Isola et Auron donnent le topdépart de lasaison
Après un « hiver sans neige », les stations comptent sur une météo à nouveau favorable pour se relancer. Hier, les skieurs impatients se sont rués dans la Tinée
La ruée vers l’or blanc a été à la mesure de l’attente. Hier, skieurs et surfeurs ont pris d’assaut Isola 2000 et Auron, pour le coup d’envoi de la saison2016-17 de glisse. Aprèsun « hiver sans neige » ou presque, et une précédente saison où Isola avait été quasi seule à surnager, la promesse d’une saison faste a redonné des couleursàtous les amateurs demontagne blanche. Et à tous ceux qui en dépendent. Avec 130 cm de neige au sommet et deux domaines sur trois ouverts (Lombarde et Pelevos), Isola2000 adémarré la saison dans le bon tempo, au rythme de l’IceDJ Festival concocté par Nice-Matin. Auron, tant frustrépar lemanque de neige l’an passé, en recense jusqu’àunmètre etapuouvrir dès ce week-end le domaine de Las Donnas. La station fermera dans la semaine pour rouvrir en grand samedi prochain. « Ouvrir aussi tôt, avec de la neigenaturelle jusqu’à 2000m, voilà bien trois ans que ça n’était pas arrivé, se réjouit Jean-Marc Bérard, directeur général de la Société d’economie mixte(SEM) des cimes du Mercantour. C’est un très bon départ. Les commerçants sont contentset onpeut déjà embaucher les saisonniers. Les clients étaient impatients: depuis qu’on a annoncé qu’il avait neigé, les réservations flambent. Ça donne une très bonne dynamique. »
Humbles face à la montagne
De quoi relancerunemachine qui avait toussoté l’andernier, dans les AlpesduSudcommedans toute l’Europe. Mais n’allez pas parler « revanche » àJean-MarcBérard. « Cen’est pas une revanche. On reste humble face à lamontagne. On sait qu’on doit faire avec, se réjouir quand la neige est là et faire le dos rond quand elle ne l’est pas. » La faute au réchauffement climatique? Ce professionnel croit d’avantage aux « cycles. Et là, avec la neigenaturelle et le froid qui rentre, ça semble bien parti… ». Pas question de crier victoire tropvite. Nidedépendredes seuls éléments naturels. En attestent les dizaines de millionsd’euros investis, année après année, par les collectivités locales. Crééen2003, leSyndicatmixtedes stations du Mercantour (Isola 2000, Auron, Saint-Dalmasle-Selvage), aubudget largement abondé par la Métropole Nice-Côte d’Azur, ne lésine pas sur les infrastructures et canonsàneige. « Grâceàcela, on arrive à ouvrir en temps et en heure » , souligne Jean-MarcBérard. De son côté, le Syndicat mixte pour le développement de la Vésubie et du Valdeblore, créé en 2011, adéjà investi 50millionsd’euros, essentiellement assumés par le Département. Ses dernières créations: la tyrolienne de La Colmiane, le Vésúbia Mountain ParkàSaint-Martin-Vésubie ou le centrethermal de Roquebillière-Berthemont-les-Bains… en attendant l’extension du parcAlphaaux chamois.
Du ski, mais pas seulement
« On a voulu créer un parc naturel de jeux à ciel ouvert dans la vallée, avec des activités praticables en toute saison, que l’on soit sportif aguerri ou en famille, explique Christophe Di Fraja, directeur dusyndicatmixtevésubien. Ilyaune volonté de maintenir une économie de montagne très importante, et d’offrir aux visiteurs une activité maintenue en toutes saisons. » Ultime paradoxe: les stationsdeski serviraient de moins en moins à… skier. « Nombreux sont ceux qui viennent aux sports d’hiver mais ne skient pas, observe-t-on à l’office du tourisme de Valberg. Voilà pourquoi onaune offre complète en plus du ski. » Investir. Diversifier. Tels semblent être les clés pour pérenniser l’emploi en stations, et exploiter le formidable potentiel de l’arrière-paysazuréen. Jean-Paul Rouquier, directeur de Gréolières-les-Neiges, atteste de l’importance de tels investissements par temps de disette neigeuse: « C’était toujours nécessaire, mais là ça devenait urgent. Les clients veulent une ouverture toujours plus précoce. On ne peut plus se permettre d’attendre la neige! Sinon, ils vont ailleurs… » Que les puristes se rassurent: la neige, cette bonne vieilleneige naturelle, est bien attendue cet hiver. Jean-Paul Rouquier en veut pour preuve l’historique des stations: « Après deux saisons difficiles, ça devrait être la bonne! »