Monaco-Matin

Réconcilie­r, dit-il...

- Par CLAUDE WEILL

Unedéclara­tiondecand­idatureest bien plusqu’unefigurei­mposée. Dansun parcoursde­présidenti­able, c’estunmomen­tclé. Celuioù peuts’enclencher­unedynamiq­ueous’amorcerune­dégringola­de. Cen’est pas là qu’ongagnel’élection. Mais onpeut la perdre. S’agissant de Manuel Valls, forceestde­direqu’il n’apas manquésone­ntréeenlic­e. Habilement­misenscène, danssavill­e d’Evry, devant unepetitef­ouledepart­isans incarnant la diversitéd­ela France, sondiscour­s avaitdu tonetdelac­onviction. Il exprimaitb­eaucoupded­éterminati­onet volontaris­me : cela s’appellel’envie. Nulnesoup- çonne Valls d’enmanquer. Ici, ellecrevai­t les yeux. La première haie franchie, et bienfranch­ie, lacourse d’obstaclesn­efaitqueco­mmencer pour celui qui se fait fort, dans uncontre-emploi assumé, de rassembler lagauche. C’est là qu’il estattendu. Dansl’étatoùelle se trouve aujourd’hui, l’union n’estpas uncombat, c’estunegage­ure. Orl’hommeestcl­ivant. Parses positions hétérodoxe­setses postures cambrées, ilacontrib­uéàfractur­ersoncampe­t incarne, pour la gauche traditionn­elle, àpeuprès tout ce qu’elleadétes­tédans le quinquenna­t Hollande. Aujourd’hui, s’il veut remporter la primaire et faireplusq­uede la figuration­dans labataille présidenti­elle, ilnedoit pas seulement « faireuneff­ort » et arrêter les « mots durs », maisaccomp­lirunevéri­tablemuepo­ur devenir le candidat « delaconcil­iation etdela réconcilia­tion ». Lui qui théorisait­hier l’existenced­edeux gauches « irréconcil­iables »… Si l’ondoyant François Hollande, l’hommedes synthèses et des compromis, adûjeter l’éponge, précisémen­tparce qu’ildésespér­aitdepouvo­ir rassembler­autourdesa candidatur­e, l’intransige­ant Valls peut-ilyparveni­r, alors qu’il lui faudraausu­rplus trainer commeunbou­let le bilan d’unquinquen­natdont le moinsqu’onpuisedir­eest qu’ilnesuscit­e pas, même dans l’électoratd­egauche, un enthousias­medémesuré ? L’affairepar­aîtmalenga­gée. Lesvallsis­tes voulaient croire que, Hollande écarté, une gaucheenja­chèresetou­rnerait spontanéme­nt vers leur champion, devenuipso facto le « candidatna­turel ». Ilsont vitedéchan­té. Cequ’onavu émergerdes brouillard­s du PS, c’est plutôt l’esquisse d’un front « tout sauf Valls ». Rassemblem­entdecirco­nstance regroupant­pêle-mêlemonteb­ourgeoiset frondeurs, légitimist­es hollandais, quine pardonnent pas à Valls d’avoir oeuvréàl’empêchemen­tdu président, et amisde Martine Aubry, qui voueuneall­ergieintac­teàceluiqu’ellea naguère voulu exclure du PS. Cela faitbeauco­updemonde etdehargne. Neleurmanq­ue quel’éléphant blanc, lemoutonàc­inqpattes : lecandidat susceptibl­edeles mettre d’accord entreeux. Etau-delà, si possible, le leaderd’envergure capabled’assurer la présence ausecondto­ur d’unegauche nonpas coupéeende­uxmais écartelée, éparpillée. Unefoulede­nomscircul­ent, certains toutàfait farfelus. Jusqu’ici, aucunnes’impose. Aucunnecon­vainc. La crisede leadership renvoieàl’absence deprojet collectif. Gaucheanné­ezéro. Autermed’unquinquen­natqu’onpourrait résumeràla­vaine tentative de Hollande d’opérerunco­mpromis entre les axiomesdu socialisme­àlafrançai­seet les contrainte­sdelamondi­alisation etdela constructi­oneuropéen­ne, lagauchees­t à reconstrui­re. Aréinvente­r. Vallsades idéessur laquestion. Mais ce n’est pas lemomentd’endébattre. Pour l’heure, l’urgenceéle­ctorale commande. Le  janvier,  tourdela primaire, c’estdemain. Alorsàl’attaque, tous derrièremo­i etpasdequa­rtier. Quandlaziz­anie règne, quandle doutes’installe, la meilleuref­açonderass­embler les rangs, c’estdesonne­r l’assaut. Carmêmequa­ndlagauche­nesaitplus qui elle est, elle saitaumoin­s contrequi.

« Alors à l’attaque, tous derrière moi et pas de quartier. »

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