Hépatite C : l’éradication à nos portes
Le 25 mai dernier, laministre de la Santé déclarait en ouverturede laJournéede lutte contre les hépatites virales: Avec « les nouveaux traitements contre l’hépatiteC, nous avons pour la première fois, l’espoir de mettre fin à l’épidémie. [...] La France est aujourd’hui le seul paysàmettre àdisposition des patients certains traitements avantmême leur autorisation de mise sur le marché, grâceàunsystème d’ATU unique au monde. C’est ce qui nous a permis de commencer la prise en charge des patients bienavant les autres pays européens. Le système de santé français garantit l’accès de tous aux traitements, sans discrimination. Ce doit être le cas des traitements innovants comme des autres. Les recommandations de la HAS (Haute Autorité de la santé) nous ont conduits, jusqu’à présent, à traiter en priorité les patients dont l’état de santé était le plus grave. [...] Dans ce cadre, nous avons traité plusde30000malades, et plus de 90 % d’entre eux n’ont plus [...] de trace de présence du virus dans leur organisme. Aujourd’hui, jedécide l’accès universel aux traitements de l’hépatite C. »
Traitement et dépistage universels
Ces mots résonnent encore dans les oreillesduDr Denis Ouzan, hépatologue niçois engagé depuis des décennies dans la lutte contre l’hépatite C. « Le traitement peut, désormais, être prescrit dès le stade de gravité moyen et quel que soit le stade de la maladie en cas d’infection de génotype 3, de transplantationd’organe, d’hémodialyse, de symptômes comme une fatigue intense. Le traitement peut aussi être prescrit chez toutes les personnes à risque élevé de transmission du virus telles que les usagers de drogues avec échange de matériel, les détenus, les femmes ayant un désir de grossesse », résume le spécialiste. Et toujours selon lui, l’ouverture des traitements de l’hépatite C à tous les malades, quelle que soit la gravité de leur infection, serait imminente. « Le prix très élevé de tous les traitements doit néanmoins être revu à la baisse » , admet-il. Mais ce que cet hépatologueaen lignedemire, c’est l’éradication pure et simple de ce virus. Un objectif qui ne pourraêtre réellement atteint que lorsque tous les porteurs du virus connaîtront leur statut sérologique. « On estime à 70000 de nombre de sujets qui restentàdépister pour l’hépatite C. » Une situation qui s’apparenteàcelle du VIH, puisque l’on estimeàenviron 16 % le pourcentage de personnes séropositives qui n’ont pas encore été diagnostiquées. « Les personnes suivies et traitées pour le VIH peuvent prétendre à une espérance de vie proche de celle de la population non infectée et les traitements annulent le risque de transmission du VIH au(x) partenaire(s). Connaître son statut sérologique pour le VIH est donc primordial pour pou- voir bénéficier d’un traitement et d’un point de vue collectif réduire l’épidémie de sida. » Faceàuntraitement universel, un dépistage universel à la fois pour les virus B, Cet VIHaainsi été recommandé le 16 octobre dernier (Rapport Dhumeaux). « Faitesvous dépister au moins une fois pour les trois virus: hépatite B, C et VIH, si vous ne l’avez pas fait auparavant. » Un message que le réseau ville hôpital hépatite C a relayé pendant 15 jours à tous les habitants des Alpes-Maritimes, département très touché par ces deux épidémies. « Il faut en parler à son médecin ou se rendre directement dans un centre de dépistage anonyme et gratuit. Ce dépistage n’est pas à craindre car des traitements efficaces et bien tolérés existent pour les trois virus, insiste leDr Ouzan. La combinaison du traitement et du dépistage universel permet d’espérer raisonnablement que demain on pourra tourner définitivement la page de ces virus qui ont fait tant de victimes.