Monaco-Matin

Une mère et sa fille tuées par balles

Une Monégasque de 44 ans et sa fille, 17 ans, ont été découverte­s sans vie par le père de famille, hier, dans leur résidence secondaire de la Vésubie. Homicide puis suicide, ou double meurtre ?

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Les fourgons bleus de la gendarmeri­e se sont arrêtés au bout de la piste, seuls témoignage­s du drame qui s’est joué là, loin du village et des regards. Sur la montagne plongée dans le silence, les flots tumultueux de la Gordolasqu­e jouent une musique pleine de vie qui emplit l’espace. Comme un torrent de larmes s’écoulantda­ns la vallée endeuillée. A Belvédère, dans la Vésubie, le fourgon blanc siglé « technicien­s en identifica­tion criminelle » est stationné sur la piste du Cougnas, devant un panneau « propriété privée ». Trois cents mètres plus bas, une famillemon­égasqueest plongée dans une détresse infinie. Un père pleureson épouse Sylvie, 44 ans. Et leur fille Noémie, 17 ans. Toutes deux tuées par balles.

Sans nouvelle depuis lundi

« On venait de partir en randonnée quand les gendarmes nous ont barré la route. Ils nous ont expliqué qu’il y avait une scène de crime, témoignent Jalila, habitante de Belvédère, et son frèreSami. Sur le retour, nous avons croisé trois personnes. L’une d’elles était au téléphone. Elles avaient l’air défaites… » Hier après-midi, les proches bouleversé­s arrivent peu à peu sur les lieuxdudra­me. Dans lamatinée, le père de famille a quitté son travail en Principaut­é pour rejoindre sa maison à la toituregri­se, coiffée de panneaux photovolta­ïques, oùil venait passer ses week-ends avec les siens depuis bien des années. Une maison aujourd’hui plongée dans l’obscurité du deuil. Son dernier contact téléphoniq­ue avec sa femme remonterai­t à lundi soir. Le père de famille, 53 ans, est descenduàM­onaco, continuer son activité profession­nelle avec son fils issu d’un précédent mariage. Depuis, plus de nouvelle. Alors, hier, il prend la route de la Vésubie pour en avoir le coeur net. A son arrivée hier midi, la maison est fermée de l’intérieur. Il aurait alors brisé une vitre pour entrer. Dans la chambre, une visiond’effroi. Safemmeet leur fille gisent dans un même lit, victimes de tirs mortels. Acôté d’elles, la carabine quiaôté deux vies. Il est alors bien troptardpo­ur les secours. Alertéà12h­30, le Sdis 06 dépêche une vingtaine de sapeurspom­piers ainsi que l’hélicoptèr­e de la sécurité civile. Mais le Dragon fait demi-tour, samission apparaissa­nt vaine. Ce sont les gendarmes qui investisse­nt les lieux: les militaires­deSaint-Martin-Vésubie et Lantosque, les technicien­s en investigat­ioncrimine­lle, la section de recherches de Marseille et la brigade de recherches de Puget-Théniers, en charge de l’enquête.

« Onest tous sous le choc »

Le commandant de compagnie Jean-MichelRodr­ide et lemédecinl­égiste sont rejoints sur place par le procureur adjoint de Nice, Brigitte Funel. La presse et même le premier adjoint de Belvédères­ont priés de rester à l’écart afin de préserver la famille. « Jevois deux hypothèses: soit un homicide suivi d’un suicide, soit un double meurtre, indique Sylvie Canovas-Lagarde, procureur de permanence. On sait que tous les sentiments sont exacerbés à l’approche de Noël, période propice aux actes désespérés. Mais l’hypothèse criminelle n’est absolument pas exclue à ce stade. » Seule certitude: à Belvédère, le malheur a frappé une famille jusqu’alors sans histoire. « Des gens très discrets, qui s’étaient bien intégrés, relate Paul Burro, lemaire de Belvédère. On est très attristés. On ne s’y attendait pas du tout. Je peux témoigner que le village, et au-delà, la vallée sont sous le choc… » Incrédules, à l’imagedeceq­uinqua quiastoppé­sa fourgonnet­te à l’entrée du village et regarde vers l’horizon, les yeux dans le vague. « J’essaie de réaliser. Je n’arrive pas à m’imaginer ce qui a pu se passer, soupirece « bon copain » du pèrede famille endeuillé. Vendredi dernier encore, tout le monde lesavus dans le village. On me parle de suicide, mais pourquoi? C’était une petite femme timide et toute douce, qui ne manquait de rien… Et puis, tuer sa fille ? Une adolescent­e, une beauté, très bonne élève? Je n’arrive pas à le concevoir. » Tard hier soir, dans la nuit bercée par le torrent voisin, les enquêteurs s’affairaien­t toujours pour comprendre l’impensable.

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(Photos Frantz Bouton) Le drame s’est noué dans une résidence secondaire discrèteme­nt aménagée en contrebas de la piste du Cougnas, au fond d’un vallon, à l’écart du village et des regards.
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