Monaco-Matin

Trente places de plus en faculté de médecine

Après des années de vache maigre, la Faculté de Nice se voit enfin octroyer 30 places supplément­aires en médecine. Une réponse aux besoins de santé du territoire

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Plus 30 places. Inespéré. Inédit. » Le Pr Patrick Baqué, doyen de la Faculté de Médecine de Nice, pourtant mobilisé depuis des années pour obtenir cette augmentati­on du numerus clausus, a encore du mal à y croire. La faculté niçoise, parent pauvre du numerus clausus avec quelques 127 places dans la filièreméd­ecinepour près de 1350 inscrits – soit le taux de réussite le plus serré de France – a obtenu du ministère la plus haute forte hausse de ce précieux sésame pour tous ceux qui rêvent d’une carrière médicale. De quoi se réjouir, même si l’annonce reste officieuse. L’arrêté devrait être publié prochainem­ent au Journal Officiel. « Le numerus clausus est décidé de façon arbitraire. La démographi­e médicale étant très élevée sur laCôte d’Azur, on considérai­t que les besoins en santé étaient largement satisfaits. En réalité, quand on regarde la situation de plus près, il apparaît que moins de 50% des médecins qui exercent dans la ré- gion ont été formés ici. Un quart d’entre eux viennent d’autres université­s françaises, le dernier quart étant composé de médecins formés dans d’autres pays de l’Union Européenne ou hors Union. » En d’autres termes, la faculté de médecine ne parvient pas aujourd’hui à répondre aux besoins de santé croissants. « La popu- lation sur le territoire progresse en nombre et surtout elle vieillit » , justifie le doyen de la faculté demédecine.

Situation tendue encore quelques années

Si l’heure est à la réjouissan­ce, la situation risque néanmoins de rester tendue pendant quelques années encore. La pyramide des âges des médecins démontre en effet que des départs à la retraite massifs ont commencé et vont s’accentuer dans les prochaines années. « Comme il faut dix ans pour former un médecin, on devra attendre autant de temps pour mesurer l’impact de l’augmentati­on du numerus clausus. » Mais, pour le Pr Baqué, cette décision vient déjà réparer une injustice. « Les bacheliers azuréens étaient sévèrement pénalisés par rapport aux étudiants d’autres université­s. Le premier collé au concours avait cette année 12,7 de moyenne! On recale ainsi de bons élèves sans raison! » L’augmentati­on du numerus clausus devrait provoquer un appel d’air; bien que longues et semées d’embûches, les études médicales sont chaque année choisies par un nombre croissant de jeunes bacheliers, venus de toutes les filières (la loi interdit toute sélection à l’entrée). Et si certains y renonçaien­t, d’emblée découragés par le caractère impitoyabl­e du concours d’entrée en 2e année, cette embellie pourrait regonfler leurs espoirs. À moins que les plaintes des profession­nels en exercice et leur mobilisati­on pour dénoncer des conditions d’exercice détériorée­s ne finissent par entamer leur vocation.

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(Photo François Vignola)  étudiants supplément­aires seront admis au concours d’entrée en deuxième année de médecine à la faculté de Nice.

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