Benitez a sa chance
Recruté en janvier dernier au club de Quilmes (D1 arg.), le portier argentin a débarqué cet été avec une fracture de fatigue qui a compliqué son intégration. Lucien Favre a décidé de le titulariser ce soir
Difficile de se faire discret quand on culmine à près de deux mètres (1,91 m) et qu’on frise le quintal (91 kg). Walter Benitez a pourtant très peu fait parlerde lui depuis son arrivée sur la Côte d’Azur, l’été dernier. D’abord parce que le Sud-Américain de 23 ans est réservé, presque timide. Mais surtout parce que son intégrationaquelque peu été tronquée par une blessure. Une fracture de fatigue au tibia contractée en février dernier avec son ancien club de Quilmes, en D1 argentine, et qui ne luiapermis de reprendre l’entraînement qu’en septembre. « Il revient bien, on voit ses progrès à l’entraînement. Il retrouve sa souplesse et son agilité. Demain (aujourd’hui NDLR), ce sera l’occasion de le faire jouer, » a annoncé Lucien Favre lors de la conférence de presse qui précédait la réception de Krasnodar. La blessure au poignet de Mouez Hassen l’ayant propulsé au rang de numéro 2 dans la hiérarchie des portiers - devant Simon Pouplin -, Walter Benitez fêtera ses grands débuts en Ligue Europa après de bonnes séances d’entraînement et deux rencontres en CFA, dont un clean-sheet à domicile face à Montpellier (1-0) et un déplacement plus difficile à Marignane (défaite 3-0).
Présence aérienne et jeu au pied pour atouts
« Il a beaucoup progressé depuis son arrivée, analysait pour sa part Mathieu Bodmer. Il sortait d’une longue blessure, il a changé de pays, de culture... Il avait un peu de mal au début, mais depuis quelques semaines, on voit toutes ses qualités. C’est un gardien costaud physiquement, avec un très bon jeu au pied et une présence dans les
airs. Il travaille beaucoup avec Lionel (Letizi), c’est bien qu’il ait un peu de temps de jeu. »
Recruté en janvier dernier, l’Argentin a dû attendre l’intersaison pour porter la tenue du Gym. Mais par pour s’acclimater à sa nouvelle vie en Europe. « Sérieux, volontaire et appliqué »
à l’entraînement selon Letizi, Walter Benitez a mis les mêmes ingrédients dans son apprentissage du français. Dès sa première conférence de presse improvisée en août dernier, le gardien s’est exprimé dans la languede-Molière. « Sa femme parle très bien français aussi », nous a-t-on également confié en interne pour imager les efforts consentis par le couple au cours de leur installation. Après Civelli, Monzon et Cvitanich - trois anciens Aiglons qu’il a cités lorsqu’on lui a demandé s’il connaissait des compatriotes passés par le Gym- Walter Benitez réalise « un rêve » en rejoignant l’Hexagone.
« Jouer en Europe, c’est le rêve de tout joueur sud-américain, avait-il avoué peu après son arrivée. J’ai regardé des vidéos de matchs de la saison dernière sur Youtube pour connaître un peu mieux le club. J’ai vu de bons joueurs, un beau jeu pratiqué, ça m’a beaucoup plu. » Au prix d’une petite cinquantaine de rencontres disputées en deux ans et de solides réflexes sur sa ligne, Walter Benitez s’est construit une certaine cote dans son pays natal. Mais les grands clubs locaux comme River ou Boca privilégieraient plutôt la formation à ce poste, et l’Europe semblait alors lameilleure destinationpour ce jeune portier qui aurait pu participer aux derniers Jeux Olympiques s’il n’avait pas été blessé. Remarqué sur des vidéos de recru-
teurs, Benitez a convaincu Lionel Letizi. « C’est un gardien moderne, qui prend de la place dans les buts. Il faudra du travail et du temps, mais il a un gros potentiel, » a promis le coach des gardiens, qui a profité de l’été pour bosser son espagnol. Décrit par Mathieu Bodmer comme « très simple, très gentil et toujours souriant » à l’intérieur du vestiaire, le Sud-Américain a pu également compter sur les notions d’espagnol de Malang Sarr et Philippe Boulon, l’un des kinés, pour faciliter son intégration. Ce match sans enjeu face à Krasnodar va lui permettre de prendre ses marques à l’Allianz. Et peut-êtremême de relancer la concurrence à son poste. « Pour le groupe, c’est positif d’avoir plusieurs gardiens de qualité, » a d’ailleurs conclu Bodmer. A Benitez de jouer.