Un cinquième jour sous terre
Duc, un chien de chasse, est prisonnier d’une cavité à Ollières (Var), depuis samedi. Les secours tentent de l’en sortir depuis mardi avec tous les moyens disponibles. Récit d’une longue journée
Dix heures, hier matin sur le domaine des Terres de Saint-Hilaire, àOllières. Les sapeurspompiers sont de nouveau à pied d’oeuvre et réinstallent leur dispositif de secours. La veille, ils n’étaient pas parvenusàextraired’une cavitéDuc, un teckel de6ans (nos éditions d’hier). Dès dimanche dernier, les sauveteurs s’étaient rendus sur placepour tenter de secourir le chien de chasse disparu, repéré grâce à son signal GPS. Mais la dangerosité du site avait conduit les pompiers à ne pas intervenir. C’était sans compter sur la persévérance du propriétaire, André Ray. « Jen’ai rien lâché, explique-t-il. J’ai fait venir une pelle de 30 tonnes pour déblayer et sécuriser l’accès du site. » Le chauffeur de la pelle poursuivait : « Tout était recouvert de végétation. Il y avait des arbres partout. On ne voyait presque pas le trou. Il m’a fallu3heures pour enlever la terre et les blocs de pierredangereux. Ce soir-là, je ne donnais pas cher de la peau du chien. Je me suis dit : “Le pauvre, ça va être son sarcophage”. »
Douze sapeurspompiers mobilisés
Il faut emprunter une piste caillouteuse et boueuse pour arriver à proximité du trou dans lequel s’est engouffré le chien. Sur place, c’est impressionnant. La verduredécrite plus haut a laissé place à laboue et à la roche brute. Une équipe de sauvetage déblaiement (SD) et des renforts duservice interventions en sitessouterrains (ISS) sont déployés. En tout, douze sapeurs-pompierspoursuivent leur action. Par-dessus le bruit des marteaux-piqueurs, des aboiements. Duc est bien là. Son propriétaire lui parle, le rassure, lui donne à manger et à boire à l’aide d’un tube en PVC de5mètres. Le chienn’est pas loin, mais le passage est trop étroit pour rejoindre la cavité. Tan- dis qu’une équipe de pompiers découvreune seconde entréeàune cinquantainede mètres, les sauveteurs font passer une caméra flexible pour étudier la cavité. Ils voient le chien. Il va bien. La seconde entrée ne donnera rien : « C’est bouché... » , constatait l’un des membres de l’ISS, après avoir dégagé un certain nombre de seaux de terre. Sur la première, les sauveteurs repèrent des traces de paille et de branchages. « L’endroit a sans doute servi de terrier à un blaireau ou à un renard, explique un sauveteur. Le chienadû le suivreet a glissé dans le toboggan naturel qu’il y a juste derrière. » Impossible pour lui de remonter donc.
Appel au Spéléo secours français
La roche est trop dure, c’est trop compliqué. Les sauveteurs décident de contacter la préfecture pour autoriser l’intervention de l’association Spéléosecours français, en lien avec la Direction générale de la Sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC). Celle-ci est habili- téeàutiliser des moyens pyrotechniques pour attaquer la roche et agrandir le trou. Arrivés sur place aux alen- tours de 17 heures, les trois spéléologues amateurs constatent que leur matériel n’est pas suffisant. Il faut à nouveau faire appel à la préfecture pour qu’elle réquisitionneundépôt demunitions et qu’elle fasse acheminer les explosifs nécessaires par la gendarmerie. En attendant, l’équipe descend sur place pour étudier la cavité. « Nous allons faire des microtirs avec de petites charges pour fissurer la roche, puis la casser, expliquait André Roudaut, conseiller technique de Spéléosecours français. Nous allons commencer par agrandir le départ pour voir ensuite ce qu’il y a derrière. C’est un beau chantier ! » À20h30, hier, lecapitaine Arnaud, en charge des opérations, confiait : « C’est un travail de longue haleine, nous en avons encore pour deux heures au moins. Sans doute plus.»