Au chevet des sentiers sous-marins
Durant deux jours à Cap-d’Ail , des spécialistes ont planché sur la pratique responsable des randonnées subaquatiques
Aller dans l’eau avec un masque, c’est une activité qui est très vieille et évidente pour tout le monde mais, finalement, on est en train de l’organiser. On est des pionniers et on y va petit à petit. » Au terme d’une journée d’échanges avec ces camarades de la Communauté des sentierssous-marins de la façade méditerranéenne, Cédric Palerme, animateur du Centre de découverte du monde marin de Nice, résume lebut poursuivi par ce séminaire annuel réunissant les « gardiens » de différents sanctuaires aquatiquesentre Marseille et Menton. Fédérésdansune communautédepuis 2007, ces différents opérateurs ont la lourde tâche d’édicter des règles communes tendant à une pratique vertueuse de la randonnée aquatique. En somme, promouvoir un éco-tourisme responsable grâce à un socle de valeurs communes ensuite prêchées par les encadrants de ces sentiers méditerranéens.
Un système participatif
Un challenge essentiel tant la discipline connaît un « boom » selon Céline Brossard, directrice du Centre de découverte du monde marin de Nice. « Ce qu’on constate, c’est qu’on a de plus en plus de vendeurs de matériel. C’est un bon indicateur pour savoir que, potentiellement, des gens sont là pour l’acheter et que du coup, sur le terrain, il y a des encadrements qui ne sont pas respectueux pour l’environnement. Il faut cadrer un peu plus la pratique et accompagner les gens. » Comprenez, plus de gens dans l’eau livrésàeux-mêmes, plus de clubs indépendants et toujoursplus de comportements négligents et dangereux pour la faune et la flore marine. Dans cette optique, les séminaristes ne sont évidemment paspartis de zéro puisqu’un guide, un référentiel édicté par leurs soins, est déjà disponible en téléchargement sur Internetdepuis plusieurs mois. Reste à l’étayer de don- nées grâceàunsystème « participatif et une amélioration continue » . Le nerf de la guerre: l’échange de données. D’où ce séminaireàCap-d’Ail qui réunissait autour de la table des acteurs commeFranck, chargédemissionéducation-environnement au Parc national de Port-Cros – 1er sentier sousmarin créé en 1979– et des représentants des mairies de Villefranche-sur-Mer et Antibes, désireux d’établir un sentier sous-matin dans leurs eaux.
Se reconcentrer sur l’activité plus que le lieu
Autant de contributions et un travail main dans la main que Céline Brossard espère un jourvoir aboutir à lacréation d’un « label ». « On est désormais plus dans une démarche de qualité avec une définition de critères » , avance en effet Mathieu Girard, opérateur à La Ciotat. Une quête vers une unité de discours chez les encadrants pour préserver les fonds marins du Sud, la communauté ayant ses pendants dans leLanguedoc et en Corse. C’est d’ailleurs sur cette question de l’éducation du grand public que les premiers débats ont porté entre séminaristes. L’idée étant d’amener le public à la communauté, pour qu’il acquière de bons réflexes, encore faut-il que ce public connaisse et comprenne l’action de la communauté des sentiers sous-marins. Or, actuellement, la dénominationn’est pas des plus lisibles. « On réfléchit à réactualiser les termes. Celui de sentiers sous-marins correspond à un lieu générique pour les gens alors qu’il englobe l’activité et l’outil pour nous. C’est vrai que ce n’est pas forcément très clair. Il faut peut-être qu’on revienne sur l’activité, la randonnée subaquatique, car c’est plus de l’activité que du lieu qu’on parle » , admet Cédric Palerme. Des détails qui pourraient doper l’aura d’unecommunauté subventionnée par la Région et le Réseau mer.