Un monde agricole bradé sur France 5
Documentaire Le Monde en face lève le voile sur la transformation de l’espace rural français
L
a construction de centres commerciaux, industriels, d’affaires, de loisirs, de grands stades en béton s’accélère, absorbant toujours plus de terres agricoles. … Et pour quelques hectares de
plus dresse un état des lieux édifiant sur France 5. L’État promet de diviser par deux l’utilisation détournée de terres agricoles d’ici à 2020. Actuellement, la France, première puissance agricole de l’Union européenne, perd en effet 60 000 hectares de terres agricoles par an, soit 20 m2 par seconde. Cette « artificialisation » se porte souvent sur les meilleurs sols, proches des villes qu’ils nourrissent.
Le Monde en face enquête sur le projet EuropaCity, à Gonesse, en région parisienne; dans les zones humides de Saint- Jean- de- Braye, près d’Orléans ; à Décines-Charpieu, où a été construit le Stade des Lumières de l’Olympique lyonnais et ses annexes sur 140 hectares. Dans la Brie (Seine-et-Marne), où 180 hectares ont été vendus à un aménageur, une plate-forme logistique de 70 000 m2 a été construite pour un groupe informatique. Enfin le documentaire évalue les risques écologiques des fermes-usines soutenues par l’État. Emmanuel Hyest, président de la FNSafer (protection du foncier agricole) déplore : « L’État brade les terres agricoles. Si elles sont classées en zone industrielle, nous ne pouvons plus intervenir ». Depuis la loi de décentralisation, les élus locaux ont le pouvoir de gérer l’urbanisme et de rendre constructible un ter- rain agricole préalablement vendu à bas prix. En accord avec des industriels, ils peuvent favoriser les intérêts privés. Dans le meilleur des cas, il s’agit d’emploi et d’activité économique, dans le pire, de conflits d’intérêts. Le documentaire présente à charge le cas de Gérard Collomb, sénateur et maire de Lyon. Il souligne comment l’élu a pu s’appuyer sur la loi qui « déclare d’intérêt général les enceintes sportives destinées à recevoir des manifestations organisées par une fédération » et sur un amendement dont il est l’auteur : « Les collectivités territoriales peuvent installer des ouvrages nécessaires au fonctionnement et à la desserte des installations ». D’ici à 2050, 2 millions de terres agricoles seraient rayées de la carte. Il deviendra difficile à de jeunes agriculteurs de s’installer sans faire appel à des groupes financiers qui exigeront des bénéfices.