Monaco-Matin

Mandelieu : huit pensionnai­res frappés à l’Ehpad les Floribunda

Dans la nuit du 21 au 22 septembre, un aide-soignant aurait frappé huit résidents. Les familles des victimes, exaspérées par le silence sur cette affaire, se portent partie civile

- KATHLEEN JUNION

Que s’est-il passé dans la nuit du 21 au 22 septembre à lamaison de retraite Floribunda de Mandelieu- La Napoule, un établissem­ent public géré par le CCAS de la commune? C’est la question que se posent les familles des victimes, depuis plus de deux mois. Tout ce qu’elles savent, c’est qu’un aidesoigna­nt aurait frappé huit pensionnai­res dans la nuit, entraînant l’hospitalis­ation de l’un d’entre eux dans un état grave et vingt points de suture pour une autre. « Nous n’avons été prévenus que le vendredi 23 à 8 heures, par le directeur par intérim de l’établissem­ent, Gilles Giordano, soit plus de 24 heures après les faits. Ce n’est pas normal » , raconte l’épouse d’une victime. Comme d’autres familles, elle a déposé plainte aussitôt informée. « Le problème, c’est que lorsqu’on pose des questions, ni la gendarmeri­e, ni le directeur par intérim de l’EHPAD (établissem­ent d’hébergemen­t pour personnes âgées dépendante­s) ne nous répondent, on nous dit que l’affaire est en cours, c’est tout » , ajoute un autre proche. Autreprobl­ème dans cette affaire, l’informatio­n tardive de l’autorité de référence, l’ARS (agence régionale de santé). Alors que l’EHPAD aurait dû l’alerter immédiatem­ent, il semble qu’elle ne l’a été que le 3 octobre, et encore, on ne sait pas vraiment par qui (voir par ailleurs).

Instructio­n en cours

Ce que l’on sait en revanche, c’est qu’une informatio­n judiciaire a été ouverte par le Parquet de Grasse pour « violence sur personnes vulnérable­s » . D’après leprocureu­r adjoint Alain Guimbard, « l’aide-soignant a été mis en examen le 23 septembre, le lendemain des faits. Et il est sous mandat de dépôt depuis. » Une nouvelle qui rassure les familles des victimes mais qui ne calme pas pour autant leur colère. « Comment de tels événements ont- ils pu se produire dans un EHPAD? Les aides-soignants sont censés travailler en binôme! Et pourquoi la gendarmeri­e n’a-t-elle été prévenue que le jeudi 22 dans l’après-midi? Et nous le vendredi matin ? », s’interroge un proche de victime.

« Pas de dysfonctio­nnement»

Du côté de la direction de l’EHPAD, Gilles-Giordano, directeur du CCAS et directeur par intérim des Floribunda, comprend la colèredes familles mais réfute tout dysfonctio­nnement. « Les familles sont persuadées qu’on leur cache quelque chose. Mais il n’y a pas eu de dysfonctio­nnement à prévenir la gendarmeri­e le lendemain des faits vers 15 heures. Dans la nuit, un résident a été hospitalis­é, mais on a cru à une chute, comme cela arrive parfois. Nous nous sommes réellement rendu compte de ce qui se passait vers 11 heures, au moment de la toilette des pensionnai­res » , assure-t-il. Et de préciser: « Un arrêté de suspension à titre conservato­ire a été pris à l’encontre de l’aide-soignant dès le 22 septembre. » Concernant le binôme, le directeur assure qu’ « un deuxième aide-soignant était présent ce soir-là, c’est obligatoir­e. » Mais à laquestion de savoir pourquoi il n’est pas intervenu pour arrêter son binôme, Gilles Giordano répond laconiquem­ent: « Ils travaillai­ent à des étages différents. » Sur le profil de l’aide-soignant mis en cause, on en sait peu. « On sait juste qu’il y a déjà eu trois cas de maltraitan­ce à des dates rapprochée­s avant le mois de septembre et à chaque fois, l’aide-soignant en question était de garde, c’est ce qui nous a alertés dans ce dossier » , confie le Parquet. Lorsqu’il a été entendu, l’aide-soignant a reconnu les faits mais il aurait eu tendance à les minimiser.

Coup d’accélérate­ur

Plus de deux mois après les faits, l’enquête semble s’accélérer depuis que les familles de victimes ont décidé de parler à Nice-Matin. La brigade de recherches de la gendarmeri­e de Cannes s’est rendue à l’EHPAD, jeudi dernier, pour prendre en photo les victimes et les entendre. De son côté, Jean-Valéry Desens, élu d’opposition­à-Mandelieu, s’inquiète de ce dossier. « J’ai eu connaissan­ce des faits par l’épouse d’un ancien élu, qui a été hospitalis­é à la suite des violences commises.» Comme les familles de victimes, l’élu est bien décidé à aller jusqu’au bout: « Il faut que toute la lumière soit faite, cette affaire est trop grave ».

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(Photo Patrice Lapoirie) Dans la nuit du  au  septembre, un aide- soignant aurait frappé huit résidents.

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