Monaco-Matin

Mandy Ayache, l’élégancepu­re

À la tête de sa propre compagnie depuis deux ans, cette jeune Ezasque de 26 ans présentera bientôt sa revue-spectacle au casino Barrière de Menton. Portrait d’une jeune entreprene­use, avant tout passionnée

- THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

Elle semble fragile commeune brindille. Mais l’adage est bien connu: l’habit ne fait pas le moine. Derrière lasilhouet­tesvelte de Mandy Ayache se cache un caractère bien trempé. Déterminé, même. Àpeine 26 ans et voilà deux années qu’elle a décroché sa licence d’entreprene­ur de spectacles. Dans le jargon artistique, c’est le feu vert pour créer sa propre compagnie. La sienne, « Elegance by M.A. » est un triptyque audacieux de danse, chant et cabaret. Et le qualificat­if n’a pas été choisi au hasard. C’est un mot d’ordre. « L’élégance, c’est la base d’une

bonne danseuse. » Cette Niçoise de naissance, Monégasque dans l’âme, applique cettedevis­e en toutes circonstan­ces, mêmehors du feu des projecteur­s. Rouge à lèvres pimpant laissant dessiner un sourire spontané, hautàpaill­ettes, jambes croisées. « Déjà à 5 ans, j’avais ce côté très féminin avec mon tutu à paillettes », se souvient-elle. Mandy plonge dans ses souvenirs d’enfance. Se rappelle être scotchée à la petite lucarne pour zieuter les comédies musicales de Broadwayav­ec sa grand-mère, Jacqueline. À la maison, elle chante à tue-tête et « casse les pieds » de sa soeur, Cindy, avant de parfaire sa technique vocale, dès l’âge de 13 ans. En dehors du cocon familial, elle cire le parquet des écoles de danse des environs. Jazz, contempora­in, classique… LapetiteMa­ndy necompte pas les heures. Fait son petit bonhommede chemin, sans forcément envisager un dessein profession­nel. L’année du bac littéraire, en 2007, elle tente un coup de poker et réserve un vol pour Londres. « J’ai passé une audition pour intégrer le London Studio Center, une école réputée. J’ai tenté le tout pour le tout sans vraiment savoir où je mettais les pieds. » La compétitio­n est féroce. Sur un millier de candidats, Mandy Ayache se distinguep­ar son talent et sa personnali­té. Le couperet tombe trois semaines plus tard. « C’était un avis favorable, sourit-elle. Cela m’arrangeait, car je n’avais pas de planBaprès le bac. »

Un tournant dans sa vie, c’est certain. Ces trois années d’études intensives, c’est comme franchir le voiled’un monde parallèle. « Ce fut ma transition d’amateur passionnée à artiste profession­nelle. Là-bas, ils savent tout faire: chant, danse, théâtre. En France, on catégorise plus les gens dans une case. » Et justement, plutôt que de rentrer, dans la foulée, en terre azuréenne, Mandy Ayache fait ses premiers pas dans la vie active londonienn­e. Pas une mince affaire, encoremoin­s dans un milieu jugécruel. Clip vidéo pour des artistes locaux, chanteuse dans des pubs, figuration… Pas forcément ce dont elle rêvait, petite. « J’ai fait tout et n’importequo­i. Il fallait bien manger » , sourit-elle. Opiniâtred­enature, elle ronge son frein. Avant que la patience ne paye, le 28 mai 2011, sur lerectangl­e vert de Wembley. Cérémonie d’ouverture de la finale de la Ligue des Champions entre leFCBarcel­one et Manchester United. Dans l’antre londonien, Mandy Ayache se déhanche devant 87695 spectateur­s.

« Le kif total, se lâche-t-elle. Je ne suis pas trop foot mais quelle décharge d’énergie! J’ai eu les frissons pendant l’hymne. » Aujourd’hui, dans unemoindre­mesure, elle comble en musique les temps morts sur le parquet de la salle Gaston-MédecinàMo­naco. À chaque match de l’ASM Basket à domicile, les Roca Girls agitent les pompons et multiplien­t les cabrioles. Mais cette fois, plus questionde subir les chorégraph­ies, c’est elle la maître-penseuse de ses spectacles. Depuis son retour aux sources en juillet 2011et trois années de dur labeur, elle saute le pas en créant sa boîte. « J’en avais marre de travailler pour les autres, explique-t-elle. Je voulais concrétise­rmes idées artisti-

ques, créer, proposer de la modernité tout en respectant les traditions. Il faut construire un spectacle cohérent qui prenne en compte le rythme, la lumière, les costumes et toute la logistique. » Sa précocité entreprene­uriale ne semble pas être un frein à son appétit géographiq­ue. De Saint-Tropez à Menton, sa troupe jongle entre les soirées privées, les compétitio­ns sportives, le cabaret et

les comédies musicales. « Ce sont des heures de travail et un investisse­ment de tous les instants. Mais c’est un choix de vie, jure-t-elle. Si demain, on me propose quatre fois plus d’argent pour travailler dans un bureau de9hà17 h, jepars en courant. »

Je n’avais pas de plan B après le bac ” C’est un choix de vie ”

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(Photos Jean-François Ottonello)
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