Un grand vide
Je suis un peu triste. J’ai perdu une cible sur laquelle je tirais depuis un peu plus de cinq ans car j’avais commencé avant tout le monde. Je m’étais attaché à ce personnage rondouillard que son tailleur et son chemisier s’étaient interdits de déformer par la moindre élégance. Je me suis délecté de ses mésaventures en oubliant que, parfois, c’était celles de la France. J’ai suivi ses ruptures et ses amours en m’émerveillant qu’un homme à femmes ait si peu de charme à leur offrir. J’ai daubé sur le rythme syncopé de son élocution avant de saisir l’utilité des paliers offerts à sa réflexion politique. Je l’ai vu, non sans inquiétude, tenter de passer du statut de chef des armées au rôle de chef de guerre. Mais autant j’avais compris que Valérie Trierweiler, congédiée par une dépêche de mots à l’AFP, se vengea dans les librairies, autant la parution d’un livre de confidences inconvenantes ou sans intérêt m’a surpris. Je sais maintenant que c’était le début d’un suicide. Et que le désespéré n’avait voulu laisser à personne le plaisir de le dynamiter. Je conserverai de lui le souvenir d’un petit bonhomme agité qui secouait les mains sur le perron de l’Elysée comme dans son enfance il faisait tomber les châtaignes à Tulle. Il risque de ne pas occuper dans nos manuels d’histoire plus de place que les programmes de son amie Belkacem n’en ac
corde désormais à Napoléon.