Corruption: trois ans de prison pour l’ex sous-préfètede Grasse
Dominique-Claire Mallemanche a été reconnue coupable de corruption passive. Ses avocats ont aussitôt interjeté appel de cette condamnation. L’ex sous-préfète reste pour l’instant en liberté
Dominique-ClaireMallemanche (née Testart), 59 ans, énarque, qui après une brillante carrière dans le privé, occupait le poste de sous-préfet de l’arrondissement de Grasse de 2011 à 2013, a été lourdement condamnée hier par le tribunal correctionnel de Nice. Reconnue coupable de corruption passive, elle a été condamnée à trois ans de prison, 20 000 euros d’amende et une interdiction définitive d’exercer une fonction publique. Son mari de l’époque, Jean-Jacques Mallemanche, a été condamné à un an de prison pour complicité. Le corrupteur, l’hôtelier Marcel Gelabert, propriétaire du domaine Le Mas d’Artigny, a écopé de deux ans de prison et de 20 000 euros d’amende. Il était en relation d’affaires avec Jean-Jacques Mallemanche. L’argent devait transiter par la société de Louis Amancic, sanctionné d’un an de prison et de 20 000 euros d’amende.
Un chemin forestier pour déclencheur
Dominique-Claire Mallemanche est accusée d’avoir activé la créationd’un chemin forestier de lutte contre les incendies. Ce pare-feu, que tout un chacun estimait indispensable, permettait d’augmenter considérablement la zone constructible du domaine. Au coeur de cette enquête de la division économique et financière de la police judiciaire de Nice le chemin forestier des Allègres, une fois aménagé, permettait à Marcel Gelabert d’espérer revendre 70 M d’euros, une propriété acquise quatre ans plus tôt 17 millions d’euros. Le parquet, par la voix de Laetitia Manouvrier, estimait qu’un pacte de corruption promettait une commission de 200 000 euros à Jean-Jacques Mallemanche. La sous-préfète, devenue préfète dans la Creuse, continuait d’ailleurs de s’enquérir de l’évolution du dossier. Une autre partie de l’enquête concernait l’organisation d’un marathon à Cannes prétendument facilitée par la sous- préfète. Le tribunal, présidé par David Hill, a relaxé les prévenus poursuivis dans ce second volet. Notamment José Garelli, chef d’entreprise, qui a néanmoins été condamné pour corruption active et trafic d’influence sur personne dépositaire de l’autorité publique à un an de prison et 20 000 euros d’amende. Patrick Innoncentini, complice, est condamné à quatre mois. Aux yeux de la justice, les cadeaux offerts à Dominique-Claire Mallemanche dépassaient la simple amitié. Ce qu’a toujours farouchement contesté la défense. La relaxe partielle dans cette affaire ne satisfait pas les avocats (Mes Bezzina, Guidicelli, Ginez, Deplano, Castellacci, Mary, Maigne) qui devraient tous interjeter appel de ce jugement.