Cancer colorectal avec des métastases: pas de fatalité Soins
Autrefois considéré comme redoutable, ce cancer a bénéficié des progrès combinés de la chimiothérapie et de la chirurgie. Ils ont permis d’en bouleverser le pronostic
Une règle prévautdans letraitement des cancerscolorectaux qui ont formé des métastases au foie: « Tout faire pour amener les patients à la chirurgie. C’est en effet le meilleur traitement que l’on peut offrir pour amener le plus de malades possible à la guérison » , affirme avec force le Dr JeanPierre Cohen, chirurgien digestif au sein des Cliniques Arnault-Tzanck de Mougins Mais avant de passer aubloc, il est important de réduire l’étendue et le nombre de ces métastases hépatiques. Et c’est là que la chimiothérapie entre en scène, chaque année, enrichie de nouvelles molécules. « Lachimiothérapie évolue de façon quasi permanente, confirme le Dr Cohen. Outre la chimio traditionnelle, on dispose désormais de molécules antiangiogéniques [qui inhibent la formation des vaisseaux qui « nourrissent » la tumeur, ndlr], d’immunothérapies, mais aussi de plusieurs thérapies dites ciblées, qui tiennent compte des caractéristiques génétiques de chaque tumeur » . Autant de molécules qui permettent aujourd’hui de réduire considérablement, voire de faire disparaître les métastases hépatiques. Àces progrès dans le champ pharmacologique, il faut ajouter ceux de l’anesthésie. « On peut aujourd’hui endormir despatients beaucoupplus fragiles et pendant unepériode plus longue, en toute sécurité. » Résultat: de plus en plus de patients que l’on parvientàconduire au bloc. Etd’autant plus « aisément » que les techniques chirurgicales ont considérablement évolué, elles aussi. « Deplus en plus sophistiquées et agressives, elles permettant d’opérer des malades qui, il y a quelques années encore, étaient considérés commeinopérables, les tumeurs étant trop étendues au niveau du foie », se réjouit le chirurgien.
Bistouris ultrasoniques
Ces progrès sont trop nombreux pour les énumérer ; aussi le spécialiste se contente de citer « certains types debistouri ultrasoniques, mais aussi l’IRM permettant un repérage préopéra- toire très précis des tumeurs… » Les évolutionssur tous les fronts de la prise en charge ont bouleversé le pronostic– encore très sombre ilyaquelquesannées– deces cancers. « Lorsque l’on a commencé à opérer ces métastases hépatiques, il y a trente ans, la majorité des patients mourraient dans les cinq ans. Depuis, chaque année, on grignotedes pourcentages, en combinant les progrès de la chimiothérapie et de la chirurgie. » Des pourcentages qui correspondent à des milliers de vies sauvées. Rappelons, en effet, que le cancer colorectal est l’un des plus fréquents en France; plus de 40000 nouvelles personnes sont concernées chaque année. Dont un nombre non négligeable
va développer des métastases hépatiques, le foie étant un très bon « lit » pour les cellules cancéreuses qui s’échappent du côlon. L’occasionderappeler s’il est nécessaire l’intérêt majeur de le dépister ce cancer à un stade précoce, lorsqu’il n’est encorequ’au stade de polypes. 1. Il organisait le 15 novembre dernier, en tant que président de la Société médicale de l’espérance des CliniquesArnaultTzanckdeMougins, uneréunionsur le thème : « Métastases hépatiques des cancers colorectaux: vers la fin d’une fatalité » , avec un invité prestigieux, le Pr RenéAdam de Villejuif.