L’entrée ouest métamorphosée
Le conseil communal est favorable à la construction d’un immeuble sur les actuelles serres du Jardin exotique, mais réservé sur l’esthétique d’une plateforme piétonnière couvrant le boulevard
Un imeuble comprenant 66appartements et 4 locaux à usage decommerce, unautre bâtiment à usage de bureaux, 1819 places de stationnement… Avec une enveloppe globale de 150 millions d’euros a minima, c’est encore un sacré projet immobilier qui pourrait sortir de terre– ouplutôt de roche –, àl’entrée ouest de la Principautéàhorizon2022. Soixante-cinqmois de travaux doivent suivre la fin du transfert des serres supérieures du Jardin botanique, prévu vers l’été 2017. Le projet, porté par la SAM Fine Properties Monte-Carlo etmaquetté par les architectes Fabrice Notari et RudyRicciotti, s’inscritdans le cadre de la requalification de l’entrée de ville. Notamment sur l’anciennezone agricole qui abrite lesserres– endéménagement – du Jardin exotique. Adoubée par l’ensemble du conseil communal, l’opération s’étendrait sur le quartier des Salines et du Jardin exotique, soit quatre parcelles « se succédant en amont du Jardin exotique et adossées à la frontière franco-monégasque ». Un projet « reliant un territoire fragmenté et valorisant le paysage » , selon les termes du rapporteur François Lallemand, qui précise que l’aménagement entend aussi « dénouer l’accès à laPrincipauté en distinguant les niveaux d’intensité du trafic routierduboulevard du JardinExotique. Formant une barrière physique, son franchissement par les piétons doit être rendu possible, reliant ainsi l’opération en amont à laville basse » .
« L’enjeu des liaisons piétonnes »
Un « sentier » piéton qui redynamiserait le quartier, faciliterait l’acheminement aux nouvelles serres et paraît, de toute manière, essentiel en prévision d’une explosion démographique due aux caractéristiques du projet. Au cahier des charges: un parking public de 1819 places, un bâtiment de bureaux de type R+3 (1819 emplacements pour véhicules légers, 115 pour deux-roues, 14 pour autocars), un autre d’habitations de type R+8 (4 locaux à usage de commerce, 66 appartements, 148 emplacements pour véhicules légers et 69 pour deux-roues), un poste de police et un office du tourisme. D’où l’insistance de François Lallemand sur « l’enjeu du positionnement des liaisons piétonnes dans la qualification de l’entrée de ville » . Évoquant également un « tunnel piétonnier, sans lien avec l’emprise de l’opération, et permettant de liaisonner le boulevardduJardin-Exotique à l’avenue Pasteur basse; unautre tunnel véhicule également créé permettant de liaisonner le nouveau parking de l’opération à l’avenue Pasteur haute. » Ce parking est « ultra-nécessaireàMonaco » et le « cheminement piétonnier, qui ira de nos serres jusqu’à la frontière franco-monégasque aussi » , aconclu le maire, Georges Marsan, concédant toutefois quedes ajustements architecturaux apparaissent nécessaires.
« Le mur de la honte »
En effet, seul hic soulevé à l’unanimité par le conseil communal, l’esthétique d’un ouvrage d’art dénommé « Propylées ». Une dalle vouée à recouvrir en grande partie le boulevard du Jardin-Exotique et qui prendrait la formed’un belvédèrepublic et végétalisé – accueillant notamment les oliveraies historiques en ces lieux. « Je suis assez sceptique sur la couverture du boulevard, cette structure de Propylées. Je n’arrive pas à réaliser ce que cela pourra donner » , a estimé l’adjoint André Campana. L’adjoint déléguéàla jeunesse, Nicolas Croési, concluant: « Je tiens à souligner que, grâce à ce projet, nous aurons bientôt des serres flambant neuves et je trouve que ce projet apporte une végétalisation supplémentaire. L’ouvrage “Propylées” est très discutable mais permet d’apporter ce cheminement piéton au public. Il faudra toutefois qu’il soit vraiment accessible pour les personnes à mobilité réduite, les poussettes, etc. » Rappelant les conclusions de l’instruction desmembresdu comité consultatif pour la construction, François Lallemand a ensuite souligné, qu’outre sur ce “Propylées”, un avis défavorable avait été rendusur la façadenorddubâtimentàusage d’habitation, dans l’attente « qu’elle soit admissible visuellement » . « Un bardage vertical en bois de teinte clair » qualifié – sous les rires complices des adjoints – de « mur de la honte » par AndréCampana. « Tout le monde a hurlé autour demoi en voyant la façade nord » , a confirmé le maire. Tous s’accordent en revanche sur l’esthétique générale du bâtiment et sa volumétrie en restanque épousant, « dans le refus d’une verticalité frontale » , les reliefs rocheux dans le prolongement de la Moyenne corniche.