Réconcilier, dit-il...
Unedéclarationdecandidatureest bien plusqu’unefigureimposée. Dansun parcoursdeprésidentiable, c’estunmomentclé. Celuioù peuts’enclencherunedynamiqueous’amorcerunedégringolade. Cen’est pas là qu’ongagnel’élection. Mais onpeut la perdre. S’agissant de Manuel Valls, forceestdedirequ’il n’apas manquésonentréeenlice. Habilementmisenscène, danssaville d’Evry, devant unepetitefouledepartisans incarnant la diversitédela France, sondiscours avaitdu tonetdelaconviction. Il exprimaitbeaucoupdedéterminationet volontarisme : cela s’appellel’envie. Nulnesoup- çonne Valls d’enmanquer. Ici, ellecrevait les yeux. La première haie franchie, et bienfranchie, lacourse d’obstaclesnefaitquecommencer pour celui qui se fait fort, dans uncontre-emploi assumé, de rassembler lagauche. C’est là qu’il estattendu. Dansl’étatoùelle se trouve aujourd’hui, l’union n’estpas uncombat, c’estunegageure. Orl’hommeestclivant. Parses positions hétérodoxesetses postures cambrées, ilacontribuéàfracturersoncampet incarne, pour la gauche traditionnelle, àpeuprès tout ce qu’elleadétestédans le quinquennat Hollande. Aujourd’hui, s’il veut remporter la primaire et faireplusquede la figurationdans labataille présidentielle, ilnedoit pas seulement « faireuneffort » et arrêter les « mots durs », maisaccomplirunevéritablemuepour devenir le candidat « delaconciliation etdela réconciliation ». Lui qui théorisaithier l’existencededeux gauches « irréconciliables »… Si l’ondoyant François Hollande, l’hommedes synthèses et des compromis, adûjeter l’éponge, précisémentparce qu’ildésespéraitdepouvoir rassemblerautourdesa candidature, l’intransigeant Valls peut-ilyparvenir, alors qu’il lui faudraausurplus trainer commeunboulet le bilan d’unquinquennatdont le moinsqu’onpuisedireest qu’ilnesuscite pas, même dans l’électoratdegauche, un enthousiasmedémesuré ? L’affaireparaîtmalengagée. Lesvallsistes voulaient croire que, Hollande écarté, une gaucheenjachèresetournerait spontanément vers leur champion, devenuipso facto le « candidatnaturel ». Ilsont vitedéchanté. Cequ’onavu émergerdes brouillards du PS, c’est plutôt l’esquisse d’un front « tout sauf Valls ». Rassemblementdecirconstance regroupantpêle-mêlemontebourgeoiset frondeurs, légitimistes hollandais, quine pardonnent pas à Valls d’avoir oeuvréàl’empêchementdu président, et amisde Martine Aubry, qui voueuneallergieintacteàceluiqu’ellea naguère voulu exclure du PS. Cela faitbeaucoupdemonde etdehargne. Neleurmanque quel’éléphant blanc, lemoutonàcinqpattes : lecandidat susceptibledeles mettre d’accord entreeux. Etau-delà, si possible, le leaderd’envergure capabled’assurer la présence ausecondtour d’unegauche nonpas coupéeendeuxmais écartelée, éparpillée. Unefouledenomscirculent, certains toutàfait farfelus. Jusqu’ici, aucunnes’impose. Aucunneconvainc. La crisede leadership renvoieàl’absence deprojet collectif. Gaucheannéezéro. Autermed’unquinquennatqu’onpourrait résumeràlavaine tentative de Hollande d’opéreruncompromis entre les axiomesdu socialismeàlafrançaiseet les contraintesdelamondialisation etdela constructioneuropéenne, lagaucheest à reconstruire. Aréinventer. Vallsades idéessur laquestion. Mais ce n’est pas lemomentd’endébattre. Pour l’heure, l’urgenceélectorale commande. Le janvier, tourdela primaire, c’estdemain. Alorsàl’attaque, tous derrièremoi etpasdequartier. Quandlazizanie règne, quandle doutes’installe, la meilleurefaçonderassembler les rangs, c’estdesonner l’assaut. Carmêmequandlagauchenesaitplus qui elle est, elle saitaumoins contrequi.
« Alors à l’attaque, tous derrière moi et pas de quartier. »