Dernier carré
François Hollande peut remercier le général de Gaulle! Les institutions de la Ve République vont lui permettre de terminer son quinquennat en sauvant les apparences. Le chef de l’Etat ne court, en effet, pas le moindre risque d’une crise politique avec son nouveau Premier ministre, Bernard Cazeneuve, muté de la place Beauvau à l’Hôtel de Matignon, tandis que le fidèle compagnon de route Bruno Le Roux quitte la direction du groupe parlementaire socialiste à l’Assemblée nationale pour enfiler les habits de ministre de l’Intérieur. Bref, ungouvernement hollandisé, formé du dernier carré des fidèles dont beaucoup passeront à la trappe de l’Histoire aumois de mai prochain. Le nouveau Premier ministre n’a-t-il pas déjà laissé entendre qu’il pourrait alors abandonner la politique! On verra car Matignon peut aussi lui ouvrir l’appétit. Nul doute, cependant: il sera loyal dans les cinq prochains mois. Il sait qu’il devra gérer les affaires courantes et sortira sans gloire particulière de ce dernier chapitre duquinquennat. Aucune réforme ne verra le jour d’autant que les députés se mettront en congé d’Assemblée dès la fin du mois de février en raison de la campagne présidentielle et, surtout, pour préparer les élections législatives de juin . François Hollande, d’une certaine manière, en faisant ce choix, a opté pour la grisaille et une fin de mandat pépère. Il aurait pu surprendre ennommant une femme, il a préféré cet homme d’apparence paisible qui a traversé la vague des attentats en offrant une image de solidité. Sans doute le président sait que le nouveau chef du gouvernement est, en fait, plus stressé qu’il n’y paraît mais tout est affaire de communication. Bernard Cazeneuve est là pour rassurer face, notamment, aux risques d’attentats. C’est le message que le chef de l’Etat entend faire passer en le nommant: il veut d’abord être le protecteur des Français. Comme lui, Cazeneuve a subi l’épreuve du terrorisme. Malgré le départ de Manuel Valls le martial, la volonté d’assurer la sécurité des Français demeure la priorité. Il est vrai que François Hollande n’a plus vraiment d’autre terrain d’action. Certes, il garde sa légitimitémais elle ne peut plus justifier des mesures importantes. La sécurité intérieure et extérieure reste sa seule vraie responsabilité jusqu’au terme de son mandat. Après l’humiliation du renoncement, c’est donc le repli sur le pouvoir minimum. Maigre consolation, cette présidence rabougrie plaît aux Français: sa cote dans le baromètre Ifop Fiducial pour Paris Match et Sud Radio vient de bondir de points à %. Fausse consolation: ce sursaut de popularité n’est qu’une manière d’applaudir sa capitulation et ressemble à un « ouf » de soulagement.
« Il aurait pu surprendre en nommant une femme, il a préféré cet homme d’apparence paisible qui a traversé la vague des attentats en offrant une image de solidité. »