Nice: il cracheet tire sur un cycliste qui circulait sur le trottoir

Gérard Ferrara, 56 ans, sans profession, ne supporte pas les Niçois qui empruntent les trottoirs à vélo. Vendredi, à 7 heures du matin, son sang n’a fait qu’un tour à la vue de Loïc, 23 ans, qui pédalait encoremal réveillé, vers son lieu de travail. Il circulait lentement sur le trottoir, boulevard de la République, le long du tramway, près de la place Garibaldi. Gérard Ferrara s’est raclé la gorge, a d’abord craché sur le jeune homme, histoire de lui apprendre le code de la route à défaut de lui donner une leçon de savoir-vivre. Quand Loïc, interloqué, s’est approché pour avoir une explication, l’individu a sorti une arme et a tiré sans sommation dans le visage. « Je ne veux plus te voir par ici » , a prévenu le tireur. Un projectile en caoutchouc a ouvert le menton de Loïc. Le piéton irascible a rapidement été interpellé par la police. Il avait sur lui deux gazeuses, un couteau et un pistolet d’alarme. Après sa garde à vue, le prévenu a été jugé hier en comparution immédiate. Loïc, impressionnant pansement sur son visage, n’est pas suffisamment remis de ses émotions pour chiffrer son préjudice. L’audience sur les intérêts civils a été reportée. En revanche, il souhaite que son agresseur soit condamné. « A l’hôpital ils m’ont dit que j’avais eu beaucoup de chance: au-dessus c’était les yeux, en dessous c’était la gorge. » Le canon était si près que la poudre lui a brûlé le visage.

Ame d’un justicier

Gérard Ferrara est inquiétant, il a du mal à se justifier et présente ses regrets. « Vous faites le justicier Monsieur », résume le président David Hill qui note, dans le passé du prévenu, une précédente condamnation pour port d’arme en Italie. « J’étais exaspéré » , explique l’étrange prévenu. « Vous n’êtes pas chargé de faire la loi Monsieur » , rappelle posément le président. Certes, le jeune homme aurait pu être verbalisé d’une contravention, mais rien ne justifie l’usage d’une arme, admet Me Arnould, l’avocat du prévenu. Pour se balader tôt le matin avec des armes? « J’ai déjà été agressé, je ne me sens pas tranquille », répond Gérard Ferrara. A son domicile une 22 Long rifle avec cartouche engagée dans la culasse a été découverte lors de la perquisition. Le tribunal suivra les réquisitions du procureur Alain Octuvon-Basile: il a condamné le prévenu à un an de prison dont huit mois avec sursis et deux ans de mise à l’épreuve. L’individu est maintenu en détention. Il devra se soigner, indemniser la victime et figurera au fichier national des interdits d’armes.