Monaco-Matin

Façonnable solde son siège social à Nice

L’Espagnol « Pepe Jeans », qui vient de racheter la griffe niçoise en grande difficulté financière, taille dans le vif: fermeture du siège, de deux « outlets » et de cinq boutiques, dont celle de Cannes

- LAURE BRUYAS lbruyas@nicematin.fr

Cent sept, route de Canta-Galet, au siège de Façonnable, le téléphone continue de sonner. Et la standardis­te de répondre. Dans le hall d’entrée, le luxe feutré – plancher massif, play-boy chic sur écran plat et brochures richement illustrées – masque mal la tristesse. « C’est fini, on remballe » , lâche un

employé. « À Nice, on a les pan-bagnat et la socca pour la cuisine, l’OGC Nice pour le foot et on avait Façonnable pour le prêt-à-porter… » Le groupe vestimenta­ire espagnol Pepe jeans, qui a racheté début novembre la griffe niçoise en très grande difficulté financière, a annoncé la fermeture du siège de la Côte d’Azur, de deux outlets et de cinq boutiques en France: à Lille, Deauville, Annecy, Bordeaux et Cannes. Le groupe devrait également supprimer une filiale-à-Monaco.

 suppressio­ns de postes

Cette restructur­ation annoncée au personnel lors du comité d’entreprise du 18 novembre, devrait entraîner la suppressio­n de 78 postes sur les 170 que compte l’entreprise: 41 pour le siège, 37 dans les boutiques. Depuis 2000 et la vente de Façonnable par son créateur, la marque, jadis emblème de la réussite

made in Côte d’Azur à travers le monde, dévisse. Depuis 2009, le chiffre d’affaires de la marque est en recul. En 2013, la marque niçoise a perdu 30 millions d’euros. En 2015, 20 millions. « La structure de Façonnable SAS ne peut être main- tenue en l’état, sauf à accentuer encore le niveau des pertes et à mettre en danger la pérennité de ses activités. C’est pourquoi la direction a présenté ce projet de réorganisa­tion » , a fait savoir le groupe dans un communiqué.

« Les services administra­tifs et mar- keting de Façonnable vont migrer à Barcelone, siège de Pepe jeans, alors que le bureau de style devrait rester à Paris » , selon le quotidien les Échos. « C’est une décision difficile, concède un porte-parole de la direction du groupe, mais le sens de ce rapprochem­ent avec Pepe jeans, c’est aussi de redonner du souffle à la marque Façonnable, de lui rendre ses galons passés. Il y a là une belle imageàmode­rniser, il faut développer les canaux de distributi­on. Pepe jeans a un vrai savoirfair­e: le groupe, qui a racheté il y a quelques années la marque britanniqu­e Hackett, a multiplié son chiffre d’affaires par six depuis la reprise. »

L’heure des négociatio­ns

À Nice, où ne restera plus que la boutique historique de la rue de Paradis (lire page ci-contre), on semble résigné: « Le plan social

de 2015 [91 postes avaient alors

été supprimés], était une première amorce. On s’y attendait plus ou moins… C’est dur. Surtout pour ceux qui ont vingt-cinq, trente ans de boîte. Mais on n’empêchera pas la fermeture du siège » , déplore un salarié. Les syndicats veulent se battre jusqu’au bout. Et comptent bien peser dans les négociatio­ns qui doivent s’ouvrir en milieu de semaine. Sur la table: « Les primes de départ et les conditions de reclasseme­nt, accompagne­ment et formations. » Là-dessus, ils préviennen­t: ils ne céderont rien.

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(Photo Sébastien Botella) Au , route de Canta- Galet, siège de la griffe niçoise,  emplois seront supprimés.

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