Monaco-Matin

La voleusede rhum échappe à laprison

- JEAN-MARIE FIORUCCI

On peut être en « liberté surveillée » dans un supermarch­é. Mais rien à craindre si on n’a rien à se reprocher. En revanche, une Capd’Ailloise au comporteme­nt bizarre a été « dénoncée » par la vidéosurve­illance pour clarifier un vol de plusieurs bouteilles de rhum à l’Intermarch­é de l’avenue Hector-Otto. À l’issue de sa comparutio­n devant le tribunal correction­nel, cette mère de famille de 48 ans a écopé d’unepeine de quinze jours d’emprisonne­ment avec sursis, miseàl’épreuve pendant trois ans et obligation de soins. Le 29 mars 2016, le gérant de la supérette avait déjà de forts soupçons sur l’audacieuse cliente. Alors, il la piste à partir des rayons jusqu’à son scooter. Il voit cette femme sortir plusieurs bouteilles d’alcool de son pantalon et partir. Il visionne les bandes enregistré­es par les caméras et obtient la preuve indubitabl­e du vol de bouteilles. Convoquée à la Sûreté publique, la fautive reconnaîtr­a les faits. Une bouteille sera rendue, l’autre payée.

« J’ai décidé de me soigner »

« Pour quelle raison, lui demande le président Jérôme Fougeras-Lavergnoll­e, vous commettez un tel geste? Il n’est pas question du manque d’argent! Vous aviez 50 sur vous et le coût des bouteilles ne dépassait pas 32 » La prévenue avoue: « C’est vrai. Mais j’ai des problèmes d’alcool… » Étonnement du magistrat : « Vous aviez déjà été condamnée pour des faits identiques­àunmois avec sursis. Et quinze jours plus tard vous recommence­z. Sur votre casier français, il y a une condamnati­on pour conduite en état d’ivresse… » La tête baissée la femme reconnaît: « Très perturbée par le décès de mon père, je me suis mise à boire. Mais j’ai décidé de me soigner et actuelleme­nt je suis suivie par un psychiatre. Je ne travaille pas. Mais pour m’en sortir j’ai entrepris une formation de secrétaire médicale. »

Clémence des juges

Les réquisitio­ns du premier substitut Olivier Zamphiroff ne tendront pas à la béatitude. « Certes, il est difficile de sortir d’une addiction. Mais je ne vais pas considérer la prévenue comme une patiente. Dans mon tiroir, je n’ai aucun comprimé. Mais un Code! Les promesses de la précédente condamnati­on ne sont pas tenues. À quoi sert d’empiler les rappels? Une peine de détention devrait faire réfléchir Madame: deux week-ends à la maison d’arrêt afin de tourner définitive­ment la page. » Me Dominique Salvia, du barreau de Nice, proteste. « Ma cliente n’a pas besoin de la prison pour prendre conscience de son mal! Elle a eu la volonté de suivre une cure de juin à novembre au CHPG. Elle a pu identifier ce qui la poussait à boire. Elle suit une thérapie, elle est mariée et elle va être grand-mère à la fin de l’année. Soyez humains! Même si vous avez une robe noire à la place de la blouse blanche du médecin. » Le tribunal comprendra le message et acquiescer­a à la demande de clémence.

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