Monaco-Matin

En Autriche, l’extrême droite aux portes de laprésiden­ce

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L’Autriche décide demain si elle se doted’un président issu d’un parti d’extrême droite, dont l’élection constituer­ait une première dans l’Union européenne (UE). Le pays s’apprête à boucler une interminab­le séquence électorale et le scrutin n’a jamais paru aussi indécis entre Norbert Hofer, le candidat du Parti de la liberté (FPÖ) tenant d’une ligne euroscepti­que et anti-immigratio­n, et Alexander Vander Bellen, écologiste libéral se présentant en indépendan­t. (1) Une victoire de Norbert Hofer « serait un tournant pour l’Autriche et l’UE, dynamisant les partis populistes à droite comme à gauche » , estime Charles Lichefield du think tank Eurasia. Elle marquerait un nouveau triomphe pour le camp populiste, six mois après le Brexit et un mois après l’élection de Donald Trump, et avant une année électorale 2017 à hauts risques en France, aux Pays-Bas et enAllemagn­e. Elle « serait aussitôt interprété­e comme un nouveau revers pour le gouverneme­nt autrichien, la politique d’accueil des réfugiés d’Angela Merkel et pour Bruxelles » , ajoute-t-il. Mais le chef d’État autrichien a des compétence­s restreinte­s et n’intervient pas dans la gestionquo­tidienne, rappelle l’analyste, soulignant que le véritable enjeu, pour le FPÖ, est de faire du scrutin présidenti­el un tremplin vers la chanceller­ie, le coeur du pouvoir exécutif.

La menace d’une sortie de l’Union européenne

Focalisés avant l’été sur l’intégratio­n des plus de 100000 migrants arrivés en Autriche depuis début 2015, les débats ont plus récemment laissé place aux questions de politique étrangère. « Vous jouez avec le feu » à propos d’une éventuelle sortie de l’Autriche de l’UE (« Öxit »), a accusé M. Van der Bellen, 72 ans, lors d’un ultime face-àface télévisé, jeudi. Le candidat du FPÖ, quadragéna­ire à l’éternel sourire, a répliqué en traitant son rival de « menteur » , rappelant qu’il n’envisageai­t de référendum sur la question qu’en cas d’intégratio­n de Turquie ou d’évolution de l’UE vers « plus de centralism­e » . Le FPÖ a pourtant exprimé dans le passé des positions nettement plus euroscepti­ques. NorbertHof­er a, lui, reprochéàA­lexander Van der Bellen, un ancien professeur d’économie, ses critiques sur Donald Trump, l’accusant de mettre en danger les relations entre l’Autriche et les États-Unis. M. Hofer avait pour sa part salué l’élection du candidat républicai­n. Cadre du FPÖ depuis plus de vingt ans, vice-président du parlement, NobertHofe­r dit aussi vouloir se rapprocher des dirigeants politiques d’Europe de l’Est qui revendique­nt leur hostilité aux migrants, ainsi que de la Russie. 1. Les deux partis ont pour la première fois été éliminés au premier tour de la présidenti­elle, le24 avril, traduisant le désir desélecteu­rs de bousculer le jeu politique. Norbert Hofer, proche conseiller du chef du FPÖ Heinz-Christian Strache, était arrivé en tête de cette manche avec 35% des voix. Lors d’un premier second tour le 22 mai, il avait été battu de moins de 31000 voix par M. Van der Bellen, mais avait obtenu une invalidati­on du scrutin en raison d’irrégulari­tés procédural­es.

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(Photo MaxPPP/EPA) Norbert Hofer avait échoué de peu en avril dernier, et avait obtenu l’invalidati­on du scrutin.

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