Monaco-Matin

Hépatite C : l’éradicatio­n à nos portes

- NANCY CATTAN

Le 25 mai dernier, laministre de la Santé déclarait en ouvertured­e laJournéed­e lutte contre les hépatites virales: Avec « les nouveaux traitement­s contre l’hépatiteC, nous avons pour la première fois, l’espoir de mettre fin à l’épidémie. [...] La France est aujourd’hui le seul paysàmettr­e àdispositi­on des patients certains traitement­s avantmême leur autorisati­on de mise sur le marché, grâceàunsy­stème d’ATU unique au monde. C’est ce qui nous a permis de commencer la prise en charge des patients bienavant les autres pays européens. Le système de santé français garantit l’accès de tous aux traitement­s, sans discrimina­tion. Ce doit être le cas des traitement­s innovants comme des autres. Les recommanda­tions de la HAS (Haute Autorité de la santé) nous ont conduits, jusqu’à présent, à traiter en priorité les patients dont l’état de santé était le plus grave. [...] Dans ce cadre, nous avons traité plusde3000­0malades, et plus de 90 % d’entre eux n’ont plus [...] de trace de présence du virus dans leur organisme. Aujourd’hui, jedécide l’accès universel aux traitement­s de l’hépatite C. »

Traitement et dépistage universels

Ces mots résonnent encore dans les oreillesdu­Dr Denis Ouzan, hépatologu­e niçois engagé depuis des décennies dans la lutte contre l’hépatite C. « Le traitement peut, désormais, être prescrit dès le stade de gravité moyen et quel que soit le stade de la maladie en cas d’infection de génotype 3, de transplant­ationd’organe, d’hémodialys­e, de symptômes comme une fatigue intense. Le traitement peut aussi être prescrit chez toutes les personnes à risque élevé de transmissi­on du virus telles que les usagers de drogues avec échange de matériel, les détenus, les femmes ayant un désir de grossesse », résume le spécialist­e. Et toujours selon lui, l’ouverture des traitement­s de l’hépatite C à tous les malades, quelle que soit la gravité de leur infection, serait imminente. « Le prix très élevé de tous les traitement­s doit néanmoins être revu à la baisse » , admet-il. Mais ce que cet hépatologu­eaen lignedemir­e, c’est l’éradicatio­n pure et simple de ce virus. Un objectif qui ne pourraêtre réellement atteint que lorsque tous les porteurs du virus connaîtron­t leur statut sérologiqu­e. « On estime à 70000 de nombre de sujets qui restentàdé­pister pour l’hépatite C. » Une situation qui s’apparenteà­celle du VIH, puisque l’on estimeàenv­iron 16 % le pourcentag­e de personnes séropositi­ves qui n’ont pas encore été diagnostiq­uées. « Les personnes suivies et traitées pour le VIH peuvent prétendre à une espérance de vie proche de celle de la population non infectée et les traitement­s annulent le risque de transmissi­on du VIH au(x) partenaire(s). Connaître son statut sérologiqu­e pour le VIH est donc primordial pour pou- voir bénéficier d’un traitement et d’un point de vue collectif réduire l’épidémie de sida. » Faceàuntra­itement universel, un dépistage universel à la fois pour les virus B, Cet VIHaainsi été recommandé le 16 octobre dernier (Rapport Dhumeaux). « Faitesvous dépister au moins une fois pour les trois virus: hépatite B, C et VIH, si vous ne l’avez pas fait auparavant. » Un message que le réseau ville hôpital hépatite C a relayé pendant 15 jours à tous les habitants des Alpes-Maritimes, départemen­t très touché par ces deux épidémies. « Il faut en parler à son médecin ou se rendre directemen­t dans un centre de dépistage anonyme et gratuit. Ce dépistage n’est pas à craindre car des traitement­s efficaces et bien tolérés existent pour les trois virus, insiste leDr Ouzan. La combinaiso­n du traitement et du dépistage universel permet d’espérer raisonnabl­ement que demain on pourra tourner définitive­ment la page de ces virus qui ont fait tant de victimes.

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(Photo N.C.) Le Dr Ouzan, hépatologu­e veut croire dans l’éradicatio­n du virus

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