Monaco-Matin

« Un super feeling avec Johann »

Sitôt la saison 2016 finie, le team varois Yamaha-Tech3 a entamé son nouveau défi. Comment Johann Zarco aborde-t-il le virage de la catégorie reine ? Réponse du patron,

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Hervé Poncharal, en s’invitant dans le top  du championna­t  derrière les équipes officielle­s Yamaha, Honda, Ducati et Suzuki, Tech a conservé sa place de meilleur team satellite. Mission accomplie ? Sur le papier, oui. L’un de nos principaux objectifs, en début de saison, comme d’habitude, c’était de garder l’avantage chez les indépendan­ts. Voilà, on l’a atteint. Mais, bon, soyons honnête : cet exercice ne figurera pas dans les annales. Par rapport à , je reste un brin sur ma faim car le bilan ne comprend aucun podium. Que ce soit Pol (Espargaro) ou Bradley (Smith), d’un bout à l’autre, on a été plus « épicier » que réellement performant.

Vos pilotes se sont l’un et l’autre engagés assez tôt avec KTM pour . Peuton dire qu’ils avaient la tête ailleurs ? Bradley a signé son contrat au printemps, avant même le premier GP, comme Rossi sa prolongati­on avec Yamaha. Il sortait d’une très belle campagne . Pour reprendre une expression à la mode en politique, je Hervé Poncharal : « Johann (Zarco) pense que notre Yamaha, exploitée à  %, peut lui permettre de trouver le chemin du podium dès . J’aime son envie folle de réussir. »

pense qu’il avait atteint son plafond de verre. Là, s’il est arrivé à se relever après quatre premières échéances compliquée­s, sa chute cet été aux  Heures d’Oschersleb­en lui a fait manquer quatre courses. Une coupure difficile à digérer pour lui et dure à encaisser pour nous. Pol, de son côté, a bifurqué lorsque l’espoir de prendre la succession de Lorenzo chez Yam’ s’est évanoui. Le recrutemen­t de Viñales, ce fut comme un coup de massue. Malgré tout, il termine  aux Pays-Bas,  en France, en Catalogne et en Australie, à Phillip Island où il s’élance de la première ligne. Au final, pas question de pointer du doigt leur degré d’implicatio­n puisque ce sont deux grands pros. En fait, il s’agissait juste de la fin d’un cycle. Chez KTM,

ils vont entamer un nouveau challenge avec un autre statut, plus de moyens. Nous nous sommes quittés en très bons termes et je leur souhaite de tout coeur de réussir. Voir les Honda privées de Jack Miller et Cal Crutchlowg­agner trois courses, ça vous a un peu agacé, non ? En République Tchéque, j’avoue qu’on a loupé le coche en choisissan­t de démarrer avec des gommes tendres, comme tous les « top guns ». Compte tenu du contexte météo, il aurait

fallu se montrer plus audacieux. Nos Yamaha avaient le même potentiel que la Honda de Cal. En Australie, en revanche, il a été plus fort que Pol. Pareil à Assen pour Jack, un pilote en état de grâce ce jour-là. Vraiment intouchabl­e !

Aujourd’hui, la page est tournée. Quel regard portez-vous sur les premiers pas en MotoGP de votre recrue vedette ? Connaissan­t bien Johann Zarco et son manager, Laurent Fellon, je n’avais pas trop de doutes quant au bon déroulemen­t de son intégratio­n. Les premiers essais accomplis à Valencia puis à Sepang m’ont conforté dans l’idée que nous sommes branchés sur la même longueur d’onde. Ames yeux, Johann n’arrive

pas dans la peau d’un jeune ayant tout à prouver. C’est un double champion du monde Moto qui débarque chez nous. Si vous lui demandez de jeter sa méthode de travail à la poubelle pour adopter la vôtre, vous allez dans le mur. Le binôme JohannLaur­ent a donc pris place naturellem­ent au sein de l’équipe. Ils fonctionne­nt ensemble comme ils en ont l’habitude. Résultat : un apprentiss­age d’emblée très positif en Espagne, où il finit à une seconde du temps de référence et à ’’ de Rossi. Sans chute. Même progressio­n et même bilan en Malaisie. En cadence course, avec des pneus usés, il fait déjà rimer performanc­e avec constance. Les tours se suivent et les chronos se ressemblen­t. Impression­nant ! Absolument. Ils sont faits pour s’entendre. Contrairem­ent à la plupart de ses pairs, Johann n’est pas un pilote « blingbling ». Il fuit le star system, n’a pas besoin des réseaux sociaux pour exister. Quelque part, Guy possède la même mentalité un peu old school, les pieds sur terre. Je me souviens d’ailleurs que Laurent et Johann m’avaient demandé de travailler avec lui dès nos premières discussion­s...

La France attend depuis toujours un pilote capable de tutoyer les étoiles dans la catégorie reine ? Sera-til celui-là ? Ne comptez pas sur moi pour fanfaronne­r en promettant monts et merveilles. Ce que je peux diremainte­nant, c’est que j’ai un super feeling avec Johann. J’aime son approche raisonnée, très saine, et son envie folle de réussir. Il pense que notre Yamaha, exploitée à  %, peut lui permettre de trouver le chemin du podium dès . Et de se battre pour finir meilleur débutant, bien sûr. Certains signes révélateur­s, des petits détails, me font penser en effet que l’on figure peut- être à l’orée d’une belle aventure. De là à imaginer qu’il ira plus haut, plus loin qu’un Christian Sarron ou un Olivier Jacque... L’avenir le dira.

Nous sommes sur la même longueur d’onde ”

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(Photos DR) Guy Coulon, c’est l’ingénieur qu’il lui faut ?

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