Les fillonistes élèvent le débat sur la religion
Après l’élection, la réflexion. Moins d’une semaine après le second tour la primaire de la droite et du centre, la famille filloniste s’est retrouvée pendant deux jours dans le Vald’Oise à l’occasion des Entretiens de Royaumont. Cette grand-messe annuelle de réflexion politique organisée dans une abbaye cistercienne par Jérôme Chartier, fidèle de la première heure et porte-parole de François Fillon, a réuni 700 chefs d’entreprise, experts et élus autour d’un thème ô combien d’actualité : « Croyant et citoyen ». Des débats sans tabou qui ont rassemblé des représentants de toutes confessions, du cardinal Barbarinau recteur de la grande mosquée de Bordeaux, TarekOubrou, en passant par les présidents de la Fédération protestante de France et du Conseil français du culte musulman. OEcuménisme également côtépolitique. Présent vendredi, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve –« un des rares socialistes à n’être candidat à rien » –, est venu louer une laïcité en dialogue avec les religions, citant Jean Paul II et le pape François. Valérie Pécresse, qui a visiblement reçu l’absolution après son ralliement tardifmais vainàAlain Juppé, a plaidé de son côté « pour une laïcité ouverte et non sectaire ».
Ils croient et y croient
Contrairement à son habitude, FrançoisFillon, sur son nuage depuisdimanche, n’a pas fait le déplacement, cette année, chez son ami Chartier. Bien évidemment présent dans l’esprit de tous lesparticipants, l’ex-Premier ministre a laissé le champ libre à sa garde rapprochée, à commencer par Gérard Larcher qui a ouvert les débats hier matin. « Je suis croyant, avec des doutes. J’ai fait au fil du temps le choix du protestantisme », a expliqué le président du Sénat, confessant même : « Jean XXIII était un héros à la maison quand j’avais douze ans ! » Assurant qu’ « il n’y a pas d’antagonisme » entre son engagement et son implication en politique, GérardLarcher a pointé « le danger de l’ignorance du religieux par le politique». Autre lieutenant de François Fillon, Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, a débattu avec le député-maire socialiste de Sarcelles, François Pupponi et estimé que « quand des jeunes Français partent en Syrie ou en Irak et déchirent leur carte d’identité, c’est que l’intégration a échoué » .
Foi en leur champion
Enfin, Henri de Castries, président de l’Institut Montaigne, que beaucoup imaginent déjà dans un futur gouvernement Fillon, aexpliqué en quoi sa foi influence son action. Celui qui se décrit comme un « citoyen croyant engagé » a vanté les vertus du courageet livré sa définition du dirigeant : « Quelqu’un qui met son énergie et son talent au service de son organisationet des hommes dont il a la charge, et qui doit s’effacer devant cette mission. » Si certains ont cru reconnaître dans cette descriptioncelle du vainqueur de la primaire de la droite, il ne faut surtout pas y voir un hasard. Croyants ou pas, les fillonistes ont plus que jamais foi en leur champion.