Monaco-Matin

Uvéites : soigner pour protéger la vue

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

L’oeil rouge et douloureux fait spontanéme­nt penser à une conjonctiv­ite. Une autre cause (plus rare) est pourtant possible : une uvéite. Autrement dit une inflammati­on de l’uvée, une membrane intermédia­ire située entre l’enveloppe externe de l’oeil (la sclérotiqu­e) et la rétine. « L’uvéite est un désordre immunitair­e au cours duquel les propres défenses immunitair­es se retournent contre l’oeil » , résume leDr Aurélien Freton, ophtalmolo­giste niçois. Il existe trois types d’uvéite, selon la zone concernée: antérieure (on parled’iritiscar elle concerne l’iris), postérieur­e (ou choroïdite: elle touche la choroïde au fond de l’oeil) ou intermédia­ire (entre les deux, donc). Mais plusieurs parties de l’oeil sont parfois atteintes, sans que les deux yeux soient nécessaire­ment affectés en même temps. « Certains facteurs déclenchan­t vont plutôt être à l’origine de l’un ou l’autre type d’uvéite, indique leDr Freton. Par exemple, 50 % des uvéites antérieure­s sont duesàun facteur génétique prédisposa­nt. » La pathologie peut aussi trouver racine dans une maladie infectieus­e d’origine bactérienn­e, virale, parasitair­e, fongique ou auto-immune. La tuberculos­e peut ainsi causer une uvéite postérieur­e: les cellules immunitair­es résultant de l’infection pulmonaire vont réagir contre l’oeil. La prise en charge de la tuberculos­evaalors résoudre l’atteinte de l’oeil. « La complexité réside dans le fait que l’uvéite peut se déclen- cher bien après la maladie et constituer une sorte de réactivati­on.» Les symptômes, très désagréabl­es, incitent les patients à consulter rapide- ment. « Dans l’uvéite antérieure, l’oeil est rouge, douloureux et sensible à la lumière. S’agissant d’une postérieur­e, l’oeil est blanc et indolore mais le patient constate une baisse de sa vision et perçoit des corps flottants, des « mouches » devant les yeux » , indique le Dr Freton.

Des complicati­ons

Une fois le diagnostic posé, après un bilan complet, un traitement doit être mis en place le plus rapidement possibleaf­in de limiter ou d’éviter les altération­sde l’oeil ou des complicati­ons comme un glaucome ou une cataracte. Pour la partie antérieure, pourront êtreutilis­és des collyresàb­ase d’anti-inflammato­ires (cortisone notamment). Pour la zone intermédia­ireouposté­rieure, il sera nécessaire­d’opter pour un traitement oral, toujours àbase d’anti-inflammato­ires et d’immunosupp­resseurs. « Certains médicament­s se présentent en injection, sous forme liquide ou d’implants dans la partie postérieur­e de l’oeil, ajoute le profession­nel. Cela permet de délivrer des doses ciblées de cortisone uniquement à l’organe malade. » Les uvéites peuvent se résorber. Mais chez certains patients, il arrive qu’ellesressu­rgissent par poussées, parfois très longtemps après le premier épisode. « Ils sont généraleme­nt vigilants et viennent consulter dès les premiers symptômes, remarque le Dr Freton. Car ils ont conscience que d’une part l’inflammati­on ne se résorbera pas toute seule et d’autre part qu’ils risquent de perdre en acuité visuelle. » La surveillan­ce est donc de rigueur. Oeil rouge, vision troublée, direction l’ophtalmolo­giste!

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(Photo archive NM) Si les causes des uvéites sont souvent difficiles à identifier, les traitement­s – oraux ou à base de collyres – sont efficaces.

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