Monaco-Matin

LIGUE DES CHAMPIONS ( JOURNÉE) / LEVERKUSEN - MONACO A H

Dans l’ombre du Bayern Munich et du Borussia Dortmund, le Bayer est un club à part en Allemagne. Entre échec perpétuel et malchance

- MATHIEU FAURE

En dépit d’un palmarès plutôt léger en 102 ans d’existence (une Coupe UEFA en 1988 et une Coupe d’Allemagne en 1993), le Bayer Leverkusen peut se vanter d’être l’équipe allemande avec le plus de surnoms, pas forcément très flatteurs, il est vrai. Catalogué « Pillenklub » (le « club des pilules ») par les voisinsdeC­ologne, du fait de l’appartenan­ce à la firme pharmaceut­ique Bayer, le Bayer est aussi appelé « Vizekusen » pour avoir été quintuple vice-champion d’Allemagne (1997, 1999, 2000, 2002 et 2011) mais, surtout, depuis 2002, le club de la Ruhr est appelé le Bayer « Neverkusen » . Le club qui ne gagne jamais. Cette année-là, l’équipe de Michael Ballack est en route pour un triplé historique : Championna­t-CoupeLigue des Champions. Sauf que les joueurs de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie vont perdre les trois matches décisifs en l’espace de neuf jours. Du jamais-vu. Après s’être fait coiffer sur le poteau lors de la dernière journée de Bundesliga le 4 mai 2002, le Bayer s’incline en finale de la Coupe d’Allemagne le 11 avant de finir en « beauté », le 15, perdant en finale de la C1 contre le Real Madrid de Zinedine Zidane, auteur d’un but magnifique en reprise de volée. Une infortune qui vaut au Bayer une page Wikipédia sous la rubrique « Neverkusen » . Et voilà comment un club rentre dans la légende maispar la mauvaise porte. Pis, personne ne semble s’intéresser au club qui a révéléDimi­tar Berbatov. C’est même historique. « Cette équipe n’a pas de lobby, c’est tout » , a déclaré un jour le mythique entraîneur Klaus Toppmöller, celui qui amené son équipe jusqu’en finale de e Ligue des champions en 2002. C’est un peu vrai. Au pays des quadruples champions du monde, tout le monde se fout du Bayer Leverkusen. Et il y a des raisons àce désamour. La première est géographiq­ue. Leverkusen est une villede 160 000 habitants située enbanlieue de Cologne. Dans unpays très porté sur le train, la ville ne possède même pas sa propre « Hauptbahnh­of » (gare principale). En ville, endépit d’un centre commercial dernier cri, il y a peu de distractio­ns si ce n’est le « KlapsMühle » , une boîte qui joue des « Schlager » , des chansons populaires, un endroit dont le surnom n’est pas très accueillan­t puisqu’on l’appelle « l’hôpital psychiatri­que » . Ça vous classe l’attrait de la ville dont le paysage est un mélange très étrange de cheminées d’usines chimiques et de maisons à colombages. Et puis la concurrenc­e des voisins est violente. Sans doute trop. La Rhénanie-du-Nord-Westphalie (17,5 millions d’habitants) compte cinq clubs en première division (Borussia Dortmund, Schalke 04, BorussiaMö­n- chengladba­ch, FC Cologne, Bayer Leverkusen) et trois en deuxième (Fortuna Düsseldorf, VFL Bochum, Arminia Bielefeld). Ça fait beaucoup pour exister. Dans cette promiscuit­é sportive, le Bayer ne trouve pas d’ennemi sportif. Le club le plus populaire du coin reste le FC Cologne. Et pour le «FC», le rival historique, c’est le Borussia Mönchengla­dbach, point. À la limite, le Fortuna Düsseldorf, mais jamais le Bayer. Personnene­déteste Leverkusen. Mais personne n’aime le Bayer à part les gens de Leverkusen. Le constat est terrible et sans appel. Et puis, Leverkusen paie sans doute l’identité de son propriétai­re. Il faut dire que le Bayer est l’équipe de football de l’usine du coin. Et en Allemagne, on aime modérément les escouades qui sont soutenues par des ‘‘bienfaiteu­rs’’ fortunés. D’ailleurs, l’ancienne équipe de Dimitar Berbatov est la seule de Bundesliga - avec le Red Bull Leipzig - à porter le nom de son sponsor. A la différence de Leipzig fondé en 2009, le Bayer a vu le jour en 1904. Il s’agissait d’une branche de la structure omnisports créée pour encadrer le personnel de la firme. Dans le coin, tout a été construit par la société chimique et pharmaceut­ique Bayer AG, fondée en 1863 par Friedrich Bayer et Johann Friedrich Weskott. En ville, tout ramène à la firme. D’ailleurs, en centre-ville, on peut y voit la Bayer-Kreuz (« croix de Bayer »), présentée comme la plus grande publicité lumineuse du monde et qui sert de repère à tout le monde. Autre lieu de rassemblem­ent connu, le BayArena, fantastiqu­e enceinte moderne dans lequel l’AS Monaco va évoluer ce soir. Tout y est moderne : wifi XXL, restaurant de luxe, hôtel quatreétoi­les au coeur de l’enceinte, crèche. Bref, tout le marketing allemand à ciel ouvert. Un stade neuf et moderne qui n’a pourtant accueilli aucun match de la Coupe du monde 2006... Décidément, le Bayer Leverkusen est maudit jusqu’au bout.

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(Photo AFP) Zé Roberto Placente Berbatov Ballack Lucio Vollborn Kirsten Ramelow Hörster Schneider Jorginho Véritable révélateur de talents, le Bayer Leverkusen a vu défiler un nombre incalculab­le de joueurs ces dernières années. Depuis le début des années Oliver Neuville lors de la finale de Ligue des Champions - perdue - en  contre le Real Madrid.
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