Conseil de l’ordre : « À terme, une autorégulation des installations »
Le Dr Jacqueline Rossant-Lumbroso est présidente du conseil de l’ordre des médecins des Alpes-Maritimes. Le Dr Stephan Louis en est le secrétaire général.
Comment expliquer que les besoins de santé ne sont aujourd’hui plus satisfaits dans certaines zones du moyen et haut pays, mais aussi de plus en plus sur le littoral?
Stéphan Louis: La féminisation croissante de la profession participe à l’explication. Les femmes ont des exigences différentes de leurs aînés. Elles ne veulent plus sacrifier leur vie de famille. Mais, plus globalement, c’est la société toute entière qui a évolué. Les jeunesmédecins n’acceptent pas de travailler / heures par semaine, de répondre au téléphone la nuit, le week- end, comme le faisaient les générations précédentes. Jacqueline Rossant-Lumbroso: Pour les jeunes générations, les heures correspondent à des horaires de travail acceptables, normaux. Les jeunes n’ont pas envie de mener la vie de leurs aînés. Ils réclament des conditions de travail sinon identiques, dumoins proches, de celles d’autres professions. Le modèle dumédecin seul dans son cabinet disponible à toute heure ne les intéresse pas. À tout cela s’ajoute le fait que le mondemédical libéral est dévalorisé et soumis à diverses pressions.
La permanence de soins reste-t-elle néanmoins assurée aujourd’hui dans les Alpes-Maritimes?
Oui, la demande urgente et semiurgente est couverte, y compris dans le haut pays grâce à la présence du Samu, des pompiers. En revanche, sur le plan libéral, il est possible que l’ensemble du territoire ne soit bientôt plus couvert. Beaucoup de médecins qui partent – ou souhaitent partir – en retraite ne trouvent pas de remplaçants.
L’augmentation du numerus clausus saura-t-elle résoudre les problèmes liés à la désaffection des jeunes médecins vis-à-vis de l’exercice libéral?
Jacqueline Rossant-Lumbroso: Oui, dans lamesure où le nombre de nouveaux médecins formés va logiquement croître. De ce fait, il y aura une autorégulation, en termes d’installation. Les jeunes vont exercer là où il y a des besoins non pourvus. Stéphan Louis: Ces dernières années, il y a eu une forte demande de médecins salariés et d’hospitaliers. Le renouvellement générationnel touche à son terme donc les nouveaux diplômés vont aller naturellement vers le libéral, là où il y a de la place.