A gauche, Manuel Valls objet de tous les regards
Après le coup de tonnerre du renoncement de François Hollande à briguer un second mandat, Manuel Valls n’a pas tardé hier à faire comprendre qu’il allait rapidement officialiser sa candidature à la primaire d’une gauche en miettes. « Nous devons défendre le bilan, nous devons défendre cette action, et je le ferai, comme je le fais inlassablement dans les fonctions qui ont été les miennes depuis 2012 » , a déclaré le Premier ministre à l’occasion d’un déplacementàNancy. Accusépar des proches du président d’avoir précipité l’abandon de François Hollande en menaçant le week-end dernier de se présenter contre lui, Manuel Valls a de nouveau rendu hommage au choix « mûrement, longuement réfléchi » du Président, un choix « qui force le respect par sa dignité » . Deux questions se posent désormais pour le Premier ministre: quand se déclarer avant la date butoir pour les inscriptions à la primaire de la gauche, le 15 décembre? Et doit-il aussitôt quitter Matignon? Les noms du ministre de l’Intérieur BernardCazeneuve, qui a fait part de son « immense émotion » après l’annonce du Président, ou du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian circulent déjà pour succéderàValls. Arnaud Montebourg, premier candidatàavoir déposéses parrainages jeudi, aestiméqu’il serait « difficile » au Premier ministred’êtrecandidat en restant à Matignon. Point de vue partagé par le député Christophe Bor- gel, président du Comité national d’organisationdelaprimaire qui se tiendra les 22 et 29 janvier.
Le tacle de Hamon
Manuel Valls, qui devait participer et tenir un discours, aujourd’hui, au meeting de la « Belle alliance populaire » à Paris à l’appel du PS, ne s’y rendra finalement pas, a affirmé son entourage. « Onamaintenant probablement Manuel Valls qui sera candidat. Il a théorisé [l’idée de] gauches “irréconciliables”. Il me semble qu’aujourd’hui, il ne peut pas incarner l’avenir de la gauche » ,a déclaré Benoît Hamon, candidat à laprimaire. « Face au candidat ultralibéral [François Fillon, Ndlr], il n’est pas possibled’avoir un candidat social-libéral » , lui a fait écho Arnaud Montebourg. Certainsàgauchepoussent l’ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira, dont la ligne diffère nettement de celle de Manuel Valls, àse lancer dans la course. Une fois passée la primaire, le chemin restera semé d’embûchespour lecandidat PS, coincé entre le chef de « La France insoumise », Jean-Luc Mélenchon, et l’ancien ministrede l’Economie Emmanuel Macron fort de son mouvement « Enmarche », tous deux crédités de plus de 10% des intentions de vote. 1. Une décision approuvée par huit Français sur dix, selon un sondage Harris Interactive. Par ailleurs, leprésidentduModemFrançoisBayrou a salué une «décisionhonorable,mêmesielle aétécontrainteetforcée», tandis que Marine Le Pen a estimé que ce renoncement marque «l’échectrèslourdduquinquennat» .