.