Sida: le traitement de l’un protège l’autre Actu
Le 1er décembre était la Journée mondiale de lutte contre le VIH. Les chiffres montrent que la contamination stagne. De nouvelles stratégies de prévention pourraient l’endiguer
Aujourd’hui on ne guérit pas du Sida. Aucun vaccinn’en protège. Seulement, les recherches ont fait d’énormes progrès et désormais, on peut vivre avec la maladie. On peut même s’en prémunir en partie. Effectivement, depuis un an, la ministre de la Santé Marisol Tourraine a autorisé la prescription et le remboursement de la PrEP (prophylaxie pré-exposition), effectifs depuis le début de l’année 2016. « Il s’agit d’une nouvelle stratégie de prévention qui permet de diminuer de 86 % le risque de transmission du VIH » , souligne le Dr Pascal Pugliese, médecin au CHU de Nice et référent médical du COREVIH (Coordination Régionale de lutte contre le VIH de la région PACA Est). Concrètement, la PrEP s’adresse aux profils « à risque » de contamination: essentiellement des hommes et transsexuels ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes mais aussi au cas par cas des travailleurs(ses) du sexe, des personnes originaires de régions à forte prévalence (Afrique subsaharienne) et leurs partenaires, les usagers de drogues par voie intraveineuse... C’est le médecin qui détermine si la personne peut entrer dans ce programme.
« PrEPeurs » à Nice
Ceux qui sont concernés vont alors prendre ce traitement préventif, de manière régulière, ou juste avant (et juste après) un rapport sexuel. L’objectif est de limiter au maximum les risques de contamination grâce à des antirétroviraux qui vont, en quelque sorte, bloquer le virus. À noter que si le taux de contamination n’est « que » de 86 %, c’est parce que dans ce chiffre sont inclus ceux qui n’ont pas correctement pris la PrEP. Donc on peut esti- mer qu’une observance correcte du traitement protège quasi totalement du Sida. À Nice, ils sont déjà près de cent cinquante « PrEPeurs ». Le Dr Eric Cua, médecin au CHU, a étudié une première analyse à partir des cent premiers patients. « On constate que l’âge médian est de 40 ans. Manifestement, celamontre qu’il y a un travail d’informationàmener auprès des jeunes. 75 % avaient fait un test de dépistage moins de 3 mois avant de commencer la PrEP. Ce sont donc des personnes relativement bien informées. Et 71 % d’entre elles ont choisi le schéma intermittent c’est-à-dire Les TROD (test rapide d’orientation diagnostique) permettent un dépistage en quelques minutes. qu’ils prennent le traitement à l’occasion des rapports sexuels. En parallèle à leur prise de risque, on remarque que la moitié déclare utiliser de moins en moins le préservatif, 30 % presque tout le temps et 20 % quasiment plus du tout. Lamoitié de ces PrEPeurs consomment à l’occasion des drogues récréatives. » Ceux qui ont choisi de suivre la PrEP ont une vie sexuelle active. Ils s’engagent dans cette démarche pour minimiser les risques d’infections. Un moyen qui vient s’ajouter ,voire se substituer, à l’utilisation du préservatif, qui reste le meilleur moyen de prévention et le plus accessible puisque disponible pour tous et partout.
Capote: coup double avec les IST
D’ailleurs, la capote présente un atout supplémentaire puisqu’elle évite aussi la transmission d’IST (Infection sexuellement transmissible) telles que la chlamydia, blennorragie gonococcique (plus connue sous le doux nom de chaude-pisse) et autre syphilis. Le Dr Cua a ainsi relevé qu’ « une personne sur deux a eu une IST dans les 2 ans précédant la PrEP et 20 % en ont déclaré une au cours de la PrEP. » Les acteurs engagés dans la lutte contre le Sida, notamment le Collectif 06 de Lutte contre le Sida ( ont réalisé plusieurs opérations à l’occasion de la Journéemondiale le 1er décembre. Mais c’est auquotidien qu’ilspoursuivent leur combat en martelant leur message: se protéger et se faire dépister. 1. ASA BC, Actes, AIDES, Centre LGBT, CODES, Département 06, ENIPSE, Les Ouvreurs, Mutualité Française PACA, Planning familial, SIS-Animation