Monaco-Matin

Syndrome du bébé secoué Des pleurs fatals... Prévention

Un bébé qui pleure, un adulte impuissant à le calmer qui le secoue violemment… Et un bébé qui ne pleurera plus jamais, ou gardera des séquelles à vie...

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Mon bébé est tombé de la table à langer. » « Il s’est cogné la tête contre la table basse. » « Il vomit, il convulse, il a fait un malaise… » Des propos affolés de parents, conduisant leur bébé de quelques mois aux urgences pédiatriqu­es. Dans l’immense majorité des cas, l’inquiétude– et surtout les faits– sont bien réels. Parfois malheureus­ement, ils dissimulen­t une maltraitan­ce. On l’appelle le syndromedu bébé secoué. Cent vingtàdeux cent quarante enfants en seraient, chaque année, victimes. Près d’untiers décèdent, 15 % garderont des séquelles. Qui sont ces jeunes victimes? D’après les études, il s’agit « de nourrisson­s de moins d’un an dans leur majorité, plutôt de sexe masculin, souvent nés prématurém­ent et issus de grossesse gémellaire » , précise le Dr Michèle Berlioz-Baudoin, chef du service de pédiatrie du CHPG, àMonaco.

Un syndrome sous- diagnostiq­ué

Si les symptômes associésàc­esyndromes­ontparfois très « bruyants » ( lire plus loin), il arrive, aussi, qu’ils soient plusdiscre­ts, doncdiffic­iles à repérer. « Il y a certaineme­nt de nombreux cas non diagnostiq­ués. Lorsqu’il y a peu de symptômes, les parents ne consultent pas. Pourtant, le risque de séquelles existe, même dans ce cas. » Des séquelles neurologiq­ues quasi systématiq­ues et toujours graves: « handicapmo­teur ou troubles visuels dont la cécité, épilepsie, déficit intellectu­el, troubles sévères du comporteme­nt : instabilit­é psycho-motrice, agressivit­é...» Le Dr Berlioz-Baudoin organisait, cette semaineàMo­naco, une soirée de formationà­destinatio­n des profession­nels (150 étaient présents) pour les sensibilis­eràcesyndr­ome, décritpour la première foisdans les années cinquante. « Un faisceau d’arguments peuvent éveiller les soupçons: un récit peu cohérent de la part des parents, l’existence d’un traumatism­e crânien avec des lésions cérébrales radiologiq­ues ca- ractéristi­ques (hématome sousdural), d’hémorragie­s rétinienne­s (visibles surun fond de l’oeil). » Les conséquenc­es de gestes brutaux sur l’enfant, balancé d’avant en arrière, alors qu’il tient encore mal sa tête et qu’elle est très lourde. Si la chuteest souvent évoquée par celui (celle) quiacommis­ces actes, certains éléments peuvent le contredire. « Une chute est peu compatible avec des lésions diffuses dans le cerveau. » Mais qu’est ce qui pousse un adulte à commettre des actes aussi abjects sur un nourrisson de quelques mois? « Le facteur déclenchan­t, ce sont souvent les pleurs du bébé qui vont exaspérer l’adulte, au point qu’il va prendre le bébé et le secouer violemment. » Prévenir ce syndrome passe ainsi par une informatio­n sur l’origine de cespleurse­t surtout laconduite à tenir pour éviter un dramatique dérapage. « C’est normal, physiologi­que de pleureràce­t âge, insiste le Dr Berlioz-Baudoin. Un nourrisson peut pleurer2 heures par jour, voire d’affilée, il n’y a pas motif à inquiétude s’il ne manifeste aucun symptôme (fièvre…). Ces pleurs sont sa seule façon de s’exprimer… » Coucher le bébé sur le dos, quitter la pièce,

appeler un proche, son médecin, un voisin… Mais surtout éviter l’exaspérati­on. « Certains parents ne se rendent même pas compte de la gravité de leur acte. Ils ont cédé à l’exaspérati­on et secoué le bébé. Mais, il faut savoir qu’un seul secouement violent suffit à produire des conséquenc­es tragiques. » Pour l’enfant, mais aussi pour le parent, condamné à assister à vie cet enfant.

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(DR) Cédant à l’exaspérati­on, l’adulte se saisit du bébé qui pleure et le secoue… mortelleme­nt.

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