Monaco-Matin

Une recette savoureuse

Un duo de dirigeants qui marche main dans la main, une cellule de recrutemen­t performant­e et un entraîneur tourné vers le beau jeu : voici les ingrédient­s d’un début de saison historique

- VINCENT MENICHINI

Rivère- Fournier, duo de choc

D’un côté, Jean-Pierre Rivère, sourire charmeur, le contact facile et une certaine aisance face aux caméras. De l’autre, Julien Fournier, regard fermé, grande carrure et peu enclin à prendre la lumière. Entre le président et sondirecte­ur général, peu de points communs sur le papier, mais c’est mal connaître le fonctionne­ment dans l’intimitéde ceduo de choc qui a remis le Gym tout en haut de l’affiche. « Ils s’appellent plusieurs fois par jour, sont en lien permanent, souffle une source interne. En terme d’exigence, ça n’a plus rien à voir depuis qu’ils sont là. L’OGC Nice s’est profession­nalisé à tous les niveaux. Au final, ils se complètent et ont surtout la même vision sur le long terme. Ils n’ont jamais dévié du projet de départ. » Au quotidien, Julien Fournier gère les affaires courantes, réunit chaque semaine les différents directeurs du club (recrutemen­t, communicat­ion, marketing) et trace la feuille de route. « Il m’a beaucoup fait progresser » , confie l’un d’eux, en formed’hommage. « Sans lui, le club n’en serait pas là » , poursuit un autre. Moins présent au quotidien, Jean-Pierre Rivère, lui, n’est jamais bien loin. Malgré son côté cool et accessible, le boss n’aime vraiment pas être pris au dépourvu. « On ne la lui fait pas à l’envers, affirme un proche. Quand il pique une colère, ça peut être assez violent. C’est un vrai chef d’entreprise. » Au moment des négociatio­ns avec les joueurs, les rôles sont répartis : à Rivère le beau costume, celui du président charmeur et bienveilla­nt, ce qu’il maîtrise à la perfection. A Fournier, la mission de mener la bataille des chiffres autour du contrat, ce qui peut lui valoir une certaine inimitié chez certains agents de joueurs. « C’est un chien, il ne lâche rien » , glisse l’un d’eux. A l’arrivée, c’est souvent

l’OGC Nice qui en récolte les bienfaits. Cela arrange bien les affaires de Rivère qui a recruté son ‘‘DG’’ sur les conseils de... Eric Roy, licencié depuis. « C’est ma meilleure recrue » , n’a jamais caché Rivère au sujet de Fournier à qui il a cédé une partie de son capital (1%). « Ils se complètent vraiment très bien » , affirme-t-on en interne.

Recrutemen­t : un vrai savoir-faire

Lors de chaque intersaiso­n, le Gym se distingue par sa capacitéàd­énicher de nouvelles pépites. Les dernières en date : Dalbert et Cyprien. A leur arrivée sur la Côte d’Azur en provenance du Vitoria Guimaraes et de Lens, ils étaient méconnus du grand public. Quelques mois plus tard, leurs clauses de valorisati­on à 25 et 35 millions d’euros - une autre spécificit­é niçoise - ne paraissent plus aussi farfelues qu’elles ne l’étaient au moment de

leur signature. Parmi les recruteurs du club, deux historique­s : Serge Recordier et Jean-Philippe Mattio. Arrivés sous l’ère Cohen-Ricort, ils marchent à l’ombre, mais brillent par leurs compétence­s. « Le recrutemen­t,

c’est une alliance de savoir » , répète Julien Fournier. C’est aussi plus facile d’attirer de bons joueurs quand les finances le permettent. Avec l’arrivée des investisse­urs chinois et américains, mais aussi cette faculté à vendre au prix fort (Amavi à 14millions d’euros, Mendy à 17 millionsd’euros), le club dispose d’une enveloppe plus épaisse. Pour l’heure, elle ne lui permet pas de faire des folies sur les indemnités de transfert, mais d’offrir des salaires attractifs à des ‘‘tops’’ joueurs. En engageant Dante, Belhanda et Balotelli en fin de mercato, le Gym a changé de dimension.

Favre prolonge le plaisir

Pour assurer l’après Claude Puel, dont le passage aura contribué à faire de Nice ce qu’il est aujourd’hui, il fallait du lourd. Là encore, les dirigeants ont eu le nez creux en misant très tôt - dès l’hiver dernier - sur Lucien Favre. Sous la houlette du Suisse, le Gym réalise le meilleur début de saison de son histoire, servant régulièrem­ent un football savoureux. Pointilleu­x, précis et exigeant, l’ancien coach du Borussia M’Gladbach, qui vouvoie tous ses joueurs, profite de l’héritage Puel tout en y apportant sa touche. « Tactiqueme­nt, c’est le très haut- niveau » , avance un joueur qui a connu les deux époques. S’ils se rejoignent sur quelques principes (jeu de possession, maîtrise technique, faireéclor­edes jeunes, etc.), Puel et Favre se distinguen­t sur bien des points. Quand l’actuel coach de Southampto­n avait la conviction de pouvoir faire beaucoup avec peu, le manager niçois, lui, ne dira jamais non à des renforts. D’ailleurs, il n’a pas caché sa volonté de faire signer un, voire deux offensifs lors du prochain mercato. « Vous connaissez le cadre » , répète-t-il dès que l’occasion se présente, comme pour rappeler qu’il a déjà fait des miracles avec peu, ce qui est plus ou moins avéré. Pour le top 3, c’est sans doute l’année ou jamais, sachant que dès la saison prochaine, Marseille et Lille, portés par leurs nouveaux actionnair­es, devraient passer à la vitesse supérieure. Cela n’a évidemment pas échappé à Lucien Favre dont le contrat s’étire jusqu’en 2019 avec l’OGC Nice.

 ?? (Photo Franck Fernandes) ?? Le Gym de Younès Belhanda régale la France du football.
(Photo Franck Fernandes) Le Gym de Younès Belhanda régale la France du football.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco