Uvéites : soigner pour protéger la vue
L’oeil rouge et douloureux fait spontanément penser à une conjonctivite. Une autre cause (plus rare) est pourtant possible : une uvéite. Autrement dit une inflammation de l’uvée, une membrane intermédiaire située entre l’enveloppe externe de l’oeil (la sclérotique) et la rétine. « L’uvéite est un désordre immunitaire au cours duquel les propres défenses immunitaires se retournent contre l’oeil » , résume leDr Aurélien Freton, ophtalmologiste niçois. Il existe trois types d’uvéite, selon la zone concernée: antérieure (on parled’iritiscar elle concerne l’iris), postérieure (ou choroïdite: elle touche la choroïde au fond de l’oeil) ou intermédiaire (entre les deux, donc). Mais plusieurs parties de l’oeil sont parfois atteintes, sans que les deux yeux soient nécessairement affectés en même temps. « Certains facteurs déclenchant vont plutôt être à l’origine de l’un ou l’autre type d’uvéite, indique leDr Freton. Par exemple, 50 % des uvéites antérieures sont duesàun facteur génétique prédisposant. » La pathologie peut aussi trouver racine dans une maladie infectieuse d’origine bactérienne, virale, parasitaire, fongique ou auto-immune. La tuberculose peut ainsi causer une uvéite postérieure: les cellules immunitaires résultant de l’infection pulmonaire vont réagir contre l’oeil. La prise en charge de la tuberculosevaalors résoudre l’atteinte de l’oeil. « La complexité réside dans le fait que l’uvéite peut se déclen- cher bien après la maladie et constituer une sorte de réactivation.» Les symptômes, très désagréables, incitent les patients à consulter rapide- ment. « Dans l’uvéite antérieure, l’oeil est rouge, douloureux et sensible à la lumière. S’agissant d’une postérieure, l’oeil est blanc et indolore mais le patient constate une baisse de sa vision et perçoit des corps flottants, des « mouches » devant les yeux » , indique le Dr Freton.
Des complications
Une fois le diagnostic posé, après un bilan complet, un traitement doit être mis en place le plus rapidement possibleafin de limiter ou d’éviter les altérationsde l’oeil ou des complications comme un glaucome ou une cataracte. Pour la partie antérieure, pourront êtreutilisés des collyresàbase d’anti-inflammatoires (cortisone notamment). Pour la zone intermédiaireoupostérieure, il sera nécessaired’opter pour un traitement oral, toujours àbase d’anti-inflammatoires et d’immunosuppresseurs. « Certains médicaments se présentent en injection, sous forme liquide ou d’implants dans la partie postérieure de l’oeil, ajoute le professionnel. Cela permet de délivrer des doses ciblées de cortisone uniquement à l’organe malade. » Les uvéites peuvent se résorber. Mais chez certains patients, il arrive qu’ellesressurgissent par poussées, parfois très longtemps après le premier épisode. « Ils sont généralement vigilants et viennent consulter dès les premiers symptômes, remarque le Dr Freton. Car ils ont conscience que d’une part l’inflammation ne se résorbera pas toute seule et d’autre part qu’ils risquent de perdre en acuité visuelle. » La surveillance est donc de rigueur. Oeil rouge, vision troublée, direction l’ophtalmologiste!