Une mère et sa fille tuées par balles
Une Monégasque de 44 ans et sa fille, 17 ans, ont été découvertes sans vie par le père de famille, hier, dans leur résidence secondaire de la Vésubie. Homicide puis suicide, ou double meurtre ?
Les fourgons bleus de la gendarmerie se sont arrêtés au bout de la piste, seuls témoignages du drame qui s’est joué là, loin du village et des regards. Sur la montagne plongée dans le silence, les flots tumultueux de la Gordolasque jouent une musique pleine de vie qui emplit l’espace. Comme un torrent de larmes s’écoulantdans la vallée endeuillée. A Belvédère, dans la Vésubie, le fourgon blanc siglé « techniciens en identification criminelle » est stationné sur la piste du Cougnas, devant un panneau « propriété privée ». Trois cents mètres plus bas, une famillemonégasqueest plongée dans une détresse infinie. Un père pleureson épouse Sylvie, 44 ans. Et leur fille Noémie, 17 ans. Toutes deux tuées par balles.
Sans nouvelle depuis lundi
« On venait de partir en randonnée quand les gendarmes nous ont barré la route. Ils nous ont expliqué qu’il y avait une scène de crime, témoignent Jalila, habitante de Belvédère, et son frèreSami. Sur le retour, nous avons croisé trois personnes. L’une d’elles était au téléphone. Elles avaient l’air défaites… » Hier après-midi, les proches bouleversés arrivent peu à peu sur les lieuxdudrame. Dans lamatinée, le père de famille a quitté son travail en Principauté pour rejoindre sa maison à la toituregrise, coiffée de panneaux photovoltaïques, oùil venait passer ses week-ends avec les siens depuis bien des années. Une maison aujourd’hui plongée dans l’obscurité du deuil. Son dernier contact téléphonique avec sa femme remonterait à lundi soir. Le père de famille, 53 ans, est descenduàMonaco, continuer son activité professionnelle avec son fils issu d’un précédent mariage. Depuis, plus de nouvelle. Alors, hier, il prend la route de la Vésubie pour en avoir le coeur net. A son arrivée hier midi, la maison est fermée de l’intérieur. Il aurait alors brisé une vitre pour entrer. Dans la chambre, une visiond’effroi. Safemmeet leur fille gisent dans un même lit, victimes de tirs mortels. Acôté d’elles, la carabine quiaôté deux vies. Il est alors bien troptardpour les secours. Alertéà12h30, le Sdis 06 dépêche une vingtaine de sapeurspompiers ainsi que l’hélicoptère de la sécurité civile. Mais le Dragon fait demi-tour, samission apparaissant vaine. Ce sont les gendarmes qui investissent les lieux: les militairesdeSaint-Martin-Vésubie et Lantosque, les techniciens en investigationcriminelle, la section de recherches de Marseille et la brigade de recherches de Puget-Théniers, en charge de l’enquête.
« Onest tous sous le choc »
Le commandant de compagnie Jean-MichelRodride et lemédecinlégiste sont rejoints sur place par le procureur adjoint de Nice, Brigitte Funel. La presse et même le premier adjoint de Belvédèresont priés de rester à l’écart afin de préserver la famille. « Jevois deux hypothèses: soit un homicide suivi d’un suicide, soit un double meurtre, indique Sylvie Canovas-Lagarde, procureur de permanence. On sait que tous les sentiments sont exacerbés à l’approche de Noël, période propice aux actes désespérés. Mais l’hypothèse criminelle n’est absolument pas exclue à ce stade. » Seule certitude: à Belvédère, le malheur a frappé une famille jusqu’alors sans histoire. « Des gens très discrets, qui s’étaient bien intégrés, relate Paul Burro, lemaire de Belvédère. On est très attristés. On ne s’y attendait pas du tout. Je peux témoigner que le village, et au-delà, la vallée sont sous le choc… » Incrédules, à l’imagedecequinqua quiastoppésa fourgonnette à l’entrée du village et regarde vers l’horizon, les yeux dans le vague. « J’essaie de réaliser. Je n’arrive pas à m’imaginer ce qui a pu se passer, soupirece « bon copain » du pèrede famille endeuillé. Vendredi dernier encore, tout le monde lesavus dans le village. On me parle de suicide, mais pourquoi? C’était une petite femme timide et toute douce, qui ne manquait de rien… Et puis, tuer sa fille ? Une adolescente, une beauté, très bonne élève? Je n’arrive pas à le concevoir. » Tard hier soir, dans la nuit bercée par le torrent voisin, les enquêteurs s’affairaient toujours pour comprendre l’impensable.