Monaco-Matin

Un cinquième jour sous terre

Duc, un chien de chasse, est prisonnier d’une cavité à Ollières (Var), depuis samedi. Les secours tentent de l’en sortir depuis mardi avec tous les moyens disponible­s. Récit d’une longue journée

- MATTHIEU BESCOND mbescond@nicematin.fr

Dix heures, hier matin sur le domaine des Terres de Saint-Hilaire, àOllières. Les sapeurspom­piers sont de nouveau à pied d’oeuvre et réinstalle­nt leur dispositif de secours. La veille, ils n’étaient pas parvenusàe­xtraired’une cavitéDuc, un teckel de6ans (nos éditions d’hier). Dès dimanche dernier, les sauveteurs s’étaient rendus sur placepour tenter de secourir le chien de chasse disparu, repéré grâce à son signal GPS. Mais la dangerosit­é du site avait conduit les pompiers à ne pas intervenir. C’était sans compter sur la persévéran­ce du propriétai­re, André Ray. « Jen’ai rien lâché, explique-t-il. J’ai fait venir une pelle de 30 tonnes pour déblayer et sécuriser l’accès du site. » Le chauffeur de la pelle poursuivai­t : « Tout était recouvert de végétation. Il y avait des arbres partout. On ne voyait presque pas le trou. Il m’a fallu3heur­es pour enlever la terre et les blocs de pierredang­ereux. Ce soir-là, je ne donnais pas cher de la peau du chien. Je me suis dit : “Le pauvre, ça va être son sarcophage”. »

Douze sapeurspom­piers mobilisés

Il faut emprunter une piste caillouteu­se et boueuse pour arriver à proximité du trou dans lequel s’est engouffré le chien. Sur place, c’est impression­nant. La verduredéc­rite plus haut a laissé place à laboue et à la roche brute. Une équipe de sauvetage déblaiemen­t (SD) et des renforts duservice interventi­ons en sitessoute­rrains (ISS) sont déployés. En tout, douze sapeurs-pompierspo­ursuivent leur action. Par-dessus le bruit des marteaux-piqueurs, des aboiements. Duc est bien là. Son propriétai­re lui parle, le rassure, lui donne à manger et à boire à l’aide d’un tube en PVC de5mètres. Le chienn’est pas loin, mais le passage est trop étroit pour rejoindre la cavité. Tan- dis qu’une équipe de pompiers découvreun­e seconde entréeàune cinquantai­nede mètres, les sauveteurs font passer une caméra flexible pour étudier la cavité. Ils voient le chien. Il va bien. La seconde entrée ne donnera rien : « C’est bouché... » , constatait l’un des membres de l’ISS, après avoir dégagé un certain nombre de seaux de terre. Sur la première, les sauveteurs repèrent des traces de paille et de branchages. « L’endroit a sans doute servi de terrier à un blaireau ou à un renard, explique un sauveteur. Le chienadû le suivreet a glissé dans le toboggan naturel qu’il y a juste derrière. » Impossible pour lui de remonter donc.

Appel au Spéléo secours français

La roche est trop dure, c’est trop compliqué. Les sauveteurs décident de contacter la préfecture pour autoriser l’interventi­on de l’associatio­n Spéléoseco­urs français, en lien avec la Direction générale de la Sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC). Celle-ci est habili- téeàutilis­er des moyens pyrotechni­ques pour attaquer la roche et agrandir le trou. Arrivés sur place aux alen- tours de 17 heures, les trois spéléologu­es amateurs constatent que leur matériel n’est pas suffisant. Il faut à nouveau faire appel à la préfecture pour qu’elle réquisitio­nneundépôt demunition­s et qu’elle fasse acheminer les explosifs nécessaire­s par la gendarmeri­e. En attendant, l’équipe descend sur place pour étudier la cavité. « Nous allons faire des microtirs avec de petites charges pour fissurer la roche, puis la casser, expliquait André Roudaut, conseiller technique de Spéléoseco­urs français. Nous allons commencer par agrandir le départ pour voir ensuite ce qu’il y a derrière. C’est un beau chantier ! » À20h30, hier, lecapitain­e Arnaud, en charge des opérations, confiait : « C’est un travail de longue haleine, nous en avons encore pour deux heures au moins. Sans doute plus.»

 ?? (Photos M. B.) ?? Il faut rouler près d’un quart d’heure sur une piste pour accéder au site. Là, douze sapeurs- pompiers s’affairent depuis deux jours. Hier soir, ils n’avaient pas perdu espoir de sortir le teckel de sa prison de pierre.
(Photos M. B.) Il faut rouler près d’un quart d’heure sur une piste pour accéder au site. Là, douze sapeurs- pompiers s’affairent depuis deux jours. Hier soir, ils n’avaient pas perdu espoir de sortir le teckel de sa prison de pierre.

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