Cnimassure l’étanchéité de l’archede Tchernobyl
Elle doit désormais garantir l’étanchéité du site pendant cent ans. Éviter toute fuite de particules radioactives provenant du réacteur n°4, gravement endommagé le 26 avril 1986, lors de la plus importante catastrophe nucléairemondiale. La semaine dernière, en Ukraine, la nouvelle cloche qui enveloppe la centrale de Tchernobyl, et dans laquelle se trouvent toujours 200 tonnes d’uranium, a été inaugurée. Ce sarcophage, conçu par la société Novarka, une coentreprise des géants français du BTP Vinci et Bouygues, recouvre ellemême une ancienne enceinte de confinement construite dans l’urgence par les Soviétiques, il y a trente ans. Plus inattendu, le groupe Cnim, implanté à La Seyne (Var), a largement participé àcette impressionnante réalisation, dans le cadre d’un contrat remporté fin 2014, mais resté relativement confidentiel depuis
Un nouvel atelier à Lagoubran
« Le groupe a fabriqué la membrane en polyuréthane du nouveau confinement, explique aujourd’hui l’entreprise. Soit le « joint » qui connectera la structuremétallique flambant neuve au vieux sarcophage du réacteur détruit, afin de rendre l’ensemble totalement étanche. « Cette membrane allie souplesse, résistance en cas de tornade, résistance aux écarts de température et non propagation de déchirure. Plusieurs mois de recherche ont été nécessaires afin de répondre à ces importantes exigences. » Résultat: des dimensions hors normes (1,5 mètre de large sur2 kmde long) et un produit capable de s’allonger de 55 % pour mieux résister à des vents pouvant
aller jusqu’à 300 km/h, intégrant aussi un système « innovant » permettant de bloquer la propagation d’une éventuelle fissure. « Après les tests de qualification, finalisés en avril 2016, nous nous sommes attaqués au défi technique de la fabrication série, poursuit Dominique Maillot, chef du projet. Un défi de premier ordre car il s’agissait de produire en quelques semaines les 2000 mètres demembrane, en respectant strictement tous les critères de qualité: épaisseur, qualité de la matière, aspect… » Autre « belle victoire » pour les ingénieurs de Cnim, le fait d’êtreparvenu à « simuler par calcul le comportement de la membrane. » Ludovic Vandendriesche, directeur des activités nucléaires, ajoute ainsi qu’il a fallu « réaliser un programme complet de tests de vieillissement et d’irradiation sur les matériaux, afin de garantir leurs performances ». Pour affronter la complexité d’un tel chantier, Cnim a même dû construireunnouvel atelier, entièrement robotisé, sur son site de Lagoubran. Jusqu’à la mi-décembre, y seront d’ailleurs encore fabriqués des segments de la membrane, de
16 mètres de long chacun, pièces uniques adaptées à la géométrie exacte du sarcophage et de l’arche. Novarka devrait avoir achevé leur mise en place sur la structure d’ici avril prochain. Car si l’ouvrage a bien déjà été inauguré en grande pompe, des travaux complémentaires doivent encores’y dérouler toute l’année 2017. Pour Philippe Lazare, directeur général de la division Cnim Systèmes industriels, « la membrane conçue pour Tchernobyl constitue une nouvelle preuve du savoir-faire des équipes Cnim et de la qualité de l’outil industriel du groupe, adapté aux projets de grande envergure. » Rappelons en effet qu’au rang des défis technologiques exigeants, toujours dans le domaine du nucléaire, c’est peu dire que Cnim en connaît un rayon. L’entreprise peut ainsi se targuer de participer aux projets Iter, Laser Mégajoule, aux équipements pour les centrales EPR nouvelle génération ou encore aux systèmes de lancement des missiles nucléairesdes sous-marins.