Un Front de moins en moins uni
« Au sein du FN, beaucoup reprochent à Florian Philippot ses orientations plus à gauche que celles de Marine Le Pen. »
Il y aura un jour, avait prédit Jean-Marie Le Pen, une tensionmajeureentreMarine et Florian Philippot. Raté: ce n’est pas avec la présidente du FN, Marine, mais avec sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, que les relations du vice-président du FN se sont carrément détériorées. Elles n’ont, certes, jamais été excellentes. Depuis longtemps, la position de la députée FN du Vaucluse sur l’avortement, auquel elle ne cesse de réaffirmer son hostilité, est dénoncée par l’état-major du Front national comme archaïque, et même tout simplement ringarde. Inutile en tout cas. Traçant sa route, tentant même de se démarquer, par petits coups, de la direction de son mouvement, Marion Maréchal-Le Penest allée plus loin la semaine dernière en s’opposant publiquement au remboursement intégral de l’IVG. Le recadrage par Marine Le Penn’a pas traîné. Il n’y aura, selon elle de modification « ni du périmètre,
ni de l’accès, ni du remboursement de l’IVG » . Et, pour que sa nièce la comprenne mieux, Florian Philippot, son bras droit, a retoqué sans ménagement quelques jours plus tard la proposition de Marion MaréchalLe Pen, qualifiée de « personne seule et isolée »
au FN. Marion Maréchal a simplement fait remarquer, visage fermé, qu’au dernier congrès de son mouvement, elle avait recueilli le plus grand nombre de voix des cadres et des militants du parti. Seule? Pas tellement, en effet. La mauvaise humeur exprimée par Florian Philippot, la réaction épidermique de Marion Maréchal-Le Pen cachent des frictions plus importantes. Au sein du FN, beaucoup reprochent à Florian Philippot, qui se vante d’avoir appartenu, autrefois, à l’équipe de Jean-Pierre Chevènement, ses orientations plus à gauche que celles de Marine Le Pen. D’autant que celui qui est aujourd’hui le vice-président du FN aime bien parfois la provocation. Le novembre, empêché par quelques étudiants de Sciences Po de se rendre dans la salle où devait se tenir sa conférence, Florian Philippot avait ainsi entonné, face à ceux qui lui interdisaient l’entrée, le chant révolutionnaire L’Internationale. Bigre! Chanter l’air préféré des communistes et de l’extrême gauche à Sciences Po, voilà qui est apparu comme excessif à de nombreux militants. Ce pourrait paraître secondaire. Ce qui ne l’est pas, en revanche, c’est la réaction de Marine Le Pen à la candidature de François Fillon. La présidente du FN a choisi d’attaquer François Fillon sur son « ultralibéralisme » , de critiquer les réformes qu’il propose sur la Sécurité sociale, de se mobiliser en faveur de la retraite à ans, au moment où le candidat des Républicains parle de ans en . Endisant que sa vision était, en matière économique et sociale,
« le négatif » de celui du candidat républicain, Marine Le Penprend le risque de se déporter vers la gauche. Deux lignes au FN? C’est peut- être unpeu tôt pour le dire. EntreMarion et Marine, pourtant la compétition est engagée.