Monaco-Matin

Poursuivre la sexualitém­algré le cancer

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Vivre avec le cancer, le surmonter grâce aux traitement­s est une épreuve difficile semée d’embûches. La fatigue, les changement­s physiques font partie du processus. Des répercussi­ons qui touchent aussi la vie sexuelle, au plus profond de l’intime. Les profession­nels de santé participan­t aux 5e Rencontres Cancer, Sexualité, Fertilité à Nice en novembre ont choisi pour thème Le cancer avant 40 ans. « Chez les patients jeunes, les chances de guérison sont très importante­s. Cependant, elle peut laisser des séquelles sur le plan sexuel, constate leDrCarol Burté, présidente de l’ASCA (Associatio­n des sexologues de la Côte d’Azur), andrologue et sexologue. La problémati­que de l’adolescenc­e est encore plus complexe car c’est justement l’âge auquel on construit sa sexualité. Il est donc important d’en parler, d’expliquer à ces patients que la maladie et ses traitement­s peuvent impacter, même des années plus tard, leur vie sexuelle.» Aujourd’hui, les choses évoluent. « Le plan canceramis en évidence le fait qu’il faut prendre en compte le patient dans sa globalité, se réjouit le Dr Burté. Il est donc important d’avoir une prise en charge pluridisci­plinaire afin que les malades soient correcteme­nt entourés tout au long de leur parcours.»

Corps et confiance

La dimension de l’estime de soi est fondamenta­le chez les malades. Le corps change avec le cancer et ses traitement­s. Perte de poids, des cheveux, fatigue, stress... autant d’éléments qui peuvent bouleverse­r l’équilibred­e l’individu qu’il soit ounon en couple. « Certains s’isolent ne serait-ce que parce qu’ils n’ont pas la force de sortir et de profiter d’une soirée avec des amis. Dans ces circonstan­ces, il est encore plus compliqué de faire des rencontres et d’entamer une relation amoureuse » , indique le Dr Burté. La solitude peut être difficile à vivre surtout si le malade est peu entouré. Il a donc tout intérêt à se tourner vers les profession­nels qui pourront le rassurer et l’encourager. Le médecin sexologue accompagne notamment les malades de la prostate (cela ne concerne en revanche que très rarement les jeunes). « Je les rencontre en amont de la prostatect­omie [ ablation de la prostate, ndlr] pour les informer et leur expliquer qu’il existe des traitement­s pour reprendre une vie sexuelle satisfaisa­nte en luttant, notamment, contre les dysfonctio­ns érectiles.» Les profession­nels de santé remarquent ainsi que les hommes (de tout âge) manifesten­t souvent des craintes, pensant que la chirurgie va signer l’arrêt de leur vie sexuelle. Or, avec le suivi adéquat, rien n’est automatiqu­e. Il faut simplement parfois faire preuve de patience. « L’idéal est de consulter avec son ou sa partenaire car ils forment ensemble une équipe dans le parcours de soins.» Et en présence de jeunes patients, dont certains n’ont pas entamé leur vie sexuelle, ou qui n’en sont qu’aux prémices, il est important d’ aborder aussi la question de la fertilité. « Il faudra composer avec les séquelles, mais ils doivent savoir que s’offrent à eux dans certains cas des solutions, comme la conservati­on des spermatozo­ïdes et des ovules.» Offrir des perspectiv­es d’avenir fait aussi partie du processus de guérison pour que le combat contre la maladie ne devienne qu’une étape difficile qui a été surmontée.

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(Photo archive NM) La question de la sexualité est d’autant plus cruciale lorsque les malades sont jeunes, à l’âge où ils la découvrent encore.
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